lundi 30 novembre 2009

Le lendemain
sous la pluie battante

un long dimanche doux de ménage
il arrive en début d'après-m

c'est une si belle rencontre qu'elle en est troublante, en quelques heures on se retrouve à se marrer, à se dire des trucs très persos avec grand naturel, un peu de timidité, on rectifie le tir si le second degré paraît trop ambigu, on lave nos vêtements ensemble, dans la journée il m'a appelée femme fatale, tu es rayonnante il dit, là, en jean et lunettes et tongs du dimanche à faire le ménage, et si sa de nouveau compagne n'arrivait pas dans trois jours

pour qu'on vive ensemble
un mois

je serais déjà

dans ses bras

(je tombe amoureuse toutes les trente secondes...?)

dimanche 29 novembre 2009

Dix ans que ça n'était pas arrivé : quand tout le monde est parti, seule à ranger !
ça alors.

C'est un bon moment : c'était une bonne soirée. Personne ne se connaissait, tous ne sont pas venus, et comme prévu, c'était plaisant, ces rencontres croisées. Deux enfants pour les cris, démonter le canapé et rapprocher les mamans.

les affinités culturelles, les sourires.

Le vent jette à terre le citronnier nouveau venu sur mon balcon.

La pluie arrive. Rentrer le linge.

Retour à l'écran pour la trace de maintenant. Pour que demain la vaisselle ne soit pas ingrate, mais l'écho des grandes fêtes des vingt ans, où je grattais les vieilles poëles à l'eau froide.

Déjà j'avais succombé une nuit de juin à la douceur de C., dans la brèche de nos déconvenues,
et là
ça recommence
ou : ça peut recommencer
il n'a pas pris le train depuis l'autre bout de la France pour venir ici
comme soudain dans le coin de l'écran il l'a évoqué tout à l'heure
pour me prendre dans ses bras
pour finir ce qui était resté en suspens
il y a plus de dix ans

mais si on devait finir toutes ces ébauches
...
on se raconte ce genre d'histoires
pour redonner du sens à une trajectoire
évidemment c'est agréable
en pleine vacuité
l'horizon des possibles
(encore)

jeudi 26 novembre 2009

Réseau de sens cette semaine
convergence

personne pour avoir confiance et faire les choses à ta place me dit l'une
je vais te coacher me dit l'autre

et plus ça va
plus c'est une évidence

il n'y a que moi qui puisse faire ça

maintenant

ça fait sept ans qu'ils traînent leurs basques
qu'ils végètent
dans les idées

sortez maintenant !

mercredi 25 novembre 2009

Libre cours à la grande bonne humeur
aussi rigolarde et attentive
que j'étais nerveuse et frustrée la semaine dernière
satisfaite de ce grand choix d'il y a deux jours
au point que toute l'attente ait dégonflé
au point que les perspectives de plaisirs gourmands à picorer prennent le pas

Au beau milieu du repas
alors que j'avais tendu une gentille perche à celui dont je rêve parfois
au sujet d'un restau où il pourrait m'inviter quand même
il m'a répondu "va savoir...", plus songeur que provocateur (moi qui m'attendais à une réplique bien sentie) en me rappelant que je suis sa collègue - ah cette méfiance pour la gent professionnelle ;
en osant lui rappeler que je n'étais pas que ça
on a déclenché la réaction-témoin : "ah mais vous vous faîtes la cour, tranquille quoi"

là ça y est
c'est surligné en fluo au tableau

libre à moi de laisser monter
ou de jouer des apparences

je me sens disposée
au grand risque de l'aventure sans lendemain
avec cet homme à revoir tous les jours

je suis flattée
ravie
de nouveau j'aime bien les hommes
avec leur drôle de mode de vie

lundi 23 novembre 2009

La vie te fait des blagues, c'est bien ce qui m'arrive aujourd'hui.
A peine rentrée, la sonnerie flûtée du téléphone à domicile.
C'était l'immature.
Presque une heure.
Avec du rire et beaucoup de sincérité - c'était la bonne journée pour ça.
Parce qu'il n'en pouvait plus de ne pas me parler.
Il avait peur de me croiser dans la rue.
J'en avais l'intuition, depuis que V. à peine revenue d'I. l'avait croisé dans une fête. Tout était parfaitement lisible pour moi, il l'avait vue au bras d'un homme, et il s'était dit : ça pourrait être elle. (moi.)
Et c'est précisément aujourd'hui qu'il m'appelle, les jeux sont faits c'est bien clair mais comme ça on se dit tout, moi surtout, qu'il me manque, qu'il a été odieux pendant notre retour à I. l'an dernier, que j'assume tout et que c'est dur en ce moment et qu'on ne se reverra pas tout de suite.
et je n'ai plus envie de l'appeler l'immature, je lui ai rendu le choix de ne pas vouloir la même chose que moi. C'est lui qui m'a dit que je lui avais donné envie d'y croire, moi. La femme que j'étais et qu'il avait eu envie de conquérir.

Si on avait lu mon fal récemment, il y aurait certainement eu les silhouettes de ces trois hommes-là qui en 24 heures ont repris place dans mon univers, mon univers verbal. L'ancien amour, à qui j'ai tout déballé hier, ligne à ligne. Et qui m'a dit, tu n'es peut-être pas prête pour quelque chose de sérieux. F. sur le mobile, lever l'ambiguïté. Et O., relire l'histoire.

J'aime les hommes, j'aime être en confidence avec eux. Absente de moi-même, foutue par terre, méfiante, j'ai suspendu l'échange, mes amours devenus ennemis. Je vous retrouve, qu'est-ce que c'est bon ! A présent je peux être seule.
ben voilà, c'est fait !

Oh putain ce que je suis soulagée. C'est quand même plus simple de parler que de spéculer. Encore faut-il faire la part du ressentiment, de la fragilité, du (dés)espoir. Accepter d'endosser le rôle de la nana qui règle l'affaire.

Bousculer, légèrement, un garçon qui ne rappelle pas mais qui n'a rien promis, comme il le souligne opportunément, ça a la vertu de remettre la féminité dans la course, les points sur les i et le dialogue au goût du jour. C'était fait avec grâce, en plus, sans animosité. Avec humour.

Au jeu du silence je n'aurais même pas gagné un amant, au moins là il y a des chances qu'une complicité, sinon une amitié s'ébauche. Ce n'est pas un pis-aller, parce qu'à la rencontre sensuelle président les affinités intellectuelles pressenties.

Je suis heureuse de t'avoir rencontré. Puisse ceci donner lieu à de beaux moments - je parle sous le coup de l'émotion, mais j'ai déjà la chance de vivre une longue histoire d'amitié avec un homme intelligent, il y a des hauts et des bas mais c'est quelque chose qui existe. Et parfois ça commence comme ça.

dimanche 22 novembre 2009

c'est rien, c'est juste un brin de désespoir, ça va passer, non non rien, je travaille dessus, je te jure, la preuve j'ai vu Le rayon vert de Rohmer pour faire mûrir, pour faire bouger les lignes. Ce kitsch émouvant autour de la solitude exigeante et patiente et somme toute si naturelle.

Tu veux tout toujours trop vite.
Eh bien oui.
Tout.
Toujours.
Trop.
Vite.

Déjà qu'on m'a quittée, en plus il faudrait que je sois patiente ?
Que j'accepte le célibat avec entrain, que je vive une super vie indépendante ?
Oui oui d'accord.

Que j'évite de penser à un type que je m'interdis d'appeler par fierté.
Alors que je sais très bien que ce serait compliqué de toute façon.

Eh ben merde.
C'est pas parce que c'est normal,
cette confusion,
et le temps qu'il faut pour se reconstruire
solide équilibrée tout ça

que c'est
facile

samedi 21 novembre 2009

Elle me dit : "Ce que je comprends, c'est qu'il se barricade. Ce sont deux solitudes qui se sont rencontrées. Il y a eu des confidences, ce n'est pas anodin. Les choses s'éclairciront à la deuxième rencontre.
- Oui moi aussi j'ai peur d'ailleurs. C'est finalement plus important que je ne voulais l'avouer. Mais peut-être juste une transition. Enfin si on croit aux signes il fallait qu'on se rencontre de toute façon.
- Ah oui moi j'y crois, c'est sûr.
- Voilà, j'ai appris qu'une copine l'avait hébergé, à Paris, il y a un an, complètement par hasard, un plan couch surfing, et j'étais chez elle ce jour-là, on est parties avant qu'il n'arrive. Elle en avait pas mal parlé, et cette histoire je ne m'en souvenais absolument plus, comment faire le lien d'ailleurs, aucun rapport. Quoi qu'il en soit on s'est peut-être quand même rencontrés trop tôt. Enfin bon c'est toujours trop tôt.
- Oui, et vous vous réservez peut-être pour quelque chose de mieux, où il y aura moins de questions.
- Tu crois, quelque chose de mieux ?"

Je cracherais dans la soupe comme ça, moi ?
Certaines théories de la métempsychose et de la psychologie évoquent pourtant le retour des mêmes situations, pour leur faire, enfin, un sort. Alors quoi ? Encore un que je devrais persuader de sauter le pas ? Pour quoi faire ? Essuyer des plâtres, encore ?
M'en fous, au moins je crois avoir compris les enjeux : ce faux je m'en foutisme me pesait, or c'est probablement un silence éloquent. Désormais, il y a la part du hasard, certes, mais aussi quelques cartes à jouer. Ou pas.
L'une des vertus de ce blog
c'est qu'en relisant
les notes des trois derniers mois

je comprends bien pourquoi j'en suis là

moi qui voudrais m'ébrouer de la lourdeur
retrouver mon entrain

être la plus légère la plus séduisante
possible

la plus dégagée
pour ne pas rater le coche

mais tu parles
y a du lourd, là, en bagage émotionnel

"A un étage il y a le bonheur et la satisfaction, à un autre étage il y a le chagrin et la culpabilité, tu ne peux pas ne pas le comprendre, bien sûr que je le comprends je me hâte de répondre, et pourtant dans mon for intérieur je m'interroge, est-ce vraiment une chose à faire à nos enfants que de leur imposer d'être le verre cassé sous le dais du mariage en souvenir de la destruction ?"

Théra, Zeruya Shalev

mercredi 18 novembre 2009

Ô merveille
vive la danse

ça a pris des heures
sous pression
chaque geste : des tonnes

et puis
il a suffi

qu'il me colle contre lui
par la grâce du mouvement
qu'il me porte
me fasse tout doucement tourner
que sous sa main des ondes se propagent
sous la peau
et qu'il me tienne la tête
pour m'éviter les chocs

pour que le souffle me revienne
et circule

c'est mon corps qui crie famine
et entraîne cette intense déprime

qui oriente ma colère
vers un homme qui, sans se dérober,
se fait désirer

un parfait fantasme
un ectoplasme où s'accumulent mes émotions

il suffit qu'un danseur
me prenne dans ses bras
pour m'apaiser

peut-être que lui
c'est un homme avec qui
je n'aurais pas mal
évidemment je me dis ça
en ces temps de famine
et d'errance

mais pas de bol
la petite clique part en tournée

presque un mois

il ne me reste plus
qu'à me jeter à corps perdu
dans la vie

ça fait mal

lundi 16 novembre 2009

S'impose
la solitude

douceur du soir
bruissement d'étourneaux
mon univers urbain
cliquetis du tram
ronronnement d'aspirateur chez les voisins

seule enfin
larguer l'espoir d'être comblée
se laisser aller
à l'amer
à ce goût si particulier

seule
renoncer à l'espoir de plaire
juste :
disposée à désirer

un suspens sur le chemin
l'horizon est bien là
ouvert

samedi 14 novembre 2009

Et plus tôt dans le soir,
j'ai compris
le truc c'est que je voudrais que tout se précipite
pour évincer la terrible peur que j'ai au ventre

en fait
en fait c'est moi qui flippe grave

vite jetons-nous les yeux fermés dans le vide
parce que les yeux ouverts j'oserai jamais

évidemment

je viens quand même de me ramasser bien comme il faut
saisie de tremblement en ouvrant le dossier remisé dans un coin du crâne

j'ai donc relu les messages-clés de l'amour allumé, consumé et étouffé
de mes dernières années
pour affronter ces peurs-là bien en face
pour pleurer un bon coup comme je ne l'ai pas fait depuis des mois
pour me retrouver moi
et pas l'inconnue qui tentait de s'approprier la maison délaissée par l'amour

pour accepter enfin
qu'ici et maintenant je ne peux rien savoir
d'un futur nouveau plantage
le seul truc à faire c'est d'essayer
accepter d'avoir envie et d'avoir peur à la fois
et puis voilà
rien n'est écrit
cette vaste affaire de contingences

et
Qu'en avais-je à battre, finalement, de paraître ceci ou cela
quand l'inertie d'un désespoir insidieux me rattrape au petit matin
et je ne lâche pas mon combat loyal

le plus bizarre, c'est que ça n'empêche pas d'évoluer quand même

alors je l'ai appelé
il est dans le train pour la toute petite ville
qui est celle de l'immature
et même celle où nous avons conclu il y a deux ans un pacte
ah, ces coïncidences

donc on s'entendait mal
et c'était agréable
courtois
anodin
(à relire ces lignes je suis stupéfiée du double-sens
j'espère que ce n'est pas un programme)

aimablement propice à la rencontre
ce qui est évidemment bon signe donc je n'ai guère de quoi me plaindre
je suis juste
au fond
et comme malgré moi
extrêmement impatiente
d'ailleurs je n'ai aucune date à me mettre sous la dent

la ligne a coupé
son message ensuite disait :
bientôt

j'en ai ras-le-bol d'attendre
mais alors
ras-le-bol

je m'étonne d'être aussi détachée au téléphone
ce qui m'indique que je ne vais peut-être pas lui sauter dessus
malgré ma diligence extrême puisque c'est toujours moi qui relance
je le ménage

je me demande si je n'ai pas passé ma vie à faire ça
ménager des garçons

évidemment, ici je peux le dire
en confidence
parce que je n'assume pas du tout, en vrai
j'aimerais vraiment adhérer au détachement que j'affecte
(et qui ne trompe certainement personne, pas même lui)
(ce qui me rappelle l'exemple existentialiste de la main féminine abandonnée comme par hasard pour que l'homme s'en saisisse)
(la mauvaise foi)
mais je ne vais tout de même pas lui dire :
descends viiiiiiiiiiiiiiiite
je crève d'envie d'être avec toi
ça pourrait s'avérer contre-productif, n'est-ce pas
me mettre dans une position intenable

alors que là
je suis juste
encore
en attente

et je ne peux pas faire autrement

vendredi 13 novembre 2009

non non mais tout va bien
- c'est vrai en plus -
juste à l'épreuve du quotidien
mon vélo : volé
le gaz : coupé
le plombier : absent

mais j'ai l'intuition que ça va rouler
non pas forcément une histoire d'a.
mais la reprise de confiance fait son œuvre
je me sens prête à affronter la réalité
avec ses coupures de gaz et les garçons qui ne répondent pas
Voilà, c'est ce que ça veut dire
c'est pourquoi il me fallait venir écrire

pour m'apprendre que je retombe sur mes pattes
que l'agacement passe

pourvu que la curiosité demeure
que je sois parmi mes pairs

non, je n'ai nullement agi de façon précipitée avec f.
on verra s'il y a une issue
et s'il n'y en a pas
eh bien c'est que ce ne serait pas une histoire pour moi

c'est bien si j'arrive à me défaire de cet ultime résidu
de mon amour-croyance pour l'immature

en acceptant que les dévolus jetés
ne m'aient pas radicalement fourvoyée, ni compromise

autrement dit, et je reprends l'essence du dialogue avec la danseuse :
vouloir que mon coup de cœur soit le signe de quelque chose de profond, et de durable,
ce serait de l'orgueil
cette excroissance narcissique brandie comme un dard
quand on a peur de tomber

bref, je n'avais pas arrêté la machine en passant du regret de l'un au fantasme de l'autre
la machine à s'auto-persuader
d'un avenir de couple
d'un avenir familial

c'est dur de lutter contre la peur de l'impasse totale
mais ça bouge en moi
mes amis deviennent parents
ça me réjouit, ça m'inspire et ça remue un peu la tristesse

tout ça devrait m'arriver aussi
il ne faut pas que je m'inquiète
il ne faut pas que je me cabre

je préconise l'éclat de rire
et ça peut tenir, malgré le vélo volé et les coupures de gaz
et l'expectative
est-ce que tu vas m'appeler ?
est-ce que je vais t'écrire ?

en attendant, je pourrais bosser
ce serait pas du luxe

lundi 9 novembre 2009

A l'heure fraîche où je suis rentrée
éprouver de l'entrain :
le voyage pour rentrer chez moi je le faisais dans l'autre sens
il y a trois ans
deux fois je suis arrivée enthousiaste dans la douceur de Provence
c'est dingue quand même en trois ans il y en a des trucs qui se sont passés
pour que la trajectoire s'inverse
Je rentre d'I. à M.
lumières en bord de mer

je me suis fait accueillir avec un tajine au poulet
ça c'est la classe

donc il ne reste plus qu'à faire attention
à ne pas se laisser avoir par l'inertie
et les apparences
et l'écran

j'ai comme l'impression d'avoir digéré, là
(rehab à I., c'est trendy)

Ready for the new adventures

dimanche 8 novembre 2009

Et voilà
une semaine de bouclée
en beauté
le soleil a repris ses droits
et moi je reprends la route

entretemps le virage bien négocié
du cuir de la soie du jean
un baiser dans un ascenseur
concrétise-mais à peine
ce fantasme entre S. et moi qui réapparaît à l'occasion
c'était simple et c'était - presque - imprévu
improvisé
sans suite

la suite et l'essentiel ce sont ces grands fous-rires
et ces discussions à bâtons rompus
de ces amis qui sont mes hôtes
qui m'accompagnent dans cette nouvelle voie-là
tandis qu'eux sont sur le point d'accueillir leur enfant
un nouveau rieur parmi eux
pour fureter encore un peu partout
avec curiosité et gourmandise
le vaste petit monde
où partout ils sont chez eux
et dont ils font une auberge chaleureuse
pour les copains d'abord

mardi 3 novembre 2009

Ouf
pas passée loin du tabula rasa
j'étais en train de me raisonner en remontant sous ce joli soleil automnal qui a repris ses droits
en me disant
eh bien voilà
qu'est-ce que tu veux ?
absente de toi-même au point de passer à côté de la vie
rien de satisfaisant, là
laisse celui qui ne manquera pas de te débusquer
venir
t'es quand même pas un produit de second choix
lâche tes attentes à la noix

il y a deux heures le message de la première de la liste de l'hiver
à mettre au monde

forcément je me retrouve ici à pas bien savoir ce que je fous là
comme projetée plus de trois ans en arrière
les choses construites dissoutes
et les projets intimes en déroute

en rentrant je regardais ça en me disant : mais de toute façon tu le savais
que ça pouvait tourner comme ça
l'histoire
commencée ici-même il y a près de trois ans,
alors
rien que de très normal
c'est fait, voilà, la suite maintenant

mais ouf
j'avais une réponse
une toute petite réponse
badine

et juste t'embrasse belle à la peau étoilée

c'est une ouverture
une toute petite ouverture

c'est joli en plus
c'est flatteur
un tout petit air poétique
dans ce silence un peu grossier

mon instinct ne m'avait pas complètement trompée
pas de quoi devenir nihiliste
ou nonne

il y a donc un garçon pour passer peut-être encore
une nuit et quelques
avec moi

et même si c'est l'impasse
à terme
au moins l'éprouver
sur le terrain

je préfère mille fois les rancœurs les pleurs les morsures
au néant

voilà pourquoi tant de gens ne supportent pas d'être seuls

et puis merde
je ne suis vraiment pas pour le mutisme

lundi 2 novembre 2009

Oui mais voilà, soufflé retombé
c'est un jour sans

plus de dead line
il fait moche
il n'y a personne

je me sens seule

plus aucun sens à faire quoi que ce soit
comme d'hab

un petit coup de blues, quoi

et voilà que j'ai répondu au mail commun de F
sur un ton badin évidemment

je me mets en jeu

j'ai raison

au moins savoir à quoi (ne pas) s'en tenir

c'est toujours ingrat ce genre de situations

mais les séducteurs professionnels eux-mêmes rappellent combien de râteaux ils se prennent
ce n'est pas indigne
d'écrire au bout de 15 jours non plus

je ne me cache vraiment pas mes intentions
et en regardant les choses froidement
je ne suis pas trop à plaindre, c'est le creux de la vague mais je fais l'objet d'attentions

oui mais voilà
c'est dur

seule depuis des mois
d'enchaîner la solitude au chagrin
en maintenant le niveau de pêche, de bonne grâce, de sexy attitude et de solidité à flot
la plupart du temps pour rien
à part pour le boulot
et là ce n'est plus le moment

il paraît que la libido c'est une énergie psychique
que faire de la mienne ?
danser
écrire
espérer

pas envie de draguer n'importe qui
ni de faire semblant que cette ville m'est inconnue

plutôt :
continuer ça
aller écrire pour moi dans les cafés chaleureux
En parlant de F
il ne m'écrit pas
sauf si on compte les messages communs

je suis l'auteure de la dernière réplique
et comme dans ces jeux-là ça compte
je ne moufte plus

je remets à plus tard
à la date dite
mais j'aurais bien aimé
un peu de correspondance

j'évite de me perdre en conjectures
je prends le temps de cheminer vers mes horizons sereins
et certains

mais quand même
je ne comprends pas

cette absence de message qui ne signe ni un refus
ni un consentement
ni même une fuite
juste une vacance

alors juste je lui laisse, aussi, le temps de cheminer
vers on ne sait quoi puisque rien n'indique qu'on se reverra
- quant au reste...
Hier je l'ai revu
et c'est fou ce qu'il est beau

et à l'évidence
- t'as beau laisser passer des années à distance -
on s'aime

ce n'est même pas troublant
à moins que ce soit l'effet insidieux de la poire
et de se retrouver parmi les mêmes amis

mais au fond
je ne crois pas

Tout était là, intact
de notre admiration, de notre écoute et de nos frictions

un truc inexplicable

alors surtout ne pas se retrouver tous les deux
ce que j'ai présenté à F comme des zones de fragilité
c'est le risque de succomber au désir
ou à la discorde

En rentrant, parce qu'il fallait échapper à cette longue nuit de mecs enfumée
ils renâclaient à m'écouter
peut-être à cause de leur vision romantique qui ne souffre pas de conseils

il faisait super froid
et personne n'est venu remplir le mini-bus jaune des trajets nocturnes Europe-Asie
j'ai fait la route seule
c'est bien la première fois