mercredi 28 mai 2008

Foin des luttes

demain partance pour V.

A se surprendre soi-même
pour bien se faire comprendre
pour bien se faire expliquer
pour bien voir de mes yeux voir
pour sentir de mon cœur sentir

ce soir ciel de nuit jamais noire
19 °

demain partance pour V.
et demain retour

le cycle
Des pages et des pages d'explication en écriture serrée. Suspense du positionnement final - genre assumer la décision déjà prise, l'acte posé. Revendiquer la lâcheté, en toutes lettres.

Une lettre qui parle d'amour - ou je n'y comprends rien
de peurs et de doutes tranchés arbitrairement
c'est dit : tranché sans savoir
si vraiment l'avenir serait aussi pourri qu'il est craint

prise de conscience de l'implacable mécanique
de répétition

tout ça pour dire à la fin
la même chose
"reprends ton chemin"
parce que c'est trop tard

regarde le carnage il me dit
regarde, je t'aime oui oui
mais bon maintenant on a raté on a raté
oh ben tu vas t'en remettre, regarde je t'écris exprès pour ça.

regarde le carnage.
peut-être que oui
c'est trop tard
peut-être que la construction de cet amour même est bancale

mais voilà, merde, on s'arrête avant de commencer
trop facile
trop facile
de me laisser tomber justement là

et de dire ah ben je me rends bien compte mais c'est trop tard
n'importe quoi cette paresse
ces prétextes pourris

fais chier j'ai pas envie d'être raisonnable
j'ai pas envie de me dire c'est mieux comme ça

j'ai pas envie d'avoir un deuil à faire
j'ai pas envie de le perdre
j'ai pas envie d'être seule
j'ai pas envie de repartir encore ou de m'adapter
j'ai pas envie de me dire que je l'ai aimé parce qu'il m'échappait lui aussi
j'ai pas envie de me dire que j'aurais pu le prévoir
j'ai pas envie de me dire que c'est fini
j'ai pas envie que ce soit fini
j'ai pas envie qu'il ait raison et que si on reprend ce soit le même déséquilibre entre absences et attentes
j'ai pas envie que celui que j'aime soit quelqu'un avec qui l'amour est impossible
j'ai pas envie qu'on renonce à cause de ce qui n'est pas l'amour
j'ai pas envie que l'amour meure
j'ai pas envie de me dire qu'il prétend m'aimer mais qu'il ne m'aime pas assez sinon il aurait surmonté

mardi 27 mai 2008

Alors

foncer
recréer une trajectoire, enfin, l'infléchir

une goutte de pluie sur le carton à pâtisserie, scène ringarde de goûters d'enfants

avancer

l'é-temps-due devant moi obligations remplies

foncer
taper à toutes les portes pour rester ici
pour rien
pour faire du destin un choix quand toutes les alternatives paraîtront déplaisantes

et puis à la fin
ayant sauvé les apparences
les miennes

en fréquentant un autre homme en cinq minutes
en freinant des quatre fers
en luttant pied à pied
le blues s'atténue

baisser la garde
les traces de l'amour refont surface

je l'aime
putain

n'oublie pas :
les actes

et son silence

mardi 20 mai 2008

Mais j'ai peur, j'ai peur

du monstre construit de mes propres mains

encore un départ

putain

je veux l'harmonie, les amis, la simplicité,
je veux projeter un avenir rassurant
où l'amour ne serait pas un vertige au bord d'un gouffre

Monde d'im-possibilités

Les mouches qui se jettent contre les vitres
jamais brisées

écran violent
des désirs qu'on s'interdit

les coutures craquent

je ne peux me faire croire à rien
même en faisant l'amour avec un autre homme
cœurs brisés

rencontre d'entre-deux mers
consolation aux écueils aiguisés
c'est au premier qui replongera vers son fantôme

enfin le mince message du désarroi ranime la voix aphone depuis des jours
en pleine fuite au monde des impossibles

qu'espérer

sinon le sens et le courage de s'arracher au mauvais sort

je suis le passeur des oiseaux égarés
leur rendre des ailes

je suis le passeur condamné à errer
d'une rive à l'autre

où jamais je ne débarque
laissez-moi débarquer

jeudi 15 mai 2008

messages sans fil

1) un peu de vie et d'humour filtre à travers la douleur, toujours entière et profonde. donne des nouvelles.

je ne me sens pas prête à lui écrire. je ne veux pas perdre le fil pourtant. j'attends de voir à quoi ressembleront plus tard ces deux lignes.

mercredi 14 mai 2008

Tant d'amis qui s'inquiètent, et même mes supérieurs. On veille sur moi.

Ma danseuse m'appelle d'I.
Kit de premiers soins :
- tu suscites de l'amour, tu sais, c'est pour ça que tu es si entourée.
- prends soin de toi, ménage ton estime.
- ne dis pas quel gâchis, tu étais prête, tu t'es respectée. Prépare-toi à espérer pour toi-même, de l'intérieur, ce qui va suivre. Que tu sois en mesure de vouloir complètement, pour toi, ce que tu as décidé : partir. A ce moment-là tu pourras lui parler à nouveau, entière.
- vis la souffrance de l'amour, heureusement qu'on n'est pas d'acier, vis-la.
- tu vas en trouver, du calme, ce n'est pas toujours la même chose, non, une trajectoire à poursuivre, et qui n'est pas finie.
- ce n'est pas à toi de faire un geste, tu en as fait déjà assez, maintenant il y a ton espace de fragilité, il a eu la force de te quitter, il peut bien avoir la force d'appeler pour prendre de tes nouvelles.

merci
ô merci.

ta voix qui m'apporte ta présence
fort

et tes gages d'amour : "je voudrais être là"
je commence à me demander si j'arrive à vous prodiguer autant lors des coups durs

mais vous êtes là
mes chers chers
amis

mardi 13 mai 2008

Un peu plus tard.

Café, thé, paroles alternatives et soudain

je me souviens d'une quête
passionnante

celle d'identifier comment aujourd'hui
chaque histoire se lit en plusieurs versions
et cohabite avec les possibles

arborescence
équivalence des choix
réversibilité
impossibilité de la disparition
recyclage des fantasmes
perméabilité concret/immatériel

il s'en faut toujours d'un cheveu

d'ailleurs c'est pour ça que je suis perplexe
puisque le refus que tu m'opposes je peux le balayer
j'ai déjà fait ça et je saurai comment m'y prendre
et je ne sais pas pourtant si je ne vais pas laisser courir
ou renoncer

peut-être pourtant
existe-t-il encore une autre voie

peut-être est-ce la recherche de cette autre voie-là qui va me redonner du cœur à l'ouvrage
pour vivre : trouver quelque chose à créer
qui soit de la vie même

évidemment
j'aspire à faire des enfants avec l'homme que j'aime
et pour ça je suis prête à inventer une vie pas tracée d'avance

mais là, que faire d'autre
il faut bien se proposer de nouvelles perspectives
intimement je sais qu'il y a une voie pour lui et moi
escarpée sur un flanc de montagne
il me lâche
je peux persévérer

je peux aussi quitter ce sentier périlleux avec amertume
redescendre
pour remonter par une autre pente
où on se rencontrera peut-être
mais plus sûrement on s'y refusera
il sera trop tard

on sera loin

d'où mon amertume à renoncer à la parfaite aventure à vivre aujourd'hui
aujourd'hui mon amour

parce que tu éprouves
une insurmontable difficulté

je pourrais te dire : allez ! courage ! on y va !
mais je suis fondamentalement en jeu aussi
tu me lâches je risque de tomber
la priorité c'est de se rétablir
et peut-être même de te laisser vivre ton truc

- en même temps, je te laisse absolument le vivre, tu passes ton temps à le vivre, on se voit si peu, et je ne te réclame rien d'autre que le peu de temps que tu m'accordes, je te réclame un minimum que tu ne peux même pas (même plus) m'accorder, parce que tu as juste juste peur de t'enfermer, et je ne te demanderais rien que tu serais quand même accablé par le sentiment d'aliénation -

tu sais quoi : tu me retires quelque chose qui n'existe de toute façon pas
tu retires une illusion
un espoir
que je croyais fondé

que je crois toujours fondé

mais je souhaiterais voir notre connivence réelle et sincère et profonde
débarrassée des entraves maladives

je n'arrive jamais à croire que c'est trop tard
c'est trop tard quand on est mort

donc : juste je ne sais pas à quel moment ma vie doit se jouer sur un autre mode
je renouvelle les mêmes démarches et je prends les mêmes claques
disque rayé ou initiation inévitable...

c'est ce que je ne sais pas
dans cette société normative
où l'idéal ce n'est pas ça
et où pourtant tous les codes sont brouillés et où tout est tout le temps à écrire

restent : sentir ce qui est juste
éviter de s'imposer la contradiction à soi-même
s'épargner des années et des années encore de galère

à vouloir foncer dans le gouffre de cet amour-là
qui n'aura peut-être représenté qu'un ticket pour rentrer

et où, une fois de plus, j'aurai révélé à un homme ses propres chemins vers l'accomplissement
et où, une fois de plus, je n'y participerai pas

ingratitude fondamentale
comme s'il n'y avait nulle responsabilité à me quitter

j'aimerais qu'il assume le fait de s'être engagé auprès de moi
(ah... comme c'est étonnant)
j'aimerais qu'il assume que c'est son choix
et que non, je ne serai pas mieux sans lui.
puisque je l'ai choisi et que je pars encore une fois pour lui

mais c'est bien de croire ça qui l'anéantit
et je ne peux pas mentir

et est-ce que je veux d'un type qui se dérobe
en plus

tu m'as dit que tu étais du genre à tout essayer pour que ça marche
et j'ai eu le tort de te croire

oui je pourrais être très en colère
si je ne comprenais pas ce qui se trame malgré toi
si je ne devinais pas quelle culpabilité te pèse déjà à cette heure-ci
et que tu fuis cahin caha dans une activité frénétique

presque : je comprends trop
je ne sais toujours pas si j'accepte

moi, vous savez, je suis trop con, je suis prête à tout accepter
parce que je sais que je tiens fondamentalement le coup
puisque j'ai réussi à échapper aux entraves familiales
puisque ma survie affective s'affirme dans les moments extrêmes
et que le reste fonce comme sur des roulettes

et parce que je l'aime
parce que je l'aime et que l'amour justifie tout
dévouement, courage, résistance à l'orage
espoir renouvelé

j'ai tenu presque six ans comme ça
jamais découragée

la dernière fois j'ai contourné le problème en laissant passer du temps
en deux mois je suis tombée amoureuse d'un autre
follement
j'ai complètement relégué mes intentions de sauvetage du couple aux calendes grecques
dans l'intention espoir illusion
de conquérir le cœur lointain
dont j'étais l'amante provisoire
et qui attend un enfant à présent
(intensité cruciale des moments d'avant l'engagement)
(ingratitude fondamentale)
(courir après les coups de vent)
(Sisyphe)

ensuite, fantasmes, amant, détachement
puis
ce musicien
coup d'éclat
j'ai dit : oui

il abandonne la partie
si je renonce à nous j'en ai pour un temps fou
et ça n'ira peut-être pas mieux après
puisque c'est toujours la même histoire à travers des rencontres différentes

alors que faire
si je vais au charbon
je reconquiers un homme qui chroniquement m'en fera baver
or suis-je là pour jouer les services d'aide aux blessés du cœur

pourtant serait-il complètement absurde de croire qu'il peut m'aimer sereinement
comme il l'a montré en période de confiance

n'est-ce pas le reflet d'un coup dans la confiance
du genre dont on se relève

dois-je laisser tout ça se jouer sans moi
jusqu'à ce qu'il soit en mesure (peut-être) d'assumer et de revenir vers moi
ou : vers une autre

puisqu'il sera trop tard
et qu'il n'oserait pas
pensant qu'il s'est grillé

oui mais
si c'est l'épreuve de l'amour
ma chère
justement
voyons s'il est en mesure
de revenir sur ses pas
alors : ce serait toujours le même schéma con
justement parce que moi-même je paraîtrais moins dangereuse en tant qu'inaccessible

dans tous les cas une patte d'oie entre impasse et sentier escarpé

tu parles d'une aventure

alors, tu vas mieux ?
t'es soulagé ?
ça marche, ton antidote au dilemme, trancher le nœud gordien... ?
foutre en l'air l'amour et les projets ?
couper court au mûrissement des fruits de notre rencontre ?
mettre fin à l'exploration des corps qui nous épanouissait sans aucune ombre au tableau ?

je te le souhaite.
mais je n'y crois absolument pas.
Je suis offusquée que toi, la personne la moins lucide en ce moment sur le sujet, tu puisses décider de mettre fin à quelque chose qui nous concerne tous les deux et qui, à quasiment tous les égards, s'avère prometteur.

Je dénie tout bon sens
à l'idée qu'on n'arrivera pas à trouver notre compte dans une histoire sous prétexte de nos personnalités, de nos attentes et de notre emploi du temps.
Je déteste cette pusillanimité à laquelle tu ne m'avais pas habituée.

Or, exactement dans le même mouvement
je sais
que toutes ces fausses raisons
creusent précisément au même moment
le gouffre des fragiles équilibres
où s'anéantit l'état de grâce

mais
mais

je n'arrive jamais à croire que c'est trop tard
c'est trop tard quand on est mort
13 mai 2008

tenir jusqu'au soir
Fin.

Fuite instantanée.

Il y avait un endroit où fuir, des sapins du soleil autour de la grande et festive assemblée des amis. Juste là, opportunément. Pour revenir et que ce soit moins pire, de s'être pris cette énormité, cette énorme - évidence ? - dans la gueule. Cette énorme impossibilité.

Cette énorme fin de l'incertitude, cette fin de l'espoir, cette fin de l'amour. Quel courage quelle saloperie quelle
à signifier la fin de l'amour

il me l'a signifiée
alors
c'est qu'il ne m'aime pas

mais

tout le monde sait bien que si c'était si simple ce ne

il dit non

il dit non

et tout est là

il a sauté du train où je suis emportée

il y a tout ce qu'on peut y comprendre
ce qu'on a toujours su
en balance avec ce pari

le pari est perdu par abandon

on peut toujours tenter une reprise de volée

sans doute il est trop tôt pour le dire
et moi aussi j'ai peur de tout ce que ça impliquerait
comme dévouement
comme croyance absolue
comme tentatives échevelées
par goût de l'exploit

ou non : bien sûr
par nature de grande amoureuse

jetée sur le carreau
par l'homme même qui est venu me chercher

qui m'a permis d'y croire encore

et qui doute de tout au point de couper là où la chair s'expose
là où c'est jouable illico

comme si c'était la condition de la survie

il dit adieu pour pallier à l'échec annoncé

ça s'appelle la tragédie
c'est nul

c'est aussi nul que le contraire

je n'accepte jamais les ruptures

jamais

d'abord parce que je n'y crois pas
et puis je ne veux pas mourir
disparaître

maintenant je comprends me semble-t-il bien
l'âge et la distance et le principe de réalité
et son métier qui se joue

alors vous pensez
vivre avec moi

ailleurs en plus

avec celle qui si déterminée semble avancer sur des rails
- comme si c'était vrai

comme pour casser sa belle assurance
pour reprendre les rênes dans cette aliénation

et se reprendre avec
reprendre l'amour et l'espoir
et tout foutre en l'air

comme si c'était secondaire
et ça l'est
l'être en jeu vous comprenez
ça va trop vite

alors adieu

démerde-toi ma belle avec ce lot d'inconsolable avenir
il n'y est plus

a-t-il jamais voulu y être

ne m'attends pas

alors forcément moi je n'ai pas le choix

humilité, n'est-ce pas

qu'ai-je fait pour mériter ça
eh bien, se faire croire que ça pourrait marcher
malgré ces putains d'obstacles
de vies et de personnalités
faut être con ou quoi

je ne sais pas résister alors
ça veut dire ça

je comprends/je ne comprends pas

qu'est-ce que ça change à la douleur
qu'est-ce que ça change aux plus intimes projets

qu'est-ce que ça change à tout ce verre brisé
je suis seule
à nouveau

il m'a quittée.

lundi 5 mai 2008

dérobade

Décidément la défaillance demeure...
Tellement évidente.

Revenue des bords du lac où le jour grillait la peau à grand éclat de rochers, de tortues croisées dans les collines aux sentiers effacés.

Le temps du printemps la gaîté comme une valse en terrasse dans la grande ville de France.
En goguette, la larme à l'œil ah!mai 68... alors qu'on s'est embarrassés voilà un an d'un populiste pur jus, un peu schizo tout ça, un peu girouette.

Cette fois les mots de la Toile voguent depuis le cœur africain, chaleur humide de concert -
moi je suis perdue
perdue perdue

comme si je ne savais plus à quoi croire sur cette route que j'ai voulue et que je ne comprends pas.

(presque) tout va bien
mais la foi en suspens dans l'amour même où
comme d'hab
j'ai absurdement jeté toutes mes billes

sachant pourtant que le phénix s'en remettra au fond

toutes mes billes
pourquoi n'y a-t-il que comme ça que je vis

ça me coûte une putain d'énergie
je voudrais
je voudrais

de la stabilité
or je rencontre les bords vertigineux les vents de liberté

parc montsouris en passant j'ai pensé
il y avait des gens lovés dans l'herbe grasse et riante
ça sentait presque l'été
n'étaient les fleurs épanouies en roses tendres aux branches graciles

j'ai pensé
mais ma vieille tu as toujours poussé l'exploration au-delà des réduits
et alors maintenant
assume
pas le choix
la création est à ce prix

sauf que la transition a un goût de pas cuit
comme si j'avais jeté le bébé avec l'eau du bain

qu'est-ce que je me fais chier ici
je ne suis pas moi-même
voilà

où en est la danse
où en est la voix
où en est le montage
où en est l'écrit
où en sont les projets enthousiastes qui entretiennent les grandes amitiés
je suis à Paris et j'ai une vie artistique à néant
quelle absurdité

(presque) tout va bien
et le phénix re

mais je suis perdue perdue
comme un sanglot suspendu
un pantin avachi
une réplique de projet quitté avant d'être accompli

où en est l'amour et où en est l'espoir d'une famille

une famille...

celle qui remplacerait dans ma VIE le carcan que j'ai fui

je cherche du SENS
je cherche
sans