jeudi 31 décembre 2009

Je crèche aux Abesses où la nuit n'est qu'un succédané du jour aux vitres oranges
aux toits gris luisants
le sommet de la tour à une heure cesse d'émettre ses signaux
phare de la mer des toits

brasser tant d'émotions que c'est inutile de mettre en péril le fragile équilibre de funambule
en cherchant à L. une issue

suivre les lignes en mouvement

j'emprunte un chemin balisé par celle qui née au même moment
éprouve un monde sensiblement semblable au mien

Paris ne m'égare pas
ne pas perdre le fil

lundi 28 décembre 2009

décidément
c'est la saison
l'amitié en berne depuis des mois avec le loup
terré
montre son visage conflictuel
à l'heure où je lui apprends que j'ai l'intention de le voir à la capitale
je le sentais distant
il n'est pas prêt à me voir
il me l'avoue enfin
à cause d'un malaise de l'été dont il n'a pas été question depuis

et ensuite il s'agit de se jeter, même si c'est pour deux heures à peine
dans les crocs familiaux
j'étais d'accord, à condition de se voir en petit comité à l'extérieur du huis-clos
mais le compromis est dénoncé
faute d'arrangements pratiques

je reste interdite
bien envie de renoncer au voyage

mais à Paris il y a l'amie sur le point d'être mère
et peut-être faut-il s'exposer à régler les conflits jusqu'alors enterrés

alors je me défie de moi-même
et particulièrement de mon envie
samedi prochain
de prolonger la correspondance entre les deux trains du retour
chez celui qui est venu ici
pour voir s'il me renvoie l'ascenseur

je me mets en garde
qu'est-ce que tu cherches ?
à te mettre en péril ?
à bousculer, à mon propre détriment, encore un qui refuse de se mettre en jeu ?
il faut se laisser tranquille, non ?
à quoi bon cette vision adolescente de la vraie vie ?
- la seule vraie vie, merde
cette lisse torpeur, je suis patiente avec, mais je ne l'approuve pas
on est bien là pour se sortir
tous
du confort émotionnel douteux

il faut vivre des choses ensemble
on a déjà eu le temps de mûrir
on va pas attendre celui d'être mort

vendredi 25 décembre 2009

Souvent savoir les choses avant de vraiment les éprouver
Dans la fatigue festive de la vaisselle post-No-Noël chercher par où saisir
le fil pour dénouer
l'écheveau sensible d'une situation apparemment simple
avec des couches compliquées
mais certainement, finalement,
simple au fond

ne pas confondre l'admiration sincère
l'amitié évidente
l'attirance
avec
l'amour
ni
la vanité en jeu
la conquête à mener
la victoire idéologique à remporter
avec l'amour

paradoxalement, la plus belle preuve de respect que cet homme m'ait donnée
c'est peut-être
de m'avoir proposé l'amitié
parce que je mérite l'amour et qu'il sait
qu'il ne peut pas me le donner
et à la vérité je le sais bien aussi
même si la partie a l'air facile pour lui à ce compte-là
je le sais bien qu'il ne pourra pas me donner ce que mon goût de la vie réclame
j'ai déjà essayé ce genre de trucs
ce n'est pas en lui donnant plus
ce n'est pas en lui échappant
ce n'est pas en le bousculant pour qu'il s'ouvre
pour lui prouver qu'il a tort (même s'il a tort)
qu'un équilibre amoureux pourrait s'instaurer

il l'a dit, et c'est vrai
je suis plus mûre que lui
je ne me retiens pas de vivre l'émotion au cas où ça bousculerait mes projets
la vraie vie

oui tout ça m'a contrariée
mais m'a portée aussi
m'a révélée la beauté de ma vie à moi-même
vent de sincérité, de générosité,
la perméabilité

tu m'as touchée,
ton univers secret
porté en place publique et ouvert dans la foule
ton univers d'inadapté

nous sommes en bonne intelligence et je regrette de ne pouvoir m'en contenter
mais il y a une véritable voie simple
exigeante
pour cette intelligence
oui je veux être ton amie
vraiment ton amie
pas une ex-amante de seconde zone
on a des choses à partager
et j'ai des trucs à te dire

et pour les baisers les projets
la perméabilité
allons les vivre ailleurs
pleinement
c'est un équilibre à inventer
il le faut
et là c'est un cadeau

mercredi 23 décembre 2009

il est parti et me voilà bien
l'étrange entente parfaite des esprits
et je sais que les corps aussi, si on le leur avait permis, auraient pu se nourrir de leur découverte réciproque
mais bien sûr entente des corps et des esprits, ça fait trop pour en sortir indépendant
indemne

et lui qui brigue la passion
préfère les folles
qu'il dit
je ne lui ai pas sauté dessus
je n'avais pas envie de le détromper
de jouer à lui prouver des trucs
je n'ai pas lancé une machine de séduction genre : dégage
tu ne veux pas de moi : dégage
ou : on ne fait pas tout comme tu veux, je suis prise ce soir

non

j'ai laissé le jeu se jouer selon ses règles, je n'ai pas transgressé l'accord.
je me suis écoutée, me disant que peut-être en effet l'amitié ce serait mieux
que l'enjeu de cette rencontre se situe ailleurs que dans la tension sexuelle et amoureuse
et que la patience a du bon s'il y a un truc sérieux à vivre

l'autre soir, alors qu'il me proposait solennellement de ne rien taire de ce que j'aurais à lui dire
parce qu'il me renvoyait un peu crûment à cette nécessité d'écrire
j'ai envoyé : ah non, par égard pour toi, j'ai gardé certaines réflexions pour moi
je ne t'ai pas dit, par exemple
que peut-être tu es en train de passer à côté d'une grande histoire
et lui :
je ne crois pas

En dernier ressort, hier soir, l'ayant interrogé sur l'éventuel mieux-être de la nouvelle configuration, j'ai dit :
c'est quand même toi qui a mené la danse.
Tu as l'impression de t'être fait mener en bateau ?
Non, ce n'est pas ce que j'ai dit. J'ai accepté mais c'est toi qui a décidé de poser tes bagages ici, puis de mettre fin à l'intimité.
L'important c'est d'être clair, il dit. C'est pas un peu excessif ? On va pas en faire une montagne...
Tu trouves que j'exagère ? Je dis juste qu'on a fait comme toi tu veux.
Lui : c'est toi l'intello ici, moi j'ai pas le temps de réfléchir à ce que je vis, j'analyse pas tout comme ça, je vis ce qui se présente

Moi si, c'est comme ça que je fonctionne. Ca m'entrave parfois, enfin bon je vis quand même les choses.
(et muettement : encore un homme qui vit uniquement les choses qui lui conviennent. Pas très généreux tout ça. Pas se mouiller trop n'est-ce pas. Et si j'avais manifesté une contrariété, tu te serais senti coupable, donc sur la défensive. Rien d'autre. Réaction binaire. Etre si subtil dans l'appréhension du monde et refuser d'observer les intimes nuances des négociations affectives...)

Les copines ne savent pas où ça peut mener tout ça, mais ont l'intuition qu'il se protège ;
pourtant
peut-être réagira-t-il à retardement
c'est un mec

j'ai joué ma partie
accueillante et généreuse
alors laisser couler
ne rien attendre

c'est lui qui devrait revenir vers moi, avec tout ça

et si d'ici quelque temps
rien ne se passe
et si besoin est

peut-être se manifester

mais peut-être aussi
qu'il m'a rendu disponible à une rencontre plus amoureusement
féconde

pure expectative

moi ça m'étonne d'être si sensible à cette entente que je sens privilégiée
je ne peux pas croire que ce soit à sens unique

et bien sûr, essayer d'éviter l'amour
c'est parfois peine perdue

je ne sais pas

ça m'emmerde
d'être ainsi touchée

mais je reconnais à cette rencontre
sa valeur
- quoi qu'il se passe

mardi 22 décembre 2009

Parce que c'est vrai, il y a le retour du sexe aussi
parenthèse aussi vite close qu'ouverte
et on commençait à trouver la bonne fréquence, bercés de soupirs
l'accord du mouvement
les sens en résonance
l'art de jouir d'une ruade
d'une suée ondulante

ton grand corps dans mon bain

la douce euphorie de l'intime

ma surprise à la sensation de ta peau
de tes cheveux
de ton odeur
de ta présence
dont je me sens si familière

comme si on était frère et soeur
mais c'est peut-être bien ça le problème
faut pas coucher avec son frère
Et voilà, en trois jours je viens de me prendre un bon gros smatch dans la tête.
Ascension vigilante vers l'équilibre du jour, trouver (à mon goût) l'exact point de suspension où circule l'énergie, l'enthousiasme, sans être dupe des lendemains, écrire et faire l'amour, parler, faire la fête, boire du bon vin. Mais il a mis le hola. Passer en mode amitié, éviter le jeu de dupes pour préserver les connivences qui s'imposent d'évidence. Sur le fond, je suis absolument d'accord. Une histoire d'a. serait l'impasse, l'amitié privilégiée. Il a senti et il sait à quoi j'aspire, je n'en fais pas mystère, même si c'est en toute conscience, en toute loyauté et avec plaisir que j'investissais le rôle d'amante, provisoire. Ce qu'il entend. Ne désire pas faire durer cet état. Sous peine de souscrire aux enjeux muets de pouvoir, où tenir à distance, où reprendre le contrôle. C'est très classe, finalement, refuser de profiter de la situation. Trop monacal à mon goût, mais soit. Dormir ensemble, écrire ensemble, parler. Pas fini de parler, je crois. De ce qui se passera après, parce que j'aurai envie de le voir. C'est sûr. Enfin j'aurai envie de maintenir le lien.

A l'intérieur, pourtant, déception hier, tristesse aujourd'hui. Soufflé retombé. Digérer. Retour de l'amertume dans les veines, de nouveau le poids de l'effort pour chaque projet qui m'enchantait hier encore. Merde.
Peut-être étais-je déjà amoureuse, sous couvert de détachement et de sincérité, dans un arrangement douteux avec moi-même. Je recommençais à avoir confiance dans le hasard. (Notre grand thème commun.) (Troublant qu'un intérêt de cet ordre nous séduise l'un comme l'autre. D'autant plus si on considère les coïncidences qui ont présidé à notre rencontre )

Et puis par-dessus ça il y a eu le repas trop arrosé, et le sujet intime des mots, en principe ça aurait dû être évité, à cause du doute, des divergences fondamentales de conception (voilà pourquoi une histoire d'a. nous aurait déchirés, il ne faut pas tout mélanger) et de l'injonction de s'y mettre radicalement, avec laquelle je jongle depuis toujours, et à laquelle je me dérobe parce que le joug me coupe dans mon élan. Je suis toujours obligée de feinter avec moi-même sinon j'ai trop peur d'étouffer, ou de plomber la page. Ecrire comme en passant, fausse négligence. C'est mieux d'ailleurs, je suis sûre qu'il faut perpétuer cet entre-deux-là. Cette soirée m'a remuée, vraiment, voilà pourquoi on aurait dû éviter, mais en même temps j'accepte la mise à l'épreuve. Faire preuve de ressources pour tenir le coup. Pour voir si je persiste. Mais depuis toutes ces années, c'est le même jeu d'épreuves, j'ai quand même l'impression que ça ne sert à rien de perturber encore la fragile disposition. Peut-être que je ne devrais pas être aussi touchée non plus, à ce sujet. Peut-être aussi que toucher aux questions d'amour et d'écriture le même soir, ça fait trop mal. Salaud, tu es celui qui vise juste. Pourquoi en sors-tu indemne et moi pas ? Tu évoquais une maturité de ma part, hier soir je t'ai dit mais regarde c'est toi qui es mûr sur ce coup-là, mais c'est le domaine auquel j'ai consacré du temps, il répond, j'y ai plus avancé c'est normal. Oui, mais quand même à ton âge, avoir publié, voyagé, élevé un enfant. Déjà. J'ai pas d'enfant moi. (Découragement, mais c'est passager probablement, chaque métal bout à température n'est-ce pas.)

Qu'est-ce que ça veut dire tout ça. Basculement. Ce n'est pas pour rigoler, j'ai bien ça à faire, écrire. Pour de bon. Il me faut des garde-fous, je les ai. Je me sens dans le même état qu'il y a toutes ces années, c'est dangereux les mots, les phrases, ça rend fou d'y regarder de trop près, de dédaigner le compromis stylistique. Ca rend fou de solitude aussi. J'ai fui ça pendant des années, et cet homme qui me refuse son amour me remet en face du gouffre. Tu as ça à faire : sauter.

Au secours.

samedi 19 décembre 2009

Tranquille au chaud
j'attends F
qui me rappelle
(évidemment avec toute cette neige, les trains)

alors arrivée aléatoire
mais il n'y a qu'à laisser couler les heures entre les doigts
j'aime bien
j'ai pris le pli ces derniers jours
juste goûter les très menus moments
musique
reprendre la conversation avec la jeune femme qui vit chez moi
et plus le temps passe plus on s'accorde
- sans elle (sans eux) ça va être vide ici

dehors grand vent
faudrait rester niché
il y a une soirée en perspective
c'est plaisant mais suis encore friable

enfin
je crois que je suis prête
pour endiguer

ce qui va se passer, là
avec celui qui s'impatiente en gare
les paris sont ouverts

jeudi 17 décembre 2009

confusion des pensées et corps si affaibli
que prise par le roulis languide
description d'un combat
incapable d'en saisir la moindre parcelle intelligible
livrée à l'impression
la pénombre en mouvement lentement continu révèle dans la masse pour seules carcasses
des armures vides
robes fantomatiques
éclats fugaces d'étoffe
sur l'épaule d'une voix
tous les combats depuis l'aube
dit un homme après ça
après les litanies des mots qui se chevauchent
comme au champ de bataille délaissé
les corps déserts
erre une âme solitaire

mercredi 16 décembre 2009

Envoyé - une ligne, succincte, comme négligée, comme un demi-sourire, et l'adresse
ouh là là waouh oh ma faiblesse oh le bonheur d'être en vie et le chemin parcouru
je ne suis plus seule
c'est fou, d'ouvrir sa porte aux inconnus ainsi on reconstitue son monde je reprends l'épaisseur perdue
les rencontres de confiance
les amitiés instinctives et aléatoires
la maison désertée par l'amour havre des voyageurs - et des virus

pendant les heures grippées la nuit
l'organisme occupé à lutter
instinctivement
animal

sentir les forces concentrées reconfigurer l'être
éprouver ce que l'énergie courante fait oublier
je suis mortelle
- certes j'ai toujours conscience de l'issue fatale
mais là c'est juste naturellement la sensation des forces amenuisées
de l'extinction possible de la liaison au monde
pensée comprise
dont le flot continu s'engouffre incohérent dans le chaos muet

alors comme les enfants reprendre place sensible dans le jour
lumière odeur et les pieds sur le sol
aux heures froides métalliques qui colorent la fenêtre
ça sent le solstice

mardi 15 décembre 2009

J'ai bien de quoi être fébrile, y a des jours...

Comme à chaque coup de froid, j'ai vaillamment combattu frissons et bouffées de chaleur, petites infus, pas d'excès, laisser l'insomnie couler et dormir le matin - dans la salle d'attente je me disais franchement venir chez le toubib pour une petite fièvre...
Mais c'est la grippe A !
La vraie !
Deux jours de plus au chaud.

La grippe.
L'insomnie au roulis des pensées continues : la grippe.
La lucidité éclatante du fond des perceptions brumeuses.
L'organisme ramassé sur la lutte, toute affaire cessante, plus aucun stress, plus d'urgence. L'organisme qui impose le sommeil, les fruits, et d'aller chez le toubib.

Jolies journées ténues au foyer avec celle qui m'a contaminée - au moins on est immunisées, on reste ensemble, on joue les mamies avec notre unique sortie au café et une petite soupe pour se remettre d'aplomb- en sortant je n'osais plus rien toucher, ça se propage donc à toute volée ce truc

Et là ce soir
dans ma boîte
le message d'un homme
tout penaud confus ne sachant pas tourner les mots que pourtant il est censé manier avec une telle habileté

je savais bien qu'il arrivait
je m'attendais à ce qu'on se voie
mais
pas à ce qu'il me demande comme ça
l'hospitalité
tout en estimant que peut-être j'allais refuser
(je jubile)
(autant que me le permet mon état amorphe)
(cool je serai d'aplomb)
( j'ai froid, vite au lit)
(je le laisse un peu mariner)

jeudi 10 décembre 2009

Reviens vers l'écran, pour quoi déjà ?
Eh ben voilà, pour ça, pour la petite note du soir !

Journée fatigante, la vraie première journée fatigante depuis longtemps
et c'est pas désagréable
d'avoir ainsi brassé
ça évite au doute de s'immiscer dans le désoeuvrement

je sens bien qu'il y a du changement dans l'air pour 2010 (consulter vos prévisions astrales)
vie professionnelle : placez-vous discrétos, même si certaines perspectives semblent battre de l'aile. Quoi qu'il en soit, menez votre barque en confiance. L'année sera stratégique
vie privée : vous ne précipitez plus les choses, vous laisserez tomber votre mouchoir au passage du bon étalon, l'année sera stratégique
santé : comme d'habitude, vous veillez au grain. Vous vous étonnez de ce corps qui est le même mais pas pareil quand même, plus fin, avec des seins en moins, mais après tout il semble plus mobile, et ce n'est pas inutile pour le plan d'action abordé dans la rubrique précédente.

Oui, je commence à apprécier, là, de n'avoir rien en perspective pour les fêtes, rien d'autre que ce que je me concocterai, en compagnie choisie. Une année sans bombance obligée - moi qui aime pourtant bien ça, parce que c'est toujours chez les autres, l'accueil douillet et généreux - je vois bien le petit repas, festin grignotage tranquille de vacances, à la maison, et des journées sans autre obligation que de profiter du soleil d'hiver, pourquoi pas une balade à l'occase mais surtout des petits verres, de la lecture, de l'écriture, et Paris pour voir une dernière fois les copines avant leur démultiplication...

mercredi 2 décembre 2009

Comme il m'a très vite cernée
il sait que les livres sont plus réels que la vie pour moi
plus de dix ans que je lutte contre ça en vivant
mais je m'y adonne quand même en lisant

Mes élans passionnés ma tristesse et parfois ma joie-même
sont mâtinés de majesté littéraire, de poésie
tout juste modérée par l'ironie
la distance salvatrice

mon refuge ou ma vraie vie parallèle
puisque le réel est maussade comme une prison
qu'il faut fuir en voyageant en lisant en créant

et comme le vide ne se comble pas
ainsi
je continue de nourrir les émotions de grandes illusions
- tout en me prétendant pragmatique
stable
limite plan plan

et là en ce moment
s'agence en moi quelque chose
sous le coup d'un mécanisme que j'ai voulu déclencher
ce matin le rêve se poursuivait dans le beau levant d'hiver provençal
dans le calme bourdonnement de la grande salle
presque aussi tranquille qu'un lointain matin à Auch juchée sur le vélo dans l'aube grise et rose
dans le rêve je traçais le mot CONFORT dans la poussière sur le plastique noir de la chaîne
je crois que ça me déplaisait
je ne sais pas

mais en tout cas
la liberté
divertissante
créative
éprise
est bien là en moi
et non accrochée aux basques des hommes séduisants qu'il faudrait poursuivre

oui il y a une vacance du corps
mais l'érotomanie passagère semble s'apaiser
mon cœur méfiant oscille entre deux hommes à l'esprit vif, légèrement rustres, indisponibles et peu démonstratifs
alors je sais que je dois attendre, pas eux justement,
pas me ronger, ni lisser les excès d'impatience
attendre non pas que mon prince vienne
mais tranquillement observer ce qui change
et ce que révèlera ce regard nettoyé

un peu fatiguée
un peu le blues
un peu esseulée
mais si je tente de me complaire à la nostalgie
ça ne marche plus
je m'en étonne

je me réconcilie peu à peu avec les vieux tourments
qui prennent leur place en souvenirs attendrissants
vivre maintenant ;

suis-je libérée du donjon de mon père ?