jeudi 31 décembre 2009

Je crèche aux Abesses où la nuit n'est qu'un succédané du jour aux vitres oranges
aux toits gris luisants
le sommet de la tour à une heure cesse d'émettre ses signaux
phare de la mer des toits

brasser tant d'émotions que c'est inutile de mettre en péril le fragile équilibre de funambule
en cherchant à L. une issue

suivre les lignes en mouvement

j'emprunte un chemin balisé par celle qui née au même moment
éprouve un monde sensiblement semblable au mien

Paris ne m'égare pas
ne pas perdre le fil

lundi 28 décembre 2009

décidément
c'est la saison
l'amitié en berne depuis des mois avec le loup
terré
montre son visage conflictuel
à l'heure où je lui apprends que j'ai l'intention de le voir à la capitale
je le sentais distant
il n'est pas prêt à me voir
il me l'avoue enfin
à cause d'un malaise de l'été dont il n'a pas été question depuis

et ensuite il s'agit de se jeter, même si c'est pour deux heures à peine
dans les crocs familiaux
j'étais d'accord, à condition de se voir en petit comité à l'extérieur du huis-clos
mais le compromis est dénoncé
faute d'arrangements pratiques

je reste interdite
bien envie de renoncer au voyage

mais à Paris il y a l'amie sur le point d'être mère
et peut-être faut-il s'exposer à régler les conflits jusqu'alors enterrés

alors je me défie de moi-même
et particulièrement de mon envie
samedi prochain
de prolonger la correspondance entre les deux trains du retour
chez celui qui est venu ici
pour voir s'il me renvoie l'ascenseur

je me mets en garde
qu'est-ce que tu cherches ?
à te mettre en péril ?
à bousculer, à mon propre détriment, encore un qui refuse de se mettre en jeu ?
il faut se laisser tranquille, non ?
à quoi bon cette vision adolescente de la vraie vie ?
- la seule vraie vie, merde
cette lisse torpeur, je suis patiente avec, mais je ne l'approuve pas
on est bien là pour se sortir
tous
du confort émotionnel douteux

il faut vivre des choses ensemble
on a déjà eu le temps de mûrir
on va pas attendre celui d'être mort

vendredi 25 décembre 2009

Souvent savoir les choses avant de vraiment les éprouver
Dans la fatigue festive de la vaisselle post-No-Noël chercher par où saisir
le fil pour dénouer
l'écheveau sensible d'une situation apparemment simple
avec des couches compliquées
mais certainement, finalement,
simple au fond

ne pas confondre l'admiration sincère
l'amitié évidente
l'attirance
avec
l'amour
ni
la vanité en jeu
la conquête à mener
la victoire idéologique à remporter
avec l'amour

paradoxalement, la plus belle preuve de respect que cet homme m'ait donnée
c'est peut-être
de m'avoir proposé l'amitié
parce que je mérite l'amour et qu'il sait
qu'il ne peut pas me le donner
et à la vérité je le sais bien aussi
même si la partie a l'air facile pour lui à ce compte-là
je le sais bien qu'il ne pourra pas me donner ce que mon goût de la vie réclame
j'ai déjà essayé ce genre de trucs
ce n'est pas en lui donnant plus
ce n'est pas en lui échappant
ce n'est pas en le bousculant pour qu'il s'ouvre
pour lui prouver qu'il a tort (même s'il a tort)
qu'un équilibre amoureux pourrait s'instaurer

il l'a dit, et c'est vrai
je suis plus mûre que lui
je ne me retiens pas de vivre l'émotion au cas où ça bousculerait mes projets
la vraie vie

oui tout ça m'a contrariée
mais m'a portée aussi
m'a révélée la beauté de ma vie à moi-même
vent de sincérité, de générosité,
la perméabilité

tu m'as touchée,
ton univers secret
porté en place publique et ouvert dans la foule
ton univers d'inadapté

nous sommes en bonne intelligence et je regrette de ne pouvoir m'en contenter
mais il y a une véritable voie simple
exigeante
pour cette intelligence
oui je veux être ton amie
vraiment ton amie
pas une ex-amante de seconde zone
on a des choses à partager
et j'ai des trucs à te dire

et pour les baisers les projets
la perméabilité
allons les vivre ailleurs
pleinement
c'est un équilibre à inventer
il le faut
et là c'est un cadeau

mercredi 23 décembre 2009

il est parti et me voilà bien
l'étrange entente parfaite des esprits
et je sais que les corps aussi, si on le leur avait permis, auraient pu se nourrir de leur découverte réciproque
mais bien sûr entente des corps et des esprits, ça fait trop pour en sortir indépendant
indemne

et lui qui brigue la passion
préfère les folles
qu'il dit
je ne lui ai pas sauté dessus
je n'avais pas envie de le détromper
de jouer à lui prouver des trucs
je n'ai pas lancé une machine de séduction genre : dégage
tu ne veux pas de moi : dégage
ou : on ne fait pas tout comme tu veux, je suis prise ce soir

non

j'ai laissé le jeu se jouer selon ses règles, je n'ai pas transgressé l'accord.
je me suis écoutée, me disant que peut-être en effet l'amitié ce serait mieux
que l'enjeu de cette rencontre se situe ailleurs que dans la tension sexuelle et amoureuse
et que la patience a du bon s'il y a un truc sérieux à vivre

l'autre soir, alors qu'il me proposait solennellement de ne rien taire de ce que j'aurais à lui dire
parce qu'il me renvoyait un peu crûment à cette nécessité d'écrire
j'ai envoyé : ah non, par égard pour toi, j'ai gardé certaines réflexions pour moi
je ne t'ai pas dit, par exemple
que peut-être tu es en train de passer à côté d'une grande histoire
et lui :
je ne crois pas

En dernier ressort, hier soir, l'ayant interrogé sur l'éventuel mieux-être de la nouvelle configuration, j'ai dit :
c'est quand même toi qui a mené la danse.
Tu as l'impression de t'être fait mener en bateau ?
Non, ce n'est pas ce que j'ai dit. J'ai accepté mais c'est toi qui a décidé de poser tes bagages ici, puis de mettre fin à l'intimité.
L'important c'est d'être clair, il dit. C'est pas un peu excessif ? On va pas en faire une montagne...
Tu trouves que j'exagère ? Je dis juste qu'on a fait comme toi tu veux.
Lui : c'est toi l'intello ici, moi j'ai pas le temps de réfléchir à ce que je vis, j'analyse pas tout comme ça, je vis ce qui se présente

Moi si, c'est comme ça que je fonctionne. Ca m'entrave parfois, enfin bon je vis quand même les choses.
(et muettement : encore un homme qui vit uniquement les choses qui lui conviennent. Pas très généreux tout ça. Pas se mouiller trop n'est-ce pas. Et si j'avais manifesté une contrariété, tu te serais senti coupable, donc sur la défensive. Rien d'autre. Réaction binaire. Etre si subtil dans l'appréhension du monde et refuser d'observer les intimes nuances des négociations affectives...)

Les copines ne savent pas où ça peut mener tout ça, mais ont l'intuition qu'il se protège ;
pourtant
peut-être réagira-t-il à retardement
c'est un mec

j'ai joué ma partie
accueillante et généreuse
alors laisser couler
ne rien attendre

c'est lui qui devrait revenir vers moi, avec tout ça

et si d'ici quelque temps
rien ne se passe
et si besoin est

peut-être se manifester

mais peut-être aussi
qu'il m'a rendu disponible à une rencontre plus amoureusement
féconde

pure expectative

moi ça m'étonne d'être si sensible à cette entente que je sens privilégiée
je ne peux pas croire que ce soit à sens unique

et bien sûr, essayer d'éviter l'amour
c'est parfois peine perdue

je ne sais pas

ça m'emmerde
d'être ainsi touchée

mais je reconnais à cette rencontre
sa valeur
- quoi qu'il se passe

mardi 22 décembre 2009

Parce que c'est vrai, il y a le retour du sexe aussi
parenthèse aussi vite close qu'ouverte
et on commençait à trouver la bonne fréquence, bercés de soupirs
l'accord du mouvement
les sens en résonance
l'art de jouir d'une ruade
d'une suée ondulante

ton grand corps dans mon bain

la douce euphorie de l'intime

ma surprise à la sensation de ta peau
de tes cheveux
de ton odeur
de ta présence
dont je me sens si familière

comme si on était frère et soeur
mais c'est peut-être bien ça le problème
faut pas coucher avec son frère
Et voilà, en trois jours je viens de me prendre un bon gros smatch dans la tête.
Ascension vigilante vers l'équilibre du jour, trouver (à mon goût) l'exact point de suspension où circule l'énergie, l'enthousiasme, sans être dupe des lendemains, écrire et faire l'amour, parler, faire la fête, boire du bon vin. Mais il a mis le hola. Passer en mode amitié, éviter le jeu de dupes pour préserver les connivences qui s'imposent d'évidence. Sur le fond, je suis absolument d'accord. Une histoire d'a. serait l'impasse, l'amitié privilégiée. Il a senti et il sait à quoi j'aspire, je n'en fais pas mystère, même si c'est en toute conscience, en toute loyauté et avec plaisir que j'investissais le rôle d'amante, provisoire. Ce qu'il entend. Ne désire pas faire durer cet état. Sous peine de souscrire aux enjeux muets de pouvoir, où tenir à distance, où reprendre le contrôle. C'est très classe, finalement, refuser de profiter de la situation. Trop monacal à mon goût, mais soit. Dormir ensemble, écrire ensemble, parler. Pas fini de parler, je crois. De ce qui se passera après, parce que j'aurai envie de le voir. C'est sûr. Enfin j'aurai envie de maintenir le lien.

A l'intérieur, pourtant, déception hier, tristesse aujourd'hui. Soufflé retombé. Digérer. Retour de l'amertume dans les veines, de nouveau le poids de l'effort pour chaque projet qui m'enchantait hier encore. Merde.
Peut-être étais-je déjà amoureuse, sous couvert de détachement et de sincérité, dans un arrangement douteux avec moi-même. Je recommençais à avoir confiance dans le hasard. (Notre grand thème commun.) (Troublant qu'un intérêt de cet ordre nous séduise l'un comme l'autre. D'autant plus si on considère les coïncidences qui ont présidé à notre rencontre )

Et puis par-dessus ça il y a eu le repas trop arrosé, et le sujet intime des mots, en principe ça aurait dû être évité, à cause du doute, des divergences fondamentales de conception (voilà pourquoi une histoire d'a. nous aurait déchirés, il ne faut pas tout mélanger) et de l'injonction de s'y mettre radicalement, avec laquelle je jongle depuis toujours, et à laquelle je me dérobe parce que le joug me coupe dans mon élan. Je suis toujours obligée de feinter avec moi-même sinon j'ai trop peur d'étouffer, ou de plomber la page. Ecrire comme en passant, fausse négligence. C'est mieux d'ailleurs, je suis sûre qu'il faut perpétuer cet entre-deux-là. Cette soirée m'a remuée, vraiment, voilà pourquoi on aurait dû éviter, mais en même temps j'accepte la mise à l'épreuve. Faire preuve de ressources pour tenir le coup. Pour voir si je persiste. Mais depuis toutes ces années, c'est le même jeu d'épreuves, j'ai quand même l'impression que ça ne sert à rien de perturber encore la fragile disposition. Peut-être que je ne devrais pas être aussi touchée non plus, à ce sujet. Peut-être aussi que toucher aux questions d'amour et d'écriture le même soir, ça fait trop mal. Salaud, tu es celui qui vise juste. Pourquoi en sors-tu indemne et moi pas ? Tu évoquais une maturité de ma part, hier soir je t'ai dit mais regarde c'est toi qui es mûr sur ce coup-là, mais c'est le domaine auquel j'ai consacré du temps, il répond, j'y ai plus avancé c'est normal. Oui, mais quand même à ton âge, avoir publié, voyagé, élevé un enfant. Déjà. J'ai pas d'enfant moi. (Découragement, mais c'est passager probablement, chaque métal bout à température n'est-ce pas.)

Qu'est-ce que ça veut dire tout ça. Basculement. Ce n'est pas pour rigoler, j'ai bien ça à faire, écrire. Pour de bon. Il me faut des garde-fous, je les ai. Je me sens dans le même état qu'il y a toutes ces années, c'est dangereux les mots, les phrases, ça rend fou d'y regarder de trop près, de dédaigner le compromis stylistique. Ca rend fou de solitude aussi. J'ai fui ça pendant des années, et cet homme qui me refuse son amour me remet en face du gouffre. Tu as ça à faire : sauter.

Au secours.

samedi 19 décembre 2009

Tranquille au chaud
j'attends F
qui me rappelle
(évidemment avec toute cette neige, les trains)

alors arrivée aléatoire
mais il n'y a qu'à laisser couler les heures entre les doigts
j'aime bien
j'ai pris le pli ces derniers jours
juste goûter les très menus moments
musique
reprendre la conversation avec la jeune femme qui vit chez moi
et plus le temps passe plus on s'accorde
- sans elle (sans eux) ça va être vide ici

dehors grand vent
faudrait rester niché
il y a une soirée en perspective
c'est plaisant mais suis encore friable

enfin
je crois que je suis prête
pour endiguer

ce qui va se passer, là
avec celui qui s'impatiente en gare
les paris sont ouverts

jeudi 17 décembre 2009

confusion des pensées et corps si affaibli
que prise par le roulis languide
description d'un combat
incapable d'en saisir la moindre parcelle intelligible
livrée à l'impression
la pénombre en mouvement lentement continu révèle dans la masse pour seules carcasses
des armures vides
robes fantomatiques
éclats fugaces d'étoffe
sur l'épaule d'une voix
tous les combats depuis l'aube
dit un homme après ça
après les litanies des mots qui se chevauchent
comme au champ de bataille délaissé
les corps déserts
erre une âme solitaire

mercredi 16 décembre 2009

Envoyé - une ligne, succincte, comme négligée, comme un demi-sourire, et l'adresse
ouh là là waouh oh ma faiblesse oh le bonheur d'être en vie et le chemin parcouru
je ne suis plus seule
c'est fou, d'ouvrir sa porte aux inconnus ainsi on reconstitue son monde je reprends l'épaisseur perdue
les rencontres de confiance
les amitiés instinctives et aléatoires
la maison désertée par l'amour havre des voyageurs - et des virus

pendant les heures grippées la nuit
l'organisme occupé à lutter
instinctivement
animal

sentir les forces concentrées reconfigurer l'être
éprouver ce que l'énergie courante fait oublier
je suis mortelle
- certes j'ai toujours conscience de l'issue fatale
mais là c'est juste naturellement la sensation des forces amenuisées
de l'extinction possible de la liaison au monde
pensée comprise
dont le flot continu s'engouffre incohérent dans le chaos muet

alors comme les enfants reprendre place sensible dans le jour
lumière odeur et les pieds sur le sol
aux heures froides métalliques qui colorent la fenêtre
ça sent le solstice

mardi 15 décembre 2009

J'ai bien de quoi être fébrile, y a des jours...

Comme à chaque coup de froid, j'ai vaillamment combattu frissons et bouffées de chaleur, petites infus, pas d'excès, laisser l'insomnie couler et dormir le matin - dans la salle d'attente je me disais franchement venir chez le toubib pour une petite fièvre...
Mais c'est la grippe A !
La vraie !
Deux jours de plus au chaud.

La grippe.
L'insomnie au roulis des pensées continues : la grippe.
La lucidité éclatante du fond des perceptions brumeuses.
L'organisme ramassé sur la lutte, toute affaire cessante, plus aucun stress, plus d'urgence. L'organisme qui impose le sommeil, les fruits, et d'aller chez le toubib.

Jolies journées ténues au foyer avec celle qui m'a contaminée - au moins on est immunisées, on reste ensemble, on joue les mamies avec notre unique sortie au café et une petite soupe pour se remettre d'aplomb- en sortant je n'osais plus rien toucher, ça se propage donc à toute volée ce truc

Et là ce soir
dans ma boîte
le message d'un homme
tout penaud confus ne sachant pas tourner les mots que pourtant il est censé manier avec une telle habileté

je savais bien qu'il arrivait
je m'attendais à ce qu'on se voie
mais
pas à ce qu'il me demande comme ça
l'hospitalité
tout en estimant que peut-être j'allais refuser
(je jubile)
(autant que me le permet mon état amorphe)
(cool je serai d'aplomb)
( j'ai froid, vite au lit)
(je le laisse un peu mariner)

jeudi 10 décembre 2009

Reviens vers l'écran, pour quoi déjà ?
Eh ben voilà, pour ça, pour la petite note du soir !

Journée fatigante, la vraie première journée fatigante depuis longtemps
et c'est pas désagréable
d'avoir ainsi brassé
ça évite au doute de s'immiscer dans le désoeuvrement

je sens bien qu'il y a du changement dans l'air pour 2010 (consulter vos prévisions astrales)
vie professionnelle : placez-vous discrétos, même si certaines perspectives semblent battre de l'aile. Quoi qu'il en soit, menez votre barque en confiance. L'année sera stratégique
vie privée : vous ne précipitez plus les choses, vous laisserez tomber votre mouchoir au passage du bon étalon, l'année sera stratégique
santé : comme d'habitude, vous veillez au grain. Vous vous étonnez de ce corps qui est le même mais pas pareil quand même, plus fin, avec des seins en moins, mais après tout il semble plus mobile, et ce n'est pas inutile pour le plan d'action abordé dans la rubrique précédente.

Oui, je commence à apprécier, là, de n'avoir rien en perspective pour les fêtes, rien d'autre que ce que je me concocterai, en compagnie choisie. Une année sans bombance obligée - moi qui aime pourtant bien ça, parce que c'est toujours chez les autres, l'accueil douillet et généreux - je vois bien le petit repas, festin grignotage tranquille de vacances, à la maison, et des journées sans autre obligation que de profiter du soleil d'hiver, pourquoi pas une balade à l'occase mais surtout des petits verres, de la lecture, de l'écriture, et Paris pour voir une dernière fois les copines avant leur démultiplication...

mercredi 2 décembre 2009

Comme il m'a très vite cernée
il sait que les livres sont plus réels que la vie pour moi
plus de dix ans que je lutte contre ça en vivant
mais je m'y adonne quand même en lisant

Mes élans passionnés ma tristesse et parfois ma joie-même
sont mâtinés de majesté littéraire, de poésie
tout juste modérée par l'ironie
la distance salvatrice

mon refuge ou ma vraie vie parallèle
puisque le réel est maussade comme une prison
qu'il faut fuir en voyageant en lisant en créant

et comme le vide ne se comble pas
ainsi
je continue de nourrir les émotions de grandes illusions
- tout en me prétendant pragmatique
stable
limite plan plan

et là en ce moment
s'agence en moi quelque chose
sous le coup d'un mécanisme que j'ai voulu déclencher
ce matin le rêve se poursuivait dans le beau levant d'hiver provençal
dans le calme bourdonnement de la grande salle
presque aussi tranquille qu'un lointain matin à Auch juchée sur le vélo dans l'aube grise et rose
dans le rêve je traçais le mot CONFORT dans la poussière sur le plastique noir de la chaîne
je crois que ça me déplaisait
je ne sais pas

mais en tout cas
la liberté
divertissante
créative
éprise
est bien là en moi
et non accrochée aux basques des hommes séduisants qu'il faudrait poursuivre

oui il y a une vacance du corps
mais l'érotomanie passagère semble s'apaiser
mon cœur méfiant oscille entre deux hommes à l'esprit vif, légèrement rustres, indisponibles et peu démonstratifs
alors je sais que je dois attendre, pas eux justement,
pas me ronger, ni lisser les excès d'impatience
attendre non pas que mon prince vienne
mais tranquillement observer ce qui change
et ce que révèlera ce regard nettoyé

un peu fatiguée
un peu le blues
un peu esseulée
mais si je tente de me complaire à la nostalgie
ça ne marche plus
je m'en étonne

je me réconcilie peu à peu avec les vieux tourments
qui prennent leur place en souvenirs attendrissants
vivre maintenant ;

suis-je libérée du donjon de mon père ?

lundi 30 novembre 2009

Le lendemain
sous la pluie battante

un long dimanche doux de ménage
il arrive en début d'après-m

c'est une si belle rencontre qu'elle en est troublante, en quelques heures on se retrouve à se marrer, à se dire des trucs très persos avec grand naturel, un peu de timidité, on rectifie le tir si le second degré paraît trop ambigu, on lave nos vêtements ensemble, dans la journée il m'a appelée femme fatale, tu es rayonnante il dit, là, en jean et lunettes et tongs du dimanche à faire le ménage, et si sa de nouveau compagne n'arrivait pas dans trois jours

pour qu'on vive ensemble
un mois

je serais déjà

dans ses bras

(je tombe amoureuse toutes les trente secondes...?)

dimanche 29 novembre 2009

Dix ans que ça n'était pas arrivé : quand tout le monde est parti, seule à ranger !
ça alors.

C'est un bon moment : c'était une bonne soirée. Personne ne se connaissait, tous ne sont pas venus, et comme prévu, c'était plaisant, ces rencontres croisées. Deux enfants pour les cris, démonter le canapé et rapprocher les mamans.

les affinités culturelles, les sourires.

Le vent jette à terre le citronnier nouveau venu sur mon balcon.

La pluie arrive. Rentrer le linge.

Retour à l'écran pour la trace de maintenant. Pour que demain la vaisselle ne soit pas ingrate, mais l'écho des grandes fêtes des vingt ans, où je grattais les vieilles poëles à l'eau froide.

Déjà j'avais succombé une nuit de juin à la douceur de C., dans la brèche de nos déconvenues,
et là
ça recommence
ou : ça peut recommencer
il n'a pas pris le train depuis l'autre bout de la France pour venir ici
comme soudain dans le coin de l'écran il l'a évoqué tout à l'heure
pour me prendre dans ses bras
pour finir ce qui était resté en suspens
il y a plus de dix ans

mais si on devait finir toutes ces ébauches
...
on se raconte ce genre d'histoires
pour redonner du sens à une trajectoire
évidemment c'est agréable
en pleine vacuité
l'horizon des possibles
(encore)

jeudi 26 novembre 2009

Réseau de sens cette semaine
convergence

personne pour avoir confiance et faire les choses à ta place me dit l'une
je vais te coacher me dit l'autre

et plus ça va
plus c'est une évidence

il n'y a que moi qui puisse faire ça

maintenant

ça fait sept ans qu'ils traînent leurs basques
qu'ils végètent
dans les idées

sortez maintenant !

mercredi 25 novembre 2009

Libre cours à la grande bonne humeur
aussi rigolarde et attentive
que j'étais nerveuse et frustrée la semaine dernière
satisfaite de ce grand choix d'il y a deux jours
au point que toute l'attente ait dégonflé
au point que les perspectives de plaisirs gourmands à picorer prennent le pas

Au beau milieu du repas
alors que j'avais tendu une gentille perche à celui dont je rêve parfois
au sujet d'un restau où il pourrait m'inviter quand même
il m'a répondu "va savoir...", plus songeur que provocateur (moi qui m'attendais à une réplique bien sentie) en me rappelant que je suis sa collègue - ah cette méfiance pour la gent professionnelle ;
en osant lui rappeler que je n'étais pas que ça
on a déclenché la réaction-témoin : "ah mais vous vous faîtes la cour, tranquille quoi"

là ça y est
c'est surligné en fluo au tableau

libre à moi de laisser monter
ou de jouer des apparences

je me sens disposée
au grand risque de l'aventure sans lendemain
avec cet homme à revoir tous les jours

je suis flattée
ravie
de nouveau j'aime bien les hommes
avec leur drôle de mode de vie

lundi 23 novembre 2009

La vie te fait des blagues, c'est bien ce qui m'arrive aujourd'hui.
A peine rentrée, la sonnerie flûtée du téléphone à domicile.
C'était l'immature.
Presque une heure.
Avec du rire et beaucoup de sincérité - c'était la bonne journée pour ça.
Parce qu'il n'en pouvait plus de ne pas me parler.
Il avait peur de me croiser dans la rue.
J'en avais l'intuition, depuis que V. à peine revenue d'I. l'avait croisé dans une fête. Tout était parfaitement lisible pour moi, il l'avait vue au bras d'un homme, et il s'était dit : ça pourrait être elle. (moi.)
Et c'est précisément aujourd'hui qu'il m'appelle, les jeux sont faits c'est bien clair mais comme ça on se dit tout, moi surtout, qu'il me manque, qu'il a été odieux pendant notre retour à I. l'an dernier, que j'assume tout et que c'est dur en ce moment et qu'on ne se reverra pas tout de suite.
et je n'ai plus envie de l'appeler l'immature, je lui ai rendu le choix de ne pas vouloir la même chose que moi. C'est lui qui m'a dit que je lui avais donné envie d'y croire, moi. La femme que j'étais et qu'il avait eu envie de conquérir.

Si on avait lu mon fal récemment, il y aurait certainement eu les silhouettes de ces trois hommes-là qui en 24 heures ont repris place dans mon univers, mon univers verbal. L'ancien amour, à qui j'ai tout déballé hier, ligne à ligne. Et qui m'a dit, tu n'es peut-être pas prête pour quelque chose de sérieux. F. sur le mobile, lever l'ambiguïté. Et O., relire l'histoire.

J'aime les hommes, j'aime être en confidence avec eux. Absente de moi-même, foutue par terre, méfiante, j'ai suspendu l'échange, mes amours devenus ennemis. Je vous retrouve, qu'est-ce que c'est bon ! A présent je peux être seule.
ben voilà, c'est fait !

Oh putain ce que je suis soulagée. C'est quand même plus simple de parler que de spéculer. Encore faut-il faire la part du ressentiment, de la fragilité, du (dés)espoir. Accepter d'endosser le rôle de la nana qui règle l'affaire.

Bousculer, légèrement, un garçon qui ne rappelle pas mais qui n'a rien promis, comme il le souligne opportunément, ça a la vertu de remettre la féminité dans la course, les points sur les i et le dialogue au goût du jour. C'était fait avec grâce, en plus, sans animosité. Avec humour.

Au jeu du silence je n'aurais même pas gagné un amant, au moins là il y a des chances qu'une complicité, sinon une amitié s'ébauche. Ce n'est pas un pis-aller, parce qu'à la rencontre sensuelle président les affinités intellectuelles pressenties.

Je suis heureuse de t'avoir rencontré. Puisse ceci donner lieu à de beaux moments - je parle sous le coup de l'émotion, mais j'ai déjà la chance de vivre une longue histoire d'amitié avec un homme intelligent, il y a des hauts et des bas mais c'est quelque chose qui existe. Et parfois ça commence comme ça.

dimanche 22 novembre 2009

c'est rien, c'est juste un brin de désespoir, ça va passer, non non rien, je travaille dessus, je te jure, la preuve j'ai vu Le rayon vert de Rohmer pour faire mûrir, pour faire bouger les lignes. Ce kitsch émouvant autour de la solitude exigeante et patiente et somme toute si naturelle.

Tu veux tout toujours trop vite.
Eh bien oui.
Tout.
Toujours.
Trop.
Vite.

Déjà qu'on m'a quittée, en plus il faudrait que je sois patiente ?
Que j'accepte le célibat avec entrain, que je vive une super vie indépendante ?
Oui oui d'accord.

Que j'évite de penser à un type que je m'interdis d'appeler par fierté.
Alors que je sais très bien que ce serait compliqué de toute façon.

Eh ben merde.
C'est pas parce que c'est normal,
cette confusion,
et le temps qu'il faut pour se reconstruire
solide équilibrée tout ça

que c'est
facile

samedi 21 novembre 2009

Elle me dit : "Ce que je comprends, c'est qu'il se barricade. Ce sont deux solitudes qui se sont rencontrées. Il y a eu des confidences, ce n'est pas anodin. Les choses s'éclairciront à la deuxième rencontre.
- Oui moi aussi j'ai peur d'ailleurs. C'est finalement plus important que je ne voulais l'avouer. Mais peut-être juste une transition. Enfin si on croit aux signes il fallait qu'on se rencontre de toute façon.
- Ah oui moi j'y crois, c'est sûr.
- Voilà, j'ai appris qu'une copine l'avait hébergé, à Paris, il y a un an, complètement par hasard, un plan couch surfing, et j'étais chez elle ce jour-là, on est parties avant qu'il n'arrive. Elle en avait pas mal parlé, et cette histoire je ne m'en souvenais absolument plus, comment faire le lien d'ailleurs, aucun rapport. Quoi qu'il en soit on s'est peut-être quand même rencontrés trop tôt. Enfin bon c'est toujours trop tôt.
- Oui, et vous vous réservez peut-être pour quelque chose de mieux, où il y aura moins de questions.
- Tu crois, quelque chose de mieux ?"

Je cracherais dans la soupe comme ça, moi ?
Certaines théories de la métempsychose et de la psychologie évoquent pourtant le retour des mêmes situations, pour leur faire, enfin, un sort. Alors quoi ? Encore un que je devrais persuader de sauter le pas ? Pour quoi faire ? Essuyer des plâtres, encore ?
M'en fous, au moins je crois avoir compris les enjeux : ce faux je m'en foutisme me pesait, or c'est probablement un silence éloquent. Désormais, il y a la part du hasard, certes, mais aussi quelques cartes à jouer. Ou pas.
L'une des vertus de ce blog
c'est qu'en relisant
les notes des trois derniers mois

je comprends bien pourquoi j'en suis là

moi qui voudrais m'ébrouer de la lourdeur
retrouver mon entrain

être la plus légère la plus séduisante
possible

la plus dégagée
pour ne pas rater le coche

mais tu parles
y a du lourd, là, en bagage émotionnel

"A un étage il y a le bonheur et la satisfaction, à un autre étage il y a le chagrin et la culpabilité, tu ne peux pas ne pas le comprendre, bien sûr que je le comprends je me hâte de répondre, et pourtant dans mon for intérieur je m'interroge, est-ce vraiment une chose à faire à nos enfants que de leur imposer d'être le verre cassé sous le dais du mariage en souvenir de la destruction ?"

Théra, Zeruya Shalev

mercredi 18 novembre 2009

Ô merveille
vive la danse

ça a pris des heures
sous pression
chaque geste : des tonnes

et puis
il a suffi

qu'il me colle contre lui
par la grâce du mouvement
qu'il me porte
me fasse tout doucement tourner
que sous sa main des ondes se propagent
sous la peau
et qu'il me tienne la tête
pour m'éviter les chocs

pour que le souffle me revienne
et circule

c'est mon corps qui crie famine
et entraîne cette intense déprime

qui oriente ma colère
vers un homme qui, sans se dérober,
se fait désirer

un parfait fantasme
un ectoplasme où s'accumulent mes émotions

il suffit qu'un danseur
me prenne dans ses bras
pour m'apaiser

peut-être que lui
c'est un homme avec qui
je n'aurais pas mal
évidemment je me dis ça
en ces temps de famine
et d'errance

mais pas de bol
la petite clique part en tournée

presque un mois

il ne me reste plus
qu'à me jeter à corps perdu
dans la vie

ça fait mal

lundi 16 novembre 2009

S'impose
la solitude

douceur du soir
bruissement d'étourneaux
mon univers urbain
cliquetis du tram
ronronnement d'aspirateur chez les voisins

seule enfin
larguer l'espoir d'être comblée
se laisser aller
à l'amer
à ce goût si particulier

seule
renoncer à l'espoir de plaire
juste :
disposée à désirer

un suspens sur le chemin
l'horizon est bien là
ouvert

samedi 14 novembre 2009

Et plus tôt dans le soir,
j'ai compris
le truc c'est que je voudrais que tout se précipite
pour évincer la terrible peur que j'ai au ventre

en fait
en fait c'est moi qui flippe grave

vite jetons-nous les yeux fermés dans le vide
parce que les yeux ouverts j'oserai jamais

évidemment

je viens quand même de me ramasser bien comme il faut
saisie de tremblement en ouvrant le dossier remisé dans un coin du crâne

j'ai donc relu les messages-clés de l'amour allumé, consumé et étouffé
de mes dernières années
pour affronter ces peurs-là bien en face
pour pleurer un bon coup comme je ne l'ai pas fait depuis des mois
pour me retrouver moi
et pas l'inconnue qui tentait de s'approprier la maison délaissée par l'amour

pour accepter enfin
qu'ici et maintenant je ne peux rien savoir
d'un futur nouveau plantage
le seul truc à faire c'est d'essayer
accepter d'avoir envie et d'avoir peur à la fois
et puis voilà
rien n'est écrit
cette vaste affaire de contingences

et
Qu'en avais-je à battre, finalement, de paraître ceci ou cela
quand l'inertie d'un désespoir insidieux me rattrape au petit matin
et je ne lâche pas mon combat loyal

le plus bizarre, c'est que ça n'empêche pas d'évoluer quand même

alors je l'ai appelé
il est dans le train pour la toute petite ville
qui est celle de l'immature
et même celle où nous avons conclu il y a deux ans un pacte
ah, ces coïncidences

donc on s'entendait mal
et c'était agréable
courtois
anodin
(à relire ces lignes je suis stupéfiée du double-sens
j'espère que ce n'est pas un programme)

aimablement propice à la rencontre
ce qui est évidemment bon signe donc je n'ai guère de quoi me plaindre
je suis juste
au fond
et comme malgré moi
extrêmement impatiente
d'ailleurs je n'ai aucune date à me mettre sous la dent

la ligne a coupé
son message ensuite disait :
bientôt

j'en ai ras-le-bol d'attendre
mais alors
ras-le-bol

je m'étonne d'être aussi détachée au téléphone
ce qui m'indique que je ne vais peut-être pas lui sauter dessus
malgré ma diligence extrême puisque c'est toujours moi qui relance
je le ménage

je me demande si je n'ai pas passé ma vie à faire ça
ménager des garçons

évidemment, ici je peux le dire
en confidence
parce que je n'assume pas du tout, en vrai
j'aimerais vraiment adhérer au détachement que j'affecte
(et qui ne trompe certainement personne, pas même lui)
(ce qui me rappelle l'exemple existentialiste de la main féminine abandonnée comme par hasard pour que l'homme s'en saisisse)
(la mauvaise foi)
mais je ne vais tout de même pas lui dire :
descends viiiiiiiiiiiiiiiite
je crève d'envie d'être avec toi
ça pourrait s'avérer contre-productif, n'est-ce pas
me mettre dans une position intenable

alors que là
je suis juste
encore
en attente

et je ne peux pas faire autrement

vendredi 13 novembre 2009

non non mais tout va bien
- c'est vrai en plus -
juste à l'épreuve du quotidien
mon vélo : volé
le gaz : coupé
le plombier : absent

mais j'ai l'intuition que ça va rouler
non pas forcément une histoire d'a.
mais la reprise de confiance fait son œuvre
je me sens prête à affronter la réalité
avec ses coupures de gaz et les garçons qui ne répondent pas
Voilà, c'est ce que ça veut dire
c'est pourquoi il me fallait venir écrire

pour m'apprendre que je retombe sur mes pattes
que l'agacement passe

pourvu que la curiosité demeure
que je sois parmi mes pairs

non, je n'ai nullement agi de façon précipitée avec f.
on verra s'il y a une issue
et s'il n'y en a pas
eh bien c'est que ce ne serait pas une histoire pour moi

c'est bien si j'arrive à me défaire de cet ultime résidu
de mon amour-croyance pour l'immature

en acceptant que les dévolus jetés
ne m'aient pas radicalement fourvoyée, ni compromise

autrement dit, et je reprends l'essence du dialogue avec la danseuse :
vouloir que mon coup de cœur soit le signe de quelque chose de profond, et de durable,
ce serait de l'orgueil
cette excroissance narcissique brandie comme un dard
quand on a peur de tomber

bref, je n'avais pas arrêté la machine en passant du regret de l'un au fantasme de l'autre
la machine à s'auto-persuader
d'un avenir de couple
d'un avenir familial

c'est dur de lutter contre la peur de l'impasse totale
mais ça bouge en moi
mes amis deviennent parents
ça me réjouit, ça m'inspire et ça remue un peu la tristesse

tout ça devrait m'arriver aussi
il ne faut pas que je m'inquiète
il ne faut pas que je me cabre

je préconise l'éclat de rire
et ça peut tenir, malgré le vélo volé et les coupures de gaz
et l'expectative
est-ce que tu vas m'appeler ?
est-ce que je vais t'écrire ?

en attendant, je pourrais bosser
ce serait pas du luxe

lundi 9 novembre 2009

A l'heure fraîche où je suis rentrée
éprouver de l'entrain :
le voyage pour rentrer chez moi je le faisais dans l'autre sens
il y a trois ans
deux fois je suis arrivée enthousiaste dans la douceur de Provence
c'est dingue quand même en trois ans il y en a des trucs qui se sont passés
pour que la trajectoire s'inverse
Je rentre d'I. à M.
lumières en bord de mer

je me suis fait accueillir avec un tajine au poulet
ça c'est la classe

donc il ne reste plus qu'à faire attention
à ne pas se laisser avoir par l'inertie
et les apparences
et l'écran

j'ai comme l'impression d'avoir digéré, là
(rehab à I., c'est trendy)

Ready for the new adventures

dimanche 8 novembre 2009

Et voilà
une semaine de bouclée
en beauté
le soleil a repris ses droits
et moi je reprends la route

entretemps le virage bien négocié
du cuir de la soie du jean
un baiser dans un ascenseur
concrétise-mais à peine
ce fantasme entre S. et moi qui réapparaît à l'occasion
c'était simple et c'était - presque - imprévu
improvisé
sans suite

la suite et l'essentiel ce sont ces grands fous-rires
et ces discussions à bâtons rompus
de ces amis qui sont mes hôtes
qui m'accompagnent dans cette nouvelle voie-là
tandis qu'eux sont sur le point d'accueillir leur enfant
un nouveau rieur parmi eux
pour fureter encore un peu partout
avec curiosité et gourmandise
le vaste petit monde
où partout ils sont chez eux
et dont ils font une auberge chaleureuse
pour les copains d'abord

mardi 3 novembre 2009

Ouf
pas passée loin du tabula rasa
j'étais en train de me raisonner en remontant sous ce joli soleil automnal qui a repris ses droits
en me disant
eh bien voilà
qu'est-ce que tu veux ?
absente de toi-même au point de passer à côté de la vie
rien de satisfaisant, là
laisse celui qui ne manquera pas de te débusquer
venir
t'es quand même pas un produit de second choix
lâche tes attentes à la noix

il y a deux heures le message de la première de la liste de l'hiver
à mettre au monde

forcément je me retrouve ici à pas bien savoir ce que je fous là
comme projetée plus de trois ans en arrière
les choses construites dissoutes
et les projets intimes en déroute

en rentrant je regardais ça en me disant : mais de toute façon tu le savais
que ça pouvait tourner comme ça
l'histoire
commencée ici-même il y a près de trois ans,
alors
rien que de très normal
c'est fait, voilà, la suite maintenant

mais ouf
j'avais une réponse
une toute petite réponse
badine

et juste t'embrasse belle à la peau étoilée

c'est une ouverture
une toute petite ouverture

c'est joli en plus
c'est flatteur
un tout petit air poétique
dans ce silence un peu grossier

mon instinct ne m'avait pas complètement trompée
pas de quoi devenir nihiliste
ou nonne

il y a donc un garçon pour passer peut-être encore
une nuit et quelques
avec moi

et même si c'est l'impasse
à terme
au moins l'éprouver
sur le terrain

je préfère mille fois les rancœurs les pleurs les morsures
au néant

voilà pourquoi tant de gens ne supportent pas d'être seuls

et puis merde
je ne suis vraiment pas pour le mutisme

lundi 2 novembre 2009

Oui mais voilà, soufflé retombé
c'est un jour sans

plus de dead line
il fait moche
il n'y a personne

je me sens seule

plus aucun sens à faire quoi que ce soit
comme d'hab

un petit coup de blues, quoi

et voilà que j'ai répondu au mail commun de F
sur un ton badin évidemment

je me mets en jeu

j'ai raison

au moins savoir à quoi (ne pas) s'en tenir

c'est toujours ingrat ce genre de situations

mais les séducteurs professionnels eux-mêmes rappellent combien de râteaux ils se prennent
ce n'est pas indigne
d'écrire au bout de 15 jours non plus

je ne me cache vraiment pas mes intentions
et en regardant les choses froidement
je ne suis pas trop à plaindre, c'est le creux de la vague mais je fais l'objet d'attentions

oui mais voilà
c'est dur

seule depuis des mois
d'enchaîner la solitude au chagrin
en maintenant le niveau de pêche, de bonne grâce, de sexy attitude et de solidité à flot
la plupart du temps pour rien
à part pour le boulot
et là ce n'est plus le moment

il paraît que la libido c'est une énergie psychique
que faire de la mienne ?
danser
écrire
espérer

pas envie de draguer n'importe qui
ni de faire semblant que cette ville m'est inconnue

plutôt :
continuer ça
aller écrire pour moi dans les cafés chaleureux
En parlant de F
il ne m'écrit pas
sauf si on compte les messages communs

je suis l'auteure de la dernière réplique
et comme dans ces jeux-là ça compte
je ne moufte plus

je remets à plus tard
à la date dite
mais j'aurais bien aimé
un peu de correspondance

j'évite de me perdre en conjectures
je prends le temps de cheminer vers mes horizons sereins
et certains

mais quand même
je ne comprends pas

cette absence de message qui ne signe ni un refus
ni un consentement
ni même une fuite
juste une vacance

alors juste je lui laisse, aussi, le temps de cheminer
vers on ne sait quoi puisque rien n'indique qu'on se reverra
- quant au reste...
Hier je l'ai revu
et c'est fou ce qu'il est beau

et à l'évidence
- t'as beau laisser passer des années à distance -
on s'aime

ce n'est même pas troublant
à moins que ce soit l'effet insidieux de la poire
et de se retrouver parmi les mêmes amis

mais au fond
je ne crois pas

Tout était là, intact
de notre admiration, de notre écoute et de nos frictions

un truc inexplicable

alors surtout ne pas se retrouver tous les deux
ce que j'ai présenté à F comme des zones de fragilité
c'est le risque de succomber au désir
ou à la discorde

En rentrant, parce qu'il fallait échapper à cette longue nuit de mecs enfumée
ils renâclaient à m'écouter
peut-être à cause de leur vision romantique qui ne souffre pas de conseils

il faisait super froid
et personne n'est venu remplir le mini-bus jaune des trajets nocturnes Europe-Asie
j'ai fait la route seule
c'est bien la première fois

jeudi 29 octobre 2009

Tout a commencé, après une journée de vadrouille entre Europe et Asie, du matin pluvieux au crépuscule gris et rose sur le B.
dans un bar très classe d'une rue très fréquentée.
A force d'enfiler les bières leurs mots se sont déliés
ils ont fini par nous proposer de faire les photos dans un bar de trav à Tarlabasi
après un détour pour une canette et un joint sur le parking d'où on voit les lumières des quartiers popu en contrebas, traversé d'un sillon liquide
dont on oublie que c'est la Corne d'Or
A 22h, à deux pas du commissariat, des chauffeurs de taxis, des fonctionnaires, des mecs aux cheveux gris qui sont peut-être mariés
regardent avec avidité et assoient sur leurs genoux des mecs au physique de filles pas très belles
dans l'odeur écoeurante des chiottes, les rayons bleuâtres et la dance arabesk

au fur et à mesure je demandais à ceux qui nous avaient entraînées là comment leurs nanas voyaient leurs virées nocturnes
tranquillement, paraît-il
elles sont un peu barrées elles-mêmes
mais qui garde les gamins ?

après, sur le balcon du G. ils ont usé de tous leurs arguments
on serait devenues leurs coups de cette nuit-là
à force de surfer sur la vague trashouille, mojitos et pétards
genre : nous on connaît les nuits alternos, à côté c'est disneyland
les nénettes super chaudes qui n'ont pas l'habitude de la french gâterie
on les comble

j'ai bien rigolé
et hop, on a tiré notre révérence

maintenant
je suis curieuse de leur musique
sur le film underground censé sortir à Berlin
au printemps prochain
ou peut-être celui d'après

mardi 27 octobre 2009

Dans la grisaille d'I. retrouver
ce qui me manquait
exactement

le brouhaha rassurant
toute cette vie
de l'instant

le vol des mouettes au raz de l'eau
et jusqu'aux alarmes

les sourires
et la superstition

le micro et l'objectif aux aguets
les journées filent
l'amitié reprend son cours avec chacun

et au fond se mijote la transition, je sens bien
au cours de ce voyage qui marque, j'ai l'impression, les débuts d'une complicité avec celle qui observe

je retrouve brièvement l'équilibre goûté ici naguère
ça me donne un brin de détachement

bakalim
on verra...

je perçois combien il faut laisser écouler ce temps-là
J'espère (oh oui!) des rebondissements avec l'homme qui écrit (mais qui ne m'écrit pas)
mais tranquille tranquille
si c'est pas pour rire ça prendra du temps
et si c'est pour rire, il y a peut-être un suspens dans l'air
un goût de reviens-y...
Je ne m'inquiète pas
J'y pense un peu
Pas trop

jeudi 22 octobre 2009

Ca veut dire que je ne tergiverse pas trop trop
à envoyer des petits mots osés

passera, passera pas

l'essentiel est l'essai

balancer des sondes à tout va

et
à chaque fois
avoir usé d'audace
me rend libre à nouveau pour le reste

aussi paradoxal que ça puisse paraître

oui : je me soulage de mes fantasmes
c'est bon pour le jeu
(en plus)

mercredi 21 octobre 2009

Cette surprenante euphorie
à grandes goulées
sous la pluie battante

comme d'hab avec les collègues,
on a décliné un repas autour de nos thèmes sulfureux favoris

et celui dont je rêve parfois
était exceptionnellement des nôtres
avec une bonne humeur débridée

un seul fragment de soupçon de regard
m'a légèrement remuée

il était encore rouge d'alcool, de sexe et de sommeil

et je me demande
quand
ce sera mon tour
de monter là
juste au-dessus du resto

jamais peut-être puisque ce serait trop
le piège

à moins de légèreté
et ça, hmmm
je ne sais pas

on ne se chauffe pas vraiment directement
mais bon
ça pourrait bien arriver aussi,
ça

eh bien oui : ma saison portes ouvertes
c'est aussi simple

aussi gourmand que l'amour et presque plus joyeux
...quand ça commence...

mardi 20 octobre 2009

le bel amant d'I. resurgit
au détour des fenêtres numériques

3 years after

juste là maintenant

et m'assène

qu'il a toujours pensé à moi

qu'il m'a cherchée entre les pages virtuelles

Il est à Londres
come here
think to come here

oh putain

je suis émue

de ce passé-là balancé en plein présent

et que j'avais soigneusement clos comme une affaire classée, une jolie love affair

il n'a nul reproche
but i am sorry

c'est vrai que je ne t'ai jamais laissé exprimer ce sentiment-là, du bord des lèvres
du bout des nuits des ruelles d'I
dans l'alcôve de ta chambre spartiate

tu faisais chauffer de l'eau à la bouilloire
on s'arrosait comme au hammam
dans la petite pièce froide du dimanche matin

avant le turbin tu regardais des dessins animés à la con
et j'ai toujours su que ma vie ne pouvait pas être là

malgré toute cette sensualité douce et sauvage
ta peau blanche, tes yeux d'amande et ta chevelure de guerrier oriental

la vie tourne

les rondes de l'amour aussi

l'onde érotique

aussi

dans 3 jours je pars à I.

et je sais que tu n'y es plus
et qu'il y a aussi là-bas
un homme mûr qui pourrait aimer me cueillir

c'est sûr qu'avec tout ça
je risque pas d'être trop chiante avec l'énième artiste velléitaire auquel j'ai succombé
(il n'a qu'à bien se tenir)

lundi 19 octobre 2009

Dans la rue de la Lappe je me demandais vraiment ce que je foutais là, à traîner avec cette bande pour un dernier verre,
et
après, au bar, je n'avais pas vu que mon pote était là, avec toute la tablée des auteurs, derrière nous.

Pendant ce temps je donnais le change mais en fait j'étais à ma place finalement
(la tchatche)
- quand même dubitative,
j'ai failli rentrer à plusieurs reprises, je pensais à ces clés dans ma poche, mon pass pour Paris by night -

sauf que maintenant je vois bien
combien c'était virtuose
la boule dans le jeu de quilles
j'en rigole encore
toutes les petites groupies en pâmoison sur le carreau
parce qu'il m'avait à peine saisi la main pour danser que déjà
il m'embrassait
je me suis dit non mais là il est vraiment trop bourré

ce qui s'est confirmé quand il a failli s'endormir sur le canapé-lit des copains
le boulet, quoi
"si tu t'endors, je te mets dehors"
au moins j'étais fixée, c'était clair, le faux plan.

Mais évidemment le lendemain balle au centre
jolie journée au soleil frais de Belleville toute bruissante aux nuances automnales
la vraie rencontre
amicale

décidément les intellos c'est moins sensuel mais on s'amuse
des idées
des images et du verbe

- oh là là ce que j'étais nerveuse, incroyable

c'est parce que je vieillis ou parce que je n'y croyais pas ? -

et puis c'était simple, et drôle.

La question, c'est :
est-ce qu'on va se prendre au jeu de l'homme et de la femme
(après avoir bien circonscrit pourquoi c'est vraiment pas le truc à faire, avec des profils pareils, c'est trop mal barré comme histoire)
ou alors
devenir copains
ce qui compte c'est cette rencontre

et je m'aperçois
que j'en rencontre beaucoup, des gens
et j'en laisse filer pas mal

mais là

non

peut-être est-ce la vertu
des frissons
de la tendresse et des griffures
se voir jouir

ou l'aptitude à saisir les hasards bénéfiques

(encore!)

vendredi 16 octobre 2009

C'est vrai que c'est con

Je reviens à toute allure avec une pêche d'enfer
et il n'y a personne

ni ma colloc de cinquante berges
ni vieille copine de quotidien
ni amoureux

juste : un écran

voilà pourquoi je pars demain

pas envie que ça dure, ça

et on verra
peut-être que je prendrai le pli de sortir tous les vendredis

(impression de déjà-vu...)

mercredi 14 octobre 2009

Heureusement
ça retombe

soufflé dégonflé

(au moment où je repasse par ici il y en a une qui a déjà saisi l'essentiel, en une ligne, tiens)

2 heures de danse, les perspectives créatives
ont suffi

à me rendre étrange toute l'entreprise impatiente
échafaudée sur les cendres encore chaudes

l'espèce de course effrénée consistant à me fourrer dans de nouveaux beaux draps
des trucs compliqués de flash et de fuite

alors qu'il y a de la douceur ici
avec un peu de patience et d'attention pour les saveurs ténues

or le chagrin était si intense
ici
aussi
en plein cagnard
(La Méditerranée a son tragique solaire qui n'est pas celui des brumes, Camus)

qu'en filant folâtrer à Paris
je crois le tromper

et peut-être bien
que c'est ça qu'il faut

à présent

(mais : le jeu les enjeux la chandelle, ne pas confondre le désir et l'écran, les tâtonnements et les pas décisifs)

Je ne sais pas si je vais y aller
Elle est loin l'effeuillée
et son confortable suspens

(Je joue pour la vraie vie)

mardi 13 octobre 2009

Venir à bout des palabres internes
c'est drôle, si c'était consommé, ça ne me poserait aucun problème
les voyages impromptus
la surprise
l'exigence de l'immédiateté amoureuse

alors que là
c'est vrai : c'est comme si je ne m'en donnais pas le droit
pas le droit de débouler dans la vie d'un inconnu qui s'est contenté de me filer son numéro

comme si je trouvais trop compromettant de tout balancer d'emblée
(on m'a tellement reproché les marches forcées)

c'est vrai je flippe
mais c'est quand même une surprise que je concocte, l'air de pas y toucher
et surtout, surtout

jeu des hasards, des conjonctions du petit réseau littéraire
ce sera à Paris, trop facile,
camouflé sous des allures de hasard
entourée d'amis qui avaient déjà prévu d'aller précisément là

c'est donc une occasion

et je n'ai même pas le loisir d'osciller entre deux interprétations : l'analyse du recoupement sociologique
ou l'heureuse contingence (à I. c'aurait été écrit, naturellement)

juste se succèdent les :
est-ce que je tripe
est-ce que lui vraiment
est-ce que quelque chose va
est-ce que juste à ce moment-là, j'aurai mes
ah oui et où aller si euh
ouais et alors tout ça
ça sert à rien
c'est vain
c'est ridi

oui mais j'y vais

on verra

(juste : le trouble
et :
je me pousse en avant)

lundi 12 octobre 2009

(C'est le centième, je viens de voir ça. Histoire de passer des caps.)

Celui qui m'a enjoint à couper le dernier fil, celui qui me dit aussi que tout métal bout à température,

m'incite
à trouver un prétexte

pour me pointer dans la grande ville inconnue
comme une fleur

sous un prétexte quelconque

pas laisser passer l'occase parce qu'un mois c'est long, il y en a, des rencontres qui peuvent me voler la vedette (et j'aurais même des options de repli si je voulais)

mais alors là
alors là franchement

impossible vous êtes malade ou quoi
(et moi qui me croyais volontariste)

je préfère le match à domicile, même s'il faut attendre,
plutôt que de me compromettre ainsi
et de risquer de tout gâcher en arrivant sans y être invitée au mauvais moment
pour repartir penaude, ouh là
un texto déjà c'était le grand saut

je sais bien que ça peut séduire
une nana avec du cran comme ça

bon alors nous y voilà
fantasme et longueur de temps
faire durer le suspense
que je ne sois pas complètement accessible

indépendante et sans engagement (pour l'instant...)
(à moins que ce ne soit par définition, quoi que j'en dise)
mais surtout pas trop casse-cou

et j'ai pas de couilles à mettre sur la table

je suis quand même une princesse
après tout
A croire que je ne me dérobe plus, je m'enrobe.
A pieds joints dans les réseaux sociaux, connexions tous azimuts, pour le taf, oui, puisque d'évidence tout passe definitely par là.
Et donc le reste aussi. Le reste s'engouffre dans les statuts, les commentaires, les liens. Très ouvert et très normatif. Consensuel et foutraque.
J'aime bien partager, j'aime les bons mots, le rebondissement. Être au courant, pour sortir le nez dehors, et continuer à établir les liens, au hasard après tout : ce soir aux grandes tables, je suis partie seule et ça n'a pas duré, très informel en définitive, tout ça.

Mais la belle cubaine nous avait gâtés, faut dire, en guise de lecture-performance elle a fait à manger pour tout le monde, aux bougies, cuba libre à flot et salsa au ryhtme des maracas.

Festivités : youpi !

Dans dix jours envol pour I.

en attendant, je m'aperçois que j'entame la grande et nécessairement abrupte période de célibat. Bon, faut que je me souvienne. Anticiper les chutes. Se donner un an, pas d'impatience. Prendre ça comme des vacances de couple. Séduire dans un éclat de rire, et regarder tout ça du coin de l'œil. Légèreté, plaisir, générosité. Indépendance et fermeté.

Ma saison portes ouvertes.

vendredi 9 octobre 2009

Un soir, des heures

à l'écoute

de l'exact égarement sonore qui serait un cadeau

pour l'ouïe
pour lui


au passage
je me promène
et l'envie d'une écoute à donner me fait tendre l'oreille
aux montages inventifs

c'est très très chouette
et comme rien ne convient
je vais le faire moi-même...

jeudi 8 octobre 2009

De la nervosité dans l'air un peu moite, coup de barre à essuyer les mauvaises humeurs juvéniles
Je viens ici pour me ménager l'instant de la réponse

Je me demande aussi si mes sommeils légers
si la pression retombée

ce genre de trucs

atténuent la sensibilité
qui m'impressionnait encore hier

retour au quotidien, en somme
réjouie, oui, mais pas trop impatiente finalement

et bien sûr c'est toujours à ce moment-là
que resurgissent tous les ex sur la boîte
ceux qui ne m'écrivent pas depuis au moins un an

ça c'est une affaire de conjonction astrale

mercredi 7 octobre 2009

D'une pierre blanche, ce 7 octobre à 23h23
Bien longtemps que je n'avais passé de si agréable journée, vrai de vrai
une légère euphorie circule dans les circuits libérés par les pressions expertes d'une jeune dame hier
ce soir bel atelier de danse et de rencontres des corps, les pieds noirs de poussière dans un centre social glauquy au milieu des tours de la cité, des rires, des sauts, des portés, de la confiance tout en sueur
quelle classe
non mais quelle classe
le drame retourné comme une crêpe
la vie comme le filet d'une source se remet à perler
promesse fragile encore
de jaillissement

(hmmm, à ce mot évoquées les chaleurs, les odeurs, les goûts et les textures de jaillissements physiques rêvés)
Waououououh - éclate l'hystéro que je suis devenue en quelques jours
il dit oui
fort courtoisement et simplement

bientôt
à Marseille

Je savais bien qu'il allait se passer un truc précisément quand je m'envolerais pour I.
bientôt aussi

merde alors
se loupera-t-on ?
ou pas ?

conditions (presque) parfaites
whaouououou (encore sonnée)
en fait c'est simple c'est très simple
j'ai du mal à y croire où est le vice caché
je ne serai pas là
ou bien on va boire un verre et rien
(alors là ça m'étonnerait se dit l'érotomane en moi, déjà sur les starting blocks)

au secours

lundi 5 octobre 2009

Retour au soleil, réjouie même, oui.
A Paris les frimas te calfeutrent et l'emportent sur l'insouciance estivale, mais j'ai tombé les couches une à une en rentrant, il fait encore un temps à baignades, c'est bien vrai ce qu'on dit.

J'ai peur de mes fantasmes.

Peur et envie du dépaysement de ton corps inconnu

Pas de message aujourd'hui - pour l'instant

et c'est tellement ténu, ce fil virtuel, que s'il se rompt
plus rien
ne légitime
l'attente

et oserais-je envoyer de telles lignes ?
(Oui peut-être
pour les frissons de l'audace)

mais
je sais bien à quel point le fantasme fait rempart contre la solitude
contre la fragilité
contre la nostalgie

me détournent de la grosse affaire bouleversante

et que si le fil se rompait
ce serait une bien grosse connerie d'attendre quoi que ce soit
- mes trésors de patience sont un nid d'illusions

en attendant
j'ai déménagé la machine multipolaires où s'engouffrent tant de temps, de rêves et de savoir
dans la lumière du salon
pour laisser place à quelqu'un qui a presque l'âge de ma mère

c'est bien
j'avais un peu peur mais c'est parti pour être simple

allez
un peu de travail tout de même
pour la route
je m'y colle

dimanche 4 octobre 2009

Je suis contente qu'il me réponde, juste quelques mots, et puis en deux temps trois mouvements on passe à un autre registre, rayon curiosité(s)
Je ne réponds pas trop vite, pas aussitôt, à peine rentrée, comme ça, je n'ose pas
et puis quand je réponds après j'attends
plutôt demain
je me sens tellement tentée par ce qui pourrait se tramer
que je ne vais pas me jeter dedans - mesure garder, pas s'emballer, discernement, laisser mijoter, se réserver pour la vraie vie, pas de transfert, éviter de se regarder vivre avec les yeux supposés d'un inconnu (comme si ça pouvait donner un sens à une trajectoire...)

je suis venue à Paris me nourrir d'affection, rien à foutre de la nuit blanche, juste badiner avec les amies souriantes, ça fait un bien fou, sérieux

quand j'essaie de lâcher un peu la cogitation pour observer ce qui se passe autour
tant d'expressions sur les visages des gens
et un fond de chagrin et de fatigue à l'intérieur de moi

du sourire aux lèvres aussi
comme un appétit qui revient

vendredi 2 octobre 2009

A deux doigts de sortir dans la capitale déjà un peu froide,
dans son délassement de fin de semaine performante, toute cette besogne abattue,
je viens du Sud et pour la première fois j'éprouve vraiment la différence de rythme, je ne parle pas des courses de couloirs du métro versus la nonchalance provençale, non, c'est vraiment dans la conception du quotidien.

Jolie journée où je recouvre mes pénates parisiennes auprès des amis avec qui j'y ai vécu. Ma dimension parisienne. Où je joue au jeu du verbe en ligne, saisir des perches et déjouer des pièges, je commence à me bercer de fantasmes, surprenant. Je me retape.

Tout de suite : un bar pour la soif l'amitié le badinage. Vite, suis en retard.

mercredi 30 septembre 2009

Un petit rhume de derrière les fagots, ça a le bon goût de remettre les idées en place, de faire lâcher la bride un peu
sécher la danse

de rendre la paresse utile
et le reste superflu

juste lire
et remettre le reste à demain
à Paris

il me reste un brin d'étonnement dans l'entreprise de nettoyage
pour m'apercevoir que la séduction est plus courante, plus normale, plus prisée
et le temps qu'elle prend aussi
que l'attitude où je m'étais réfugiée,
de beaucoup travailler entre les parenthèses de l'amour régulier

donc pas de panique
se remettre en mode femme
mais, lasse de toute cette comédie,
pour ce soir au moins, en mode je m'en fous je suis bien chez moi en chaussettes

à me confier à la petite lucarne où je me regarde le nombril, petit exutoire de la météo personnelle, au climat tempéré dans son pays tranquille
aux petits maux loin des grosses saloperies de santé dont souffrent les adorables qui m'entourent

alors bien sûr on ne va pas les bassiner pendant des plombes
même pour un chagrin d'amour
d'une nana qui a tout pour s'en remettre

mardi 29 septembre 2009

Un message de lui sur la boîte
du genre qui n'engage à rien

pour l'instant, laisser couler

je ne sais plus trop comment jouer à ces jeux-là
avec légèreté, retourner la situation,
draguer, quoi
faire durer le plaisir

pendant que la tempête finit son œuvre intérieure

ô tendresse, caresses, douceur et sauvagerie : pourquoi devrais-je y renoncer ?
au moins se consoler un peu de la chute
se remettre en lice

jouer

...

dimanche 27 septembre 2009

Relire quelques anciens billets
pour me souvenir de la solitude tempérée
agréable

pour mesurer les émotions
pour se fabriquer un nouveau quotidien
sur mesure

où éviter les gouffres de certaines minutes
provoquées par une toute petite négligence amicale
tellement déformée
que la tristesse exige aussitôt consolation
dans les bras de tout ce qui a disparu

dans ce cas
il faut sortir
il faut aller au cinéma
par exemple

il faut écrire à quelqu'un d'autre
il faut se souvenir d'une amie qui revient de voyage
il ne faut pas se dire : c'est nul, je suis seule, pas d'épaule pour m'épancher
adulte seule
c'est un beau modèle d'indépendance
et de loose
Elle me dit tu as réussi à avoir son numéro, bien joué.
Comment me dis-je mais c'est vrai il m'a filé son numéro alors que je suggérais juste une mise en relation avec d'autres tenants appliqués du second degré

très agréable au demeurant
d'écouter et de voir ce talentueux jeune auteur
sur une scène en contrebas de la place
après l'après-m'
dans les ruelles du festival de mamies lectrices

pourtant elle m'a fait part de la face off de ses histoires amoureuses

bah une touche c'est une touche
fût-elle louche

ça entretient les sourires
ça panse les maux de l'âme

et un jeune écrivain rock et curieux
ça donne du cœur à l'ouvrage

vendredi 25 septembre 2009

Done.

Less than 2 hours ago from mobilephone.

J'arrête le projet I.
...
- Tu es sûre ? Tu ne veux pas réfléchir encore avant de prendre une décision définitive. Tu peux me refiler le bébé, mais te joindre à nous plus tard.
(c'est à cette expression pourrie que j'ai commencé à pleurer)
- Je savais que tu allais essayer de me convaincre. Tu sais dans quelles circonstances on l'a commencé, inutile de rester un an de plus dans l'ambiguïté.
- Ah oui il faut que j'arrête avec l'ambiguïté. Pas seulement... Je veux dire, en général.
- J'imagine. Il faut se donner les moyens de tourner la page. Je ne sais pas comment t'expliquer, mais tu sais bien.
...
Bien sûr que j'y tiens à ce projet, j'aurais aimé le faire.
(Ce lien d'un port à l'autre, ce lien entre mes vies, mes aspirations créatives.)
On a beau être de bonne volonté, inutile de se rendre malheureux.
- D'accord, je vais y réfléchir, je ne sais pas si je continue, je te dirai...
- Non, je ne veux pas attendre quelque chose. La vérité, c'est que je risque secrètement d'attendre un revirement de ta part. Je fais ça parce que je pense que c'est mieux, j'aurais vraiment voulu réussir à tout dissocier. Je n'y arriverai pas. Le temps n'y changera rien. Dans un an, l'eau aura coulé sous les ponts,
...
...
alors voilà, bon courage
oui à toi aussi, bon courage.

c'est tout.

jeudi 24 septembre 2009

Hier je me suis emballée
ça ne fait même pas trois mois
dont un d'adieux
donc deux

mais c'est bien : j'ai eu peur
de faire n'importe quoi
en conciliant tous mes désirs à la fois

donc prudence
distance
du jeu dans les désirs
qui me lassent

pour laisser filtrer
les nouvelles combinaisons

ne pas s'en laisser conter
filer à Manosque pour le retour des beaux jours et les correspondances

me laisser tranquille
me laisser du temps
me lâcher du lest

mercredi 23 septembre 2009

Bientôt quatre mois
et ça ne passe pas

ça pourrait être de la complaisance
un défaut de volonté
mais ce n'est pas vrai

je sais que j'en ai de la volonté, toujours
je ne vois pas pourquoi je serais prise à défaut sur ce coup-là

Pas un jour sans vigilance
un vrai combat

mais ça ne passe pas
au mieux, de la diversion

et le pire, je le savais
mais j'en ai la confirmation
pour lui non plus

c'est dur sans
et c'est dur avec
on ne se voit pas, on ne se parle pas : on souffre
et quand on se voit
après, on pense à l'autre

alors...!
alors quoi

il emménage ailleurs
il ne veut plus vivre avec moi
il ne veut pas d'enfant
il ne veut pas donner

je sais tout ça

je n'arrive pas à zapper
discipline de fer
je diffère
je me dis : plus tard
ça va passer, juré

mais ça ne passe pas
c'est noué je ne digère pas

ce week end sa chute sur le coccyx
et moi je me déplace le sacrum

je ne sais pas si ça veut dire qu'on a mal au cul
ou qu'on l'a entre deux chaises

allez, plus tard
ça va passer, juré

sans conviction on s'est dit
on se voit dans un mois
pas de nouvelles

cette fois c'est lui qui dans un souffle
a dit
sauf en cas d'urgence
quoi quelle urgence
oui un gros truc une grosse galère
bien sûr
comme si on ne le savait pas
et dans un mois on sera bien avancés

alors ouais à quoi bon
peut-être juste qu'on s'est sortis ensemble de l'infantilité
et la transition est rude
je le vois bien
il a besoin de se prouver des trucs
genre : habiter tout seul
je n'ai pas le choix
mais c'est insurmontable
je n'aurais absolument pas pu accepter

et pourtant je ne peux pas digérer
d'être sans lui

remettre à plus tard
ça va passer, juré
Je rappelle
prête à lui dire non
ne viens pas
je t'aime encore

je recule un peu
"je ne sais pas si c'est une bonne idée, tu en penses quoi"
et lui aussi
pareil

l'évidence
de nos présences
l'a remué

donc

contre nous-mêmes

on décide de ne pas se voir

trop tôt

pour savoir

si c'est un résidu

ou si ça s'accrochera

cet amour-là
qu'il a déjà quitté deux fois

alors, les larmes aux yeux
je sais

pas le choix

ça n'en finit pas

mardi 22 septembre 2009

Aujourd'hui
L. m'a dit
qu'elle allait le garder

Ouah, frissons et tout
alors tu le gardes

c'est étrange, en ce moment il y a des trucs que je sens venir

pourtant c'est pas rien, ce choix, là

de garder l'enfant d'un amant

et que l'amant devienne le père
et quitte sa ville pour ça
pour toi

la nature te rattrape
s'impose
comme un bon gros cadeau dans la gueule

je compte les points
une de plus
qui prétendait vivre sereinement sans enfant
et que le corps contredit
avec un de ces culots...

lundi 21 septembre 2009

Pendant l'émission rêvée qui arrive toute faite dans le poste
je fais consciencieusement le ménage

temps diffracté

mise en abîme

à la radio ils posent les questions dont j'attends les réponses
je suis l'anonyme auditrice qui rêvait ces dialogues-là depuis chez elle
à des milliers de kilomètres de Paris
sur un ordinateur avec Internet à 56k
à I. en 2003

qui aujourd'hui écoute les réponses à ses questions muettes :
vous êtes dans mon salon, je fais le ménage, bonjour, pourquoi vous... ?
la voix des ondes, prolongement de ma pensée,
parle d'un livre
qui parle de radio
"une aube avec personne"
qui parle d'identité
personnelle et nationale

la voix n'en finit pas de résonner
dans le vide
écho perpétuel
"qui suis-je ?"
"qui suis-je ?"
"qui suis-je?"

et bien sûr, hasard romanesque idéal, l'auteure est en résidence dans ma ville

Je prends donc tout ça comme un signe pour faire le livre qui infuse au fond de mes dossiers
détruit avec un disque dur en 2006
mais sauvegardé en ligne même si je ne retrouve pas le passage sur la nana qui attend d'être reçue dans un couloir de la radio

Wendy, bonjour, est-ce que tu crois aux échos ?
Encore de drôles de rêves cette nuit, que j'ai déjà presque oubliés
ah oui
un peu comme un film, la série de l'été
une mère qui vient chercher sa fille dans un beau coin de campagne, Provence ou Drôme, possible, et puis finalement la fille reste parce que le garçon s'est décidé à la garder auprès de lui
tout le monde applaudit, même la mère est contente, elle dit que comme ça elle n'aura pas à faire la route pour aller très loin, en Bretagne peut-être, là où elles avaient prévu de partir.
Moi je me retrouve accroupie au bord de l'eau à discuter avec ma mère, je me souviens des poignets d'une chemise un peu classe, et il y a une certaine complicité, une certaine entente entre ma mère et moi.
Je lui demande comment faire pour ne pas me tromper encore de voie, pour construire quelque chose avec la bonne personne. Je ne me souviens pas de ce qu'elle me dit, il y a un peu d'amertume, je pose ma tête sur son épaule. Quelque chose qui ne pourrait pas vraiment arriver, en vrai je n'ai rien dit à ma mère, rien de rien, même si elle sait puisqu'elle ne me demande plus de nouvelles du tout de cet homme qui partageait ma vie. Parce que j'ai quand même laissé entendre au début de l'été qu'il ne savait pas ce qu'il voulait.
Et puis je suis dans la campagne, je rencontre les gens de la radio, on va faire une émission à Avignon, il y a des copains curieux de les rencontrer en vrai.

Hier j'ai décidé de mettre à profit la belle énergie du week end, de tous ces spectacles et de tous les gens croisés, de l'automne engouffré dans le quotidien. Éviter l'ultime concert auquel assistait l'immature, même si ça me faisait envie. Samedi soir, on était allés à la chapelle, danse contemporaine et musique baroque. Puissance, émotion, une énergie virile, et M. nous a dit, venez mercredi soir à l'atelier, on parlera après, des projets pour I. et sans se concerter, avec l'immature, on a dit : oui, moi j'ai pensé "tout commence et tout finit par la danse avec lui" et maintenant je me demande si c'est une bonne idée, comme il y a bientôt trois ans je n'étais pas très à l'aise avec cet homme qui me draguait en jouant, il y avait l'ancien amour qui jouait aussi, et comment danser sans arrière-pensée dans tout ça. C'est juste après qu'il m'avait eue. Il s'était interposé, en somme, entre l'ancien amour et moi, alors c'était clair, il savait ce qu'il voulait, j'avais trouvé ça classe, et j'avais pris le risque d'ouvrir de nouveau la boîte de Pandore. Émotions, peurs, vertiges. Mercredi c'est pas pareil mais quand même des fois je vous jure. Tu essaies d'être rationnelle et la vie prend les formes inconséquentes de la création.

Donc hier je suis allée glaner les sons de la ville et du centre expérimental de musique. J'y ai rencontré R., qui m'a invitée à partager l'énorme pot-au-feu qui mijotait depuis la veille dans une drôle de thermos, expérimentale aussi, et j'ai passé une soirée avec des gens sympathiques que je ne connaissais pas, et c'était parfait.

samedi 19 septembre 2009

Ce qui commence à devenir difficile, aujourd'hui, entre les effets du vin, la grisaille et le boulot du jour, des pages entières à condenser, un monde virtuel

c'est que j'attends qu'il m'appelle
j'attends de le voir

pas comme avant, pas comme si on ne s'était jamais quittés
mais comme quelqu'un qui malgré tout malgré lui et moi
est un alter ego
un aimé

c'est trop tard pour reculer
je crois

on a convenu de voir ensemble le dernier spectacle
je me suis interdite de lui demander combien de temps il reste
d'évoquer des choses trop personnelles

le pire, c'est que je n'ai pas l'impression de me tromper
je n'y pense même pas
juste
je me réjouis malgré moi
de voir cet homme
que je n'aim(ais) plus

Mais
pour ma propre survie
continuer de me mentir à moi-même

Me remémorer : nous ne pouvons pas vivre ensemble
nous ne voulons pas la même vie
et ça nous rend malheureux

Frayer, et c'est risqué, un passage pour ce qu'il reste
sans complaisance et sans compromis
mais il faut que ce soit la dernière fois avant longtemps
sinon les prétextes abonderont

putain de merde
je sais que ce salaud pourrait encore craquer

pourquoi se mettre d'aussi ridicules barrières que la peur de perdre sa liberté
(ouf, ma colère revient.)
Pluie à seaux

il s'en passe des trucs en ce moment en amour
en enjeux de vie

ce soir, derrière les moments d'impro bien impuissants pour cette fois à raconter ce que nos trajectoires ont de violent et d'improbable

j'ai traversé plusieurs retournements
qui concernent les amis de l'homme que j'aim(ais)
leurs doutes
ou leur rebond

rencontré sous la pluie T. qui était là
comme associé, sans surprise, à la musique de l'immature
mais en fait non
il était avec une femme
qui n'est pas celle que je lui connaissais
celle qu'il a quittée
ainsi que je l'apprends

ensuite
A., pas prévue non plus au programme
en plein doute existentiel
amoureux
où est la voie

peur de perpétuer archétypes
quotidien malheureux

peur de l'ombre

comme tout le monde

et dans tout ce bordel

je me surprends à donner des conseils
comme si je savais où j'allais
comme si j'y comprenais quelque chose

et dans tout ça
j'ai même passé quelques vraies minutes
à causer dans la rue, en tête à tête
avec l'immature

en évitant trop de proximité
en évitant de longs regards

en cherchant pourtant sa présence pendant les concerts

mais

quand je rentre
je me dis
oui
peut-être que ce sera lui quand même
ou pas
ou quelqu'un d'autre
mais

je vais réaliser mes rêves
bien comme il faut
dans la joie
et non la tristesse
pas facilement peut-être
mais dans la joie

jeudi 17 septembre 2009

l'homme que j'aim(ais) n'existe plus
Tout ce qui, pendant l'été, a infusé
(retour dans mon antre)

s'est joué là
à la faveur de deux petits verres de blanc
au centre de Marseille

j'ai gardé la distance de circonstance

ce qui m'a surprise
ce n'est pas l'intensité d'un désir resurgi
ni de ce qu'on a partagé

mais son enlaidissement
délibéré, plus ou moins

son regard et ses quelques mots
sa tentative, non verbale essentiellement
pour retrouver le chemin de ce qui nous lie

pour autant je n'ai pas fui son regard
c'est vrai, il y a une connivence (et tant mieux)
depuis hier je l'éprouve comme des pas dans la neige
- la lutte, on s'enfonce dans la surface blanche qu'on croyait solide

puis il y a eu les autres
leur sourire et ce qu'ils savent, de fait et par intuition aussi
et c'était bien
c'était simple
joyeux, à cause du projet collectif
veiller à contenir l'émotion, en observant les autres et un peu de silence

je rentre
20h15
même pas deux heures
voilà

c'était une bonne journée de toute façon
depuis que le sommeil a endigué les salves de gros temps

l'année se nettoie
et dans la transparence
s'esquisse une profondeur
possible

mercredi 16 septembre 2009

25.08 est-ce que ça déjoue le sort ? Le cadeau, toute fin des vacs, d’un regard sombre et précis dans le corps d’un éphèbe doux et sensuel, d’un garçon peu disert et bon compagnon, belle gueule et bien né (et bien gaulé). Nuit volée, baume réparateur, rien d’autre, conjurer la solitude et la détresse de la perspective du retour, aux espaces privés du dernier mobilier d’un amour en processus d’extinction. Cette nuit, partager l’intimité prometteuse, délicieuse, d’un jeune homme de mon âge, tempes déjà grisonnantes, marcher la nuit sous la voûte céleste, son corps de luxe, désir ravivé, explorer, montée en puissance, curiosité et étrange facilité des corps à se goûter…
"A trois heures du matin, il parle de Kant comme de lui-même. Moi, je parle de cyclones, pendant que nous regardons tomber la neige. Nous lévitons tous les deux. Oui, c'est ça, la Méditerranée contre les Caraïbes au milieu d'un cyclone qui défend cette île seule. Île perdue qui veut avaler la féroce et manipulatrice Mare Nostrum masculine, cultivée, extravagante. Mer savante, mer qui frappe mes cuisses en me jetant vers le fond avec des paroles savantes. De quel genre de sexe s'agit-il ? Sexe dépressif, sexe succulent, sexe passé par Barthes, Beckett, Derrida, Musil. Que de gens dans ce lit, mon Dieu ! Je ne comprends pas, je ne fais que toucher, je marche sur son dos avec mes doigts et sur la pointe de mes pieds j'emporte l'envie. Je sens de l'eau sur mes cuisses. Chaleurs, douleurs, restes de sperme, qui se trahit quand on y goûte. De la neige avec une mangue."

Wendy Guerra, Mère Cuba, Stock.
Des jours comme aujourd'hui, ça recommence à être absurde.
Je suis chez moi, presque j'oublie son existence, en ce moment vivre en compagnonnage avec les débris de vécu, d'espoir et d'amertume.
Quelques mots sur ma table avec des objets disparus.
La voix téléphonique, pas plus d'une minute ou deux.

Mais chez moi, là aujourd'hui
au beau milieu sonore des moteurs des travaux des klaxons des cris des tintements du tramway
quelques notes détournées d'une fanfare
agréables
comme pendant l'été à la terrasse du café
et puis je réalise

ce truc décousu

il répète en bas

à quelques mètres

pour vendredi.



je change de pièce
F. passe

je reviens
et j'entends.

Et alors j'ai beau savoir
qu'on s'en fout bordel
que de toute façon bien sûr il vit merde

juste entendre

malgré les vapes où me plonge le coup de froid qui n'a avec la grippe qu'une lointaine parenté

juste entendre
ça me fait chier
ça me donne chaud

partir loin ou descendre
ou appeler les flics
ou attendre que ça cesse

ou se répéter
de toute façon
de toute façon
c'est un leurre

dimanche 13 septembre 2009

Depuis hier une petite joie
une sorte de vitalité

que je surveille du coin de l'œil
pour pas la laisser déborder

parce qu'il se passe des trucs agréables, des soirées dans de jolies maisons avec des jardins, des gens nouveaux et du vin

parce qu'on m'appelle pour me proposer
vélo vers plage
salon de thé
et
des rendez-vous projets
alors curieuse de ces perspectives qui s'ouvrent j'ai moins peur d'être isolée

parce que j'ai planché sur des bouquins
et c'est du bon boulot

alors l'autre immature, là
tant pis pour lui

il y a probablement un homme charmant et solide
qui sera ravi de me rencontrer
bientôt

vendredi 11 septembre 2009

A la montre arrêtée il est 18h15 mais je savais que c'était la vraie heure
Dans la semaine d'affres je viens d'en finir une de lecture
Presque mille pages

- un bon petit séjour dans le désarroi humanoïde

j'achève le deuxième, un bon gros roman américain (mais irlandais, donc mélancolique) qui n'oublie pas le happy end

Ce qu'à petits pas nous faisons, nous imposons de la lumière et nous l'entretenons (...)

Tourne le monde. Sous nos pas hésitants. Cela suffit. (...) La trace imperceptible d'une haleine de vieille femme. Le tic-tac. Le ventilateur. Le vent.
Le vaste monde.


Et que le vaste monde poursuive sa course folle, Colum Mc Cann, Belfond
Et puis vers minuit il y a l'ange qui apparaît dans la lucarne
avec son bon vieux style elle s'apprête à mettre la viande dans le torchon
mais bon finalement en quelques lignes de comment ça va cette installation et sur un "rappelle-toi tu m'avais tiré le yi king dans la cuisine il faudrait remettre ça" elle me dit bouge pas je vais pisser, prends trois pièces
à distance ?
c'est vrai que le téléphone aujourd'hui ça franchit la Méditerranée à la vitesse du son
Sa boîte risque de fermer mais il y a toujours une solution, c'est l'Orient ici elle me rappelle, c'est un processus, incongru le stress parmi tous ces gens calmes, se laisser porter, dans le flux de la majorité, voilà.

donc ce yi king qui raconte toute l'aridité du cheminement, avec ses putain de côtes et ses retours en arrière, mais c'est normal, et pas bouillir de passion, de colère ou de faux-semblants, connaître l'idée du danger et se présenter dans son dénuement, le mur de la cité est dans le fossé, pas le choix, il faut épouser le changement, pas lutter, c'est sympa la sagesse orientale la formule du bien-être pour les naïfs dont je suis

mais surtout la belle pleine de vitalité qui me consacre une heure en pleine nuit
comme à l'époque de la terrasse sur le B. en me traitant de petite joueuse elle se goinfrait à 2 du mat' des précieux fromages odorants qu'on prenait soin de rapporter de chaque séjour au pays

et la roue tourne, c'est éclatant d'évidence, les trajectoires s'inversent, trois mois plus tôt c'est moi qui la consolais, je lui disais vas là-bas si tu en as besoin

résultat elle se l'est prise sa claque sur une île grecque majestueuse
elle est repartie avec une énergie à défoncer les montagnes

et là dans la lumière de l'autre côté de la Méditerranée
elle m'envoie des "chérie" désinvoltes à requinquer les diables

jeudi 10 septembre 2009

La seule façon de dénouer, de toute façon
c'était de l'appeler

alors j'ai appelé
dans la rue qui monte en allant au boulot
répondeur

et après dans le vrombissement des scooters en redescendant
trouvé la cour d'une maison aux allures un peu classe, un peu école de Nancy avec des silhouettes de lampes à la fenêtre, l'impression qu'on allait me dire de partir et ce n'était pas du tout isolé du bruit

son entrain dans la voix
à l'idée qu'on se voie

mais bien sûr seulement un créneau possible, hein,
dès le lendemain il n'aurait plus le temps

: à la fois éprouver
l'impossible distance entre nous, je le savais, il suffit de se parler
il suffira qu'on se voie
pour que tout resurgisse
les tendresses frémissantes à la surface de la peau à la surface du regard
- onde à grand peine étouffée, et forcément vivante

et

la négligence
- ah oui après pas le temps
et avant non plus
d'ailleurs déjà un truc prévu au même moment mais c'est pas grave, ça se reporte
(putain la concession)

mais bon voilà
c'est fait
c'est un peu dénoué
même si c'est provisoire

peut-être que demain matin
un peu moins de plomb sur le sternum
moins de larmes au bord des lèvres

et peut-être que je me souviendrai
que c'est pas crédible
de jouer ainsi l'enjoué
et d'être aussi avare
de son temps

ou aussi prodigue

ce qui revient au même

mercredi 9 septembre 2009

Il règne un soleil de plage
je suis fourbue
c'est agréable ce soleil
je n'irai pas au beach volley
je lis des livres
en ce moment la chaleur s'entête mais la lumière déjà
se retire un peu plus loin le matin
et décline un peu plus vite à l'expir
sur la façade blanche aux volets dépliés, l'ombre a remonté d'un étage
sous le bleu exubérant

sortir la tête de la chaleur tragique
ménager un espace pour sentir quelques secondes

le corps qui récupère
l'image d'une tarte dans la lumière de la cuisine

rien n'est guéri au fond, j'ai bien compris ce midi quand la conversation a roulé sur les chemins qui divergent

et puis aussi, que ça pouvait se digérer

j'ai même dit : je sais bien que c'est mieux, quand j'aurai du recul j'en serai persuadée

j'ai même eu l'intuition, à propos d'un autre mais au fond c'est pareil, qu'il ne faut surtout pas forcer les désirs, c'est du simple bon sens

je rentre je suis fourbue
voilà, c'est le retour au monde
des émotions gérables

je m'y retranche
m'y rassemble

lundi 7 septembre 2009

Je suis fâchée, non : peinée, que celle avec qui j'ai partagé à deux reprises le quotidien, que j'ai accompagnée dans des moments, pas n'importe lesquels, et qui m'a accompagnée aussi

ne trouve rien d'autre à me dire, au téléphone

que : machine m'a rapporté que, et j'en ai marre.

outre le petit mail pour rétablir les faits

je me dis que quand même, vu la période que je traverse
elle aurait pu me dire autre chose

elle aurait aussi pu prendre l'initiative de m'appeler

elle aurait pu se préoccuper de moi, en somme

- rien de plus, car je respecte ce qu'elle vit en ce moment, sur la sphère diamétralement opposée.

Et même : je suis triste de ne pouvoir m'en réjouir davantage, partager ce bonheur-là
(je ne peux pas, alors qu'avec la danseuse je peux
mais l'une est ma sœur, et l'autre mon éclaireuse.)

en tout cas, c'est dommage.
ça ne gâchera probablement pas l'essentiel, mais quand même.
il faudra que je trouve la façon de lui dire
sans que nous n'entrions en palabres infinis

malheureusement, j'ai bien peur qu'il n'y ait pas d'alternatives
vu l'excès de paroles dans lequel nous versons de plus en plus.

pas garder ça sur le cœur pourtant.
y réfléchir.

dimanche 6 septembre 2009

tu as eu tellement peur d'aimer, de te perdre dans l'amour, d'être trahi si tu lâchais prise, que le contraire s'est produit,à force de te vouloir libre, vigilant, tout à fait indépendant, observateur de toi-même : l'angoisse t'a étreint d'être engagé dans une histoire forte de connivence, de confiance et de fidélité.
La peur de l'aliénation, mais alors une peur irrationnelle, infondée, la friture sur la ligne. Le bug.
La danseuse m'écrit instantanément :
c'est poser les choses autrement, situation douloureuse mais juste, saine. Se revoir sans le trouble émotionnel qui fausse les actes. Ça prend du temps mais ne laissera rien en suspens.

La danseuse toute en rondeur. Avec émotion je m'aperçois, et le lui dis, que depuis toutes ces années elle est allée vers l'expression de sa féminité, une grâce. Elle qui sur les photos voit le petit mec teigneux qu'elle était à son arrivée en Tr.

Et j'éprouve une tendresse heureuse à son égard, une toute petite étincelle qui adoucit les aspérités abruptes de la pierre coincée dans la cage.

Ma mie, ma danseuse, mon éclaireuse.

vendredi 4 septembre 2009

Que c'est long, long long
d'en finir

comme si au fond
je ne pouvais m'y résoudre

habitée
par l'amour

et comme dans Clair de femme
il me faudra pour en découdre
aimer un autre homme pour garder le feu vivant
- qui me brûle à l'intérieur
faute d'être voué à quiconque

au moindre coup de vent
embrasée
en vain

jeudi 3 septembre 2009

Bain de sueur, au moins voilà
défaillir faute de manger
slalom en vélo entre les badauds de la rentrée et du ramadan
ça n'a aucun sens de faire les boutiques, putain, tuer le temps trop lourd
trop lourd trop lourd
je me sens vite en chute libre
dès qu'on ne me répond pas, quand je ne vois personne, quand je comprends aussi
qu'une rêvasserie sans objet n'a décidément pas de fondement
un jeune homme croisé au début de l'été, sur twitter en quelques mots comprendre que la rentrée des minots doit concerner le sien
et que derrière un tel message il y a une harmonieuse vie de couple
ce n'est pas du dépit
non :
je l'envie
d'accord moi j'ai tout le temps de faire exactement ce que je veux
mais ce que je veux
c'est ça, merde
amener un tout jeune enfant à l'école
oui, exactement
et partager bien plus qu'un lit ou des vacances ou même de la vaisselle
bordel
avec l'homme qui aurait eu le courage et l'amour et l'optimisme
de fabriquer cette vie et cet enfant-là
avec moi

mercredi 2 septembre 2009

Là il est plus de trois heures du mat' mais c'est important (l'heure du blog dit n'importe quoi)
1er septembre enfin une journée debout pour de vrai, juchée sur les talons
ce matin réveil empêtré pourtant dans la toile accablante
en plus dans la matinale ils servaient la soupe au ministre, désolant
mais
fourmillement familier du boulot retrouvé, ses lassitudes prévisibles et les perspectives joyeuses de menus projets
ça m'occupe
l'acuité de ma fine mouche de collègue qui m'a fait tant de bien hier, encore un clou pour assurer ma confiance vacillante
et la présence des hommes
souriants


ce soir avant de partir boire des verres
un message de l'inconnu : une révérence loyale ; je respire : j'existe
un appel aussi de l'homme que j'aimais, je maintiens la distance de bon aloi avec écoute et sincérité

Le film renversant d'Audiard

retour, je réponds à l'inconnu, sincère et réglo avec des mots coquins quand même pour le trouble
- pour exister
Ne m'oublie pas

retour au monde des tractations affectives
sensuelles

oh là là peut-être vais-je sortir la tête de l'eau

peut-être que de nouveau
je vais m'y croire un peu

saisir par grandes goulées le soleil nonchalant de Marseille
goûter les minutes une à une

lundi 31 août 2009

Aspirée par l'écran
pour éviter tout le reste
accablant oui

aspirée par ce qui n'a aucun sens
nostalgie d'un amour de vacances

comme si j'avais quinze ans

les profondeurs sont tellement douloureuses
renoncement

en surface ça va
en théorie
je gère

mais peut-être que tout ça
c'est du laissez-aller

et aussi que ça fait quatre ans que je suis seule
c'est aveuglant sur la terrasse en plein soleil
puisque ma vie ne semble pas tellement

en surface

avoir changé
Et merde

l'essentiel de cette journée
réside certainement plus dans les retrouvailles des amitiés, écloses sur territoire pro, et ravivées à la faveur d'un dernier barbec de vacances
que dans le silence de l'inconnu dont j'ai partagé la nuit lundi dernier

dans le regard lucide et bienveillant de femmes à qui on ne la fait plus
que dans le fantasme qui tente de s'insinuer là où le vide s'installe

Tu n'as pas rappelé, dommage. Le dialogue a pourtant un côté classe, qu'en penses-tu ?

Demain midi
reprendre pied dans un quotidien
qui pour être moyen
n'en est pas moins
concret
c'est-à-dire
essentiel
et par conséquent
prometteur

dimanche 30 août 2009

4. 08. 06

I.
Les Marlboro de la nuit. Tu vas les acheter un peu loin à 6 euros 50 histoire de traîner la tristesse sur les trottoirs allumés de Belleville le soir. Vendredi. On plaque des soirées sur les emplois du temps pour pas sombrer.

Marcher la nuit. Comme en 96 où il m’arrivait d’aller fumer – mais c’était si rare – sur le boulevard désert. On dit « je » mais c’est un leurre. Un truc que tout le monde devrait bien savoir à présent. Depuis des siècles qu’on se tue à le répéter. Un leurre comme les soirées plaquées sur les emplois du temps et les apéros qui soulagent, comme baiser fugitivement avec un inconnu. Ca aide tout juste à affronter la tristesse contre laquelle tu luttes depuis dix ans.

Depuis dix ans.

Oui mais tu luttes contre elle parce que tu la connais. Tu l’as connue parce que tu as connu le bonheur, fût-il furtif.
Se retrouver seule avec la douleur, comme tu as pu te retrouver avec le bonheur, endormie avec le bonheur, réveillée avec le bonheur.
Dans le désir allumé le long des jambes, le long du dos, de cet homme chaque soir contre toi. C’était pas si légitime après tout. C’était bien.
Dans les cascades des rires d’amitié un peu saoule.

C’était le bonheur, la vie qui file et les levers de soleil sur les toits, nuit blanche de cuite, ou prise de sommeil dans les bras de l’aimé, nuit solitaire sereine de 2002 à Toulouse après l’absence, revenue de l’ailleurs douloureux, revenue de loin, d’un hiver austral de juillet où j’engouffrais des pleurs dans les toilettes entre deux heures de taf.

Lourde Namibie de désert et d’animaux
Il me semble, paradoxal manque, que j’ai laissé un bout de moi là-bas
Rien de concret
Rien de tangible
C’était proche et le bout du monde.
La parenthèse insensée.
Comme si la réalisation des plus beaux rêves, l’utopie de l’Ailleurs ou du lointain consistait à ouvrir la porte sur un jour banal, dont on rêve bien plus tard comme d’une clé des champs perdue…
Grise Windhoek ensoleillée
Windhoek de sable et de vent bétonnée
Figée dans une pause crispée
Au sourire impossible
Qui m’a conduite à Rome à Naples à Pompéi
Où j’ai perdu retrouvé
Un amour de ma vie

En dix ans j’ai connu les départs et l’amour, le plaisir d’apprendre et l’errance.

J’ai connu des rades et des endroits parmi les plus beaux du monde – des dunes, des canyons, des lacs, des éléphants, le détroit du Bosphore. J’ai connu la profonde amitié, les larmes auprès des aimés, les réflexions intenses. L’alcool et les nuits de danse. La souplesse du corps. L’envie et la satisfaction. Paris et d’autres pays. Jamais la misère. Je n’ai jamais connu la misère. L’angoisse, le stress, la réussite. Les rencontres souriantes. Les pique-nique au bord de l’eau. Le vin, les meilleurs repas. Les luttes et les renoncements. Les recommencements. Les initiatives. L’amour fou. La mer.

J’ai tout à vivre encore. Sur le chemin des possibles, des expériences plus belles encore, apaisées.
Je ne sais pas – peut-être jamais apaisées. Mais des expériences : oui.
Je suis vivante.

J’ai dormi sur des plages, j’ai pris le bus de nuit, j’ai pris l’avion longue distance, connu des endroits inquiétants et des verres d’un soir. Des décisions brutales et de longues tergiversations. Des gamins bordéliques avec le regard vide ou le goût d’apprendre dans les yeux. La culture, la musique, tant de livres.
Tout ce que j’ai voulu.
Tout ce dont j’ai rêvé à la fenêtre du désarroi en 96, je l’ai connu. Et même au-delà. Les prises de bec, les prises de conscience, les prises de risque, les émotions. Les espoirs renouvelés. L’expression. Alors si je suis triste – je suis triste – ça va bien finir par passer, bien finir par se dissoudre, se dissiper, et pas seulement dans une nuit avec une grande tablée.

Ou alors si. C’est peut-être le seul truc. Les nuits aux grandes tablées. Clope. Rideau.


II.
Cette année, j’ai connu des hommes, qui m’ont embrassée, à Paris, à Istanbul.

De jour en jour je débusque les désaveux de mes croyances. Ou plutôt, disons, de mes intentions. Moi qui aime faire l'amour, qui aime voir les hommes jouir, leur douceur et leur force qui s'enfuit d'un coup, leurs yeux fermés et leurs corps en suspens et tous leurs baisers palpitant du désir assouvi sur ta peau juste après. Moi qui aime faire l'amour et qui erre si nul homme ne me serre contre lui, calé contre mon dos dans la nuit, un bras autour de moi pour me dire pour me dire pour me dire je suis là. Moi qui aime les hommes et qui n'en voudrait qu'un. Celui-là n'existe pas. D'où mon doute, mon angoisse mon errance. Est-ce que je me trompe sur la nature – fût-elle acquise – des hommes ? Ou de l'amour aujourd'hui ? Ou est-ce que je vis une duplicité personnelle, à m'amouracher des hommes qui fuient, des libres, des infidèles... des immatures ?



III.
Cette année j’ai suivi les amies qui m’ont éclairée et aimée. D’autres ont pris sans s’attarder. J’ai vécu auprès d’une petite fille accaparante, avec sa béance et sa force. J’ai vécu des soirées tamisées que j’aurais pu zapper. Des bars sombres aux sonorités assourdissantes. Des musiciens. Des types avec une passion dans le souffle et les doigts. J’ai aimé un homme qui aurait mais qui. Un autre qui ne sait pas comment aller vers ses rêves. Ses rêves si valeureux que je les ai longtemps crus réels.
Des cafés noirs dans les bars. Des cafés dont le marc dessine un avenir sinueux dans la tasse. Des speeds. Des retards. Des attentes. Des heures d’attente. Des impatiences. Des bateaux sur le Bosphore.

La vie je t’aime. Salope. Des peurs. (Je n’ai jamais connu la guerre pourtant. Ni la maladie. Ou par hasard. En passant.)

J’ai des mots à vous donner, à vous les hommes que j’ai aimés. J’aimerai encore et j’aime violemment. Eperdument. J’aime à tout donner. A tout jeter sur la table mais je le contiens parce que les hommes. Les hommes. J’aime les hommes comme je n’aurais jamais cru.
Etre belle. Pas toujours. Le corps las et gênant. S’épiler. Grossir. Délaisser. Traîner en pantoufles. Se donner du plaisir. Trop y croire et avoir peur d’y croire. Culpabiliser. Traîner dans les librairies pendant des heures. Essayer des fringues. Inventer des histoires. Mentir mais pas tellement. Rêver, projeter, fantasmer. Déambuler, humer l’odeur des trottoirs et l’air des forêts l’automne. Espérer des mails et des coups de fil. Indéfiniment. Parler des heures au téléphone. Penser à filer une adresse et un code. Se faire prendre contre un mur. Les parfums. J’ai travaillé. Rouge à lèvre. Allure. Adulte. Vendre, acheter, enseigner. Enregistrer. Partager.
J’ai connu l’enthousiasme. Les sommeils. Le mal de dos. Les tristesses des autres. Eux que j’ai invités à s’épancher, j’ai recueilli leurs confidences comme un don naturel sans m’en apercevoir. Parce que moi-même je parle je parle je parle. Parler pour l’incandescence, se livrer pour s’oublier. En roue libre, des heures, fous-rires, communion. La liberté, la souffrance, refusé les carcans. Me soumettre. Jouer aux cartes. Joué. Cloper.
Chaque clope à cramer un espoir.

IV.
Quand je vais partir de Paris – je vais partir – j’aurai peut-être exhumé et enterré aussi. Pas tout. Il est 23 heures. C’est une heure tangible pour céder au sommeil. Mon meilleur ami revient demain matin. Ici je ne bosse pas mais je suis un peu la seule. C’est bizarre, mais c’est sûrement nécessaire pour n’avoir rien à faire. Pour ne pas pouvoir me fuir. Pour être seule à seule. Ca fait chier mais. Perdre mon temps consacré à tant d’autres diversions.

J’ai été à l’aise. J’ai aimé voir défiler des paysages à la vitre des trains et des bus avec l’esprit en balade. Aimé fumé des clopes en souriant à la fenêtre étoilée. Dansé des mazurkas jusqu’à l’aurore dans la saoûlitude. Lu des textes de mains amies. Ecouté. J’ai aimé vivre et j’aime toujours. J’ai pleuré, j’ai tant pleuré et ri. Trouvé des associations d’idées inédites. J’ai aimé me lever, m’arracher à la torpeur et goûter au matin. Aimé regarder de belles personnes. Aimé embrasser des nuques et savourer les baisers entre vos lèvres. J’ai aimé aimer et ça m’habite toujours, fort. J’ai pleuré d’impuissance et d’ennui, de frustration, d’humiliation, de regret, d’abandon, de dépit et d’incompréhension. De bouleversement. J’ai pleuré si souvent dans ses bras. J’ai aimé qu’on me caresse. J’ai aimé rester longtemps sous l’eau chaude. Regarder mes jambes et mes pieds bronzés de haut. J’ai jamais vraiment aimé ces cuisses-là.

J’ai aimé réaliser mes rêves.

Je vais me coucher. Toujours un peu à la limite. Quand ça suffit. J’ai aimé marcher dans la rue pour retrouver un amoureux. Répondre au téléphone quand c’était son nom. Tout ce sel-là. Et que ça recommence. Que ça continue. J’ai aimé aller à la rencontre de mes amis. Et chanter aussi. L’odeur du bois. Les jours sans lendemain. Imaginer ce qui suivra. J’ai aimé rêver être enceinte. J’ai aimé rêver de sexe et me faire réveiller au beau milieu du rêve par l’homme qui me faisait l’amour. J’ai aimé caresser leurs corps et les regarder jouir et gémir dans leurs bras. Leurs regards de cristal voilé. Leurs épaules suspendues au grand frisson.
Prendre dans mes bras les femmes avouées vaincues. Les voix, vos bouches et vos regards.
Les hammams. Les restaus. Les salles de classe. Les salles de spectacle dans le silence feutré. Les salles de ciné. Les trottoirs et les bords de la Seine. Les bords de mer et les bords du monde. Les efforts impossibles. Les respirations. Les pauses. Les mains. Les encore.