dimanche 26 décembre 2010

Au bout d'un moment c'est de nouveau le soir
et chez soi c'est chez soi
à se demander une fois de plus pourquoi bouger encore
vers la ville froide et chère aux espaces minuscules
au temps dilapidé en souterrains hostiles

je sais très bien pourquoi
(les neurones crient famine)
mais
si je l'avais, ce poste
(ah si je l'avais, honneur, curiosité, enthousiasme)
la nouvelle nouvelle vie commencerait

2011 c'est mon année j'ai décrété
alors
toute en paradoxe
je regrette d'avance et déjà
cette vie insipide solitaire
aux après-midi de lecture ensoleillée
aux plages d'ennui sans fin comme la liberté
ces rares amis du sud, dernière tranche d'exotisme

Là-haut sont mes amis
les vrais
ceux qui me nourrissent et qui me blessent
et là-haut à coup sûr la vie à construire m'attend
tout s'agence d'évidence
y retourner c'est renoncer
à une vie de vacances

celle qui me désole désormais acquise
et si j'ai connu le bonheur à I. j'ai lâché prise
pour ne pas le gâcher

Et donc, la sentimentale
naïve
aurait fait son temps
- un certain pragmatisme
le goût d'approfondir
de se frotter l'esprit aux rejetons de la capitale
lui fait consentir
aux compromis difficiles

et pourtant
elle n'a pas encore décroché la lune

oui mais c'est si plaisant
les lectures d'entraînement
et j'en suis déjà à vouloir éluder des pans de mon parcours
pour ne pas saturer la commission d'infos
j'en suis, étonnée, à me dire : ah bon, j'ai fait tout ça ?
limite incrédule, il y a anguille sous roche
(bien sûr, à passer son temps à se prouver qu'on existe)

Bref
le cap de la décennie
fin de partie
on attaque les choses sérieuses
et tout semble avoir été manigancé par moi-même à mon insu
dans ce sens

alors voilà
c'est maintenant

adieu transat
bonsoir Paris

(et que je serais déçue si les événements ne se plient pas dans le sens que je leur imprime, volontariste en diable)

mercredi 8 décembre 2010

A peine envoyés les quatre pavés, à l'ancienne dans du kraft comme des cadeaux

l'émotion

(évidemment à la poste ils s'en foutent)

aussitôt, c'est à F. que je pense

il y a un an que cette course de fond a vraiment commencé
dans une aube d'hiver en pyjama dans le salon
dans le silence partagé

j'hésite

quel dommage de ne pas répandre ce bonheur-là
auprès d'un amoureux

oui parce que c'est un bonheur d'ordre amoureux
un truc à sortir le champagne

alors quand même j'envoie
la petite pensée
le clin d'oeil
au rocker au coeur tendre

il me rappelle dans la foulée
parce que son taf à lui, il l'a posté ce matin

je ne m'en étonne qu'à peine
discrètes réjouissances à distance
ce ne sera pas la première coïncidence

dommage, on aurait filé au resto ce soir-même
pour fêter ça

je t'embrasse fort mon F.
enfermé au ciné
avec des limaces sous les pieds

dissous
ce soir encore
dans la légèreté d'emprunt

de la fiction

mardi 30 novembre 2010

J'en ai marre de la demi-mesure, tu vois

je suis d'humeur à envoyer

l'Eloge de l'amour pour Noël

- et la vie continue

oh oui soyons émus
soyons touchés

aussi cyniques faut-il paraître
aussi désabusés

genre Houellebecq a tout compris

comme si ce n'était pas cette attitude-même
qui rendait le monde un peu plus gris

de quérir l'absolu
je me sens limite punk

alors cesser de craindre de vous bousculer
d'un sourire croqueur et amusé
et de déclarations enflammées

qu'aurais-je de plus à perdre ?

vendredi 19 novembre 2010

Ode à l'écran où
depuis toutes ces années
se concrétisent
tous mes projets professionnels

et de voyages
en créations :
les affinités électives

j'y dédie même une chambre réelle
à d'éphémères vies en commun

j'y ai consacré tout l'été et des milliers de caractères, à l'espace-temps poreux, aux intimités en mue

le temps est ainsi venu
de mettre aussi le corps en jeu

or je sais combien ces rencontres qui doivent moins à l'atavisme qu'à la sérendipité
et aux bonnes ondes qui circulent dans l'air
peuvent être surprenantes et belles

en attendant,
me remettre de cette intense tristesse
de cette inertie accablante
dont est tisée mon quotidien
et qui me jette vers la suite nécessaire

à mon âge j'ai trouvé la planque idéale
et ça me désespère
alors : remettre toutes les billes en jeu
pour la nouvelle paire de manches
avec persévérance

lundi 15 novembre 2010

Je traîne je traîne

tout à la difficulté
de discerner parmi les lectures successives et contradictoires
ce qu'il me faut vraiment modifier

peut-être rien

je pourrais justifier tous les choix

ou est-ce par flemme ?

l'étape moins enthousiaste des finitions
alors que l'esprit se disperse
tout employé à ma reconstruction

qui est cette nouvelle moi-même
et qu'est-ce qu'elle veut

remplissez votre fiche de description

dimanche 14 novembre 2010

De reprendre le tout petit ordi, ça me remet dans le bain
mon univers intime est contenu ici
à la mesure de ma main
de mes voyages en train

c'est ici que j'achève les histoires
les vraies, les fausses, qu'importe,

toutes mes émotions tiennent à l'écran

Il faut attendre 19h pour enfin en avoir le courage
de reprendre le boulot
prévu depuis des semaines
le seul qui vaille, le mien

pour m'abstraire du monde douloureux de l'absence
or plus j'avance ici
plus le quotidien est décevant
plus me jette en avant
vers l'univers coincé de la vie parisienne
dont je me sens exclue, ayant essuyé quelques revers

je dois persévérer, mais pas m'entêter
je ne suis pas un héros

ce matin j'ai enfin pleuré de brefs instants
qu'on ait refusé mon amour
j'étais prête à vous aimer les garçons, oui, père et fils
parce qu'il est si petit cet enfant inconnu que,
pour avoir vécu avec l'Ange et la Sauvage, je sais que vous êtes indissociables
c'est la première chose que l'Ange me renvoie cet après-m
et assurément la montagne serait insurmontable
qu'ai-je à te prouver ? A l'encontre de ta volonté ?
Trop d'énergie, vaincue d'avance
Bien sûr, je pourrais passer vous voir à mon prochain séjour
peut-être le ferai-je
mais en suis-je à sacrifier mes propres désirs pour un mâle en patience ?
Triste comme depuis plus d'un an
triste sans interruption, sauf à jouer la comédie
en définitive je n'aurais connu dans toute cette putain de période de merde que deux après-midi d'équilibre
effondré le lendemain

si je n'avais eu de longues histoires radieuses (et quelles que soient les fins)
j'en tirerais des conclusions très sombres
sur la possibilité du bonheur
très romantisme décadent

mais
je persiste à espérer
que le feu intérieur sera nourri

putain je ne comprends pas qu'une telle soif d'amour ne trouve à s'épancher
(certes, je refuse les boissons frelatées)
je suis un animal solidaire
je n'aime que le couple et les bandes
j'aime le monde autour de moi

je souffre de cette solitude comme figure imposée
écrire c'est recréer la galaxie
pour étouffer les lamentations égarées

et quand je suis sortie de ce monde-là
j'ai dû croire qu'enfin je pouvais y aller
j'ai bien manœuvré
et je m'en mords les doigts

je suis de nouveau amoureuse et en vain
tout ce qu'il me reste à faire c'est de draguer ailleurs
et ça me lasse
pourtant c'est pas si difficile

bon
je suis encore en plein paradoxe

il faut donc en finir
avec ces lourdes pages
qui me sont revenues annotées

il faut les mettre à la boîte avant la dernière levée
du mois

m'en débarrasser pour me laisser revivre
solder les factures et barboter dans le jour vide
avec le sentiment du devoir accompli

repartir à la chasse
dans un éclat de rire

laisser les coincés derrière la grille

jeudi 11 novembre 2010

Cette double-vie là revêtue comme un gant - elle n'est toujours connue de personne, mais j'y ai mes quartiers, mes semblables ;

dans d'autres sphères virtuelles la partie semble biaisée d'emblée

mais toutes témoignent de l'impossible solitude
du désir à combler
des ailleurs espérés
des mondes à inventer

et des paris à prendre

alors

en être

c'est accueillir la part de fragilité
reconnaître au quotidien sa part de beauté

aujourd'hui
où j'ai annulé, à peine formulées, les perspectives de diversion
une à une
pour passer des heures muettes, livre retourné genoux coincés contre la rambarde
sans rien voir de la rue familière
inondée d'une grasse et paresseuse lumière

j'en ai même parlé à ma mère
j'ai déposé les armes
un jour d'armistice
j'en peux plus j'ai dit
c'est un aveu

c'est organique :
je récupère

repos du guerrier

passer des heures immobile
dans les pensées qui s'autorisent à rouler
à m'emmener face aux portes des possibles
entrouvertes
j'ai peur et c'est étrange
je n'en serais pourtant pas à mon coup d'essai
j'en suis épuisée d'avance
de quitter le sud léthargique où l'ennui me cloue
l'inanité me vide
pourtant
l'énergie même qui me manque
c'est elle que je brigue en m'arrachant d'ici
j'ai peur et c'est stupide
je risque moins que jamais de me planter
je saute avec filet
alors quoi, méfiance ?
je suis vraiment trop jeune pour virer vieille aigrie
et les ressources affûtées
le temps le réseau les envies
une certaine assurance et peu à peu la conscience que
je sais ce que je veux

aucun risque
qu'au bout du chemin
il n'y ait pas d'écho

je vais enfin m'autoriser peut-être
à rappeler le jeune homme indécis
avec tellement d'arrières-pensées qu'elles se neutralisent toutes
pour céder à la simplicité


aucun risque
qu'au bout du chemin
il n'y ait pas d'écho ?

dimanche 7 novembre 2010

Ce novembre estival n'a aucun sens puisqu'à 17h00 il fait nuit

les R*** brothers viennent de partir
(le phénomène)

on se demande bien ce que foutaient ces jumeaux chez moi
envoyés par la comédienne

sinon pour confirmer les projets cinéma
(compléter mon équipe)
le hasard et la nécessité, comme dans la dramaturgie
parce que c'est quand même la blague
l'assistant réal, le prod et maintenant les réalisateurs

Parfaitement rôdés, ils complètent chacun les phrases de l'autre
tout en niant l'identification, évidemment

et puis
ils partent

alors c'est dimanche et je suis seule de nouveau
fait chier

en une semaine j'ai réussi à m'affranchir du bouillonnement douloureux des veines au réveil
ce matin ma première pensée n'était pas pour le grand jeune homme dégingandé aux yeux d'étincelle

mais ça commence à bien faire ce solo indéfini, merde

alors la lourdeur, les attentes qui effraient, tout ça : je sais -
mais quand même ras la casquette

les lignes intérieures bougent et le cadre est chahuté
comme une cabane en paille

une intuition commence à poindre : si je m'écoutais, je ne soupirerais pas après l'amour censé m'échapper
la comédienne dit que je me trompe sur le couple, un compagnon n'est pas une solution
et c'est l'écho de l'intuition

alors voilà
je suis face à ce que j'ai semé

il va falloir

repartir

putain

oui alors ok je vais l'écrire ici noir sur blanc

deux ans et demi que je suis à Marseille
dans le soleil et l'espace dedans-dehors à gagner des sous tranquillou dans un job qui me laisse un max de temps
pour lire écrire créer

et maintenant
que je reviens d'un Paris qui bat la chamade et brûle ses idoles d'un soir
j'affirme à la cantonade
que peut-être je dois y retourner
m'enfermer dans un mini apparte hivernal avec des plombes en métro
pour d'hypothétiques piges mal payées
trouver l'amour la gloire et l'émulation (le stress)
me ruiner en restos avec mes meilleurs amis
bref m'aliéner l'esprit

(voilà pour la mauvaise foi)

et le rêve ce serait
de briguer l'excellence
dans la ville concurrentielle qui ne m'attend pas
et qui sous couvert de drague tapageuse entretient les célibats

sauf que tout le monde le dit
la comédienne elle-même le savait avant moi
je ne vais pas m'enterrer ici

ce bord de territoire d'où l'immature s'arrache définitivement
ce qu'il m'a annoncé dans une lettre déchirée juste après
il largue son ultime chambre
et pousse la dilution jusqu'au bout
l'inconstance jusqu'à l'inanition
non mais je te jure
ce que je dégotte comme lascars c'est quand même dingue

chaque métal bout à température
et mon incandescence prend un temps infini

samedi 30 octobre 2010

Au point où j'en étais
à battre le fer

j'ai appelé l'homme classe
qui répond présent
alors que,
je l'apprends plus tard
il avait rencart avec mon meilleur ami silencieux depuis un an
(oui, à partir de là, c'est la séquence on ressort les vieux dossiers)
et qui lui a présenté sa nouvelle conquête
ah bon tu me fais des déclarations alors que tu n'es pas seul
soit

on parle de nous
tiens on ne savait pas grand chose finalement
je suis séduite par son estime et par les effets d'une nouvelle maturité
que je lui plaise à ce point
on boit des verres, on dîne
il me prend la main
je l'embrasse
je me laisse embarquer chez lui

et là
retour de la tristesse
un familier de la jeunesse
la dissonance
des câlins qui ne sont pas ceux qu'on voudrait
j'annonce vite la couleur
c'est pas simple, entre dialogue, indépendance
et son désir à lui
son argumentaire
et la somnolence est teintée de soupirs
ici c'est très soigné c'est vraiment pas pour moi
avec ces perspectives désolées vers Marx Dormoy

tout ça reste très respectueux
je me dis que je ne me suis vraiment pas épargnée
deux cartouches grillées dans la même journée
bon voilà ça c'est fait
pas très fière de lui imposer ça
mais il le prend en souriant en râlant

au matin la nébuleuse grise orange chahutée par le vent
enfonce la tristesse dans l'orage
puis
tout ça bien déversé
le ciel se dégage d'un seul coup et je pars

je ne veux pas me laisser choir
oh putain
je sais que je peux endiguer l'émotion
je sais que je peux être seule
retour à la case dép

et l'autre qui me dit que je me saborde
sauf que le désir, tout le monde le sait
ça ne s'improvise pas
et j'y suis suffisamment rôdée quand même
pour ne pas me leurrer là-dessus

d'ailleurs moi j'ai pas prétendu ça auprès du grand jeune homme en noir
j'ai arrêté cette carte-là
j'ai même pas dit c'est dommage
j'ai dit : c'est mieux
pourtant dès que je baisse la garde,
je pense quand même un peu
putain on aurait été heureux

mais
de m'être décentrée
je n'en suis pas si sûre
c'est la bouteille qui parle

pourtant, si j'étais prête à essayer
c'était bien parce qu'il est plus réglo
plus mûr
plus équilibré
que mes anciens
la bonne voie dit la brunette
ouais ouais

le lent cheminement continue
vers quelqu'un
qui sera celui
y en a-t-il un qui

vendredi 29 octobre 2010

Chute.

C'était beau de se faire quitter à Tolbiac

moins violent de parcourir ensuite les paysages désolés de l'arrière-France en images
que si nous avions été seuls dans une R5 au fond de je ne sais où
où tu m'aurais dit : non en fait tu sais finalement

là je n'aurais vraiment eu aucun recours
d'autant que nous nous serions aimés au préalable

là on coupe court
dans le vif
moins d'une semaine c'est réglé
alors oui
je suis amère
j'ai le goût de ton corps et de ton sperme encore en bouche
les subtiles rides émouvantes, tes expressions mobiles
ton regard pénétrant
le plaisir sauvage
quittés à regret
les espoirs contrariés

mais

c'est en soi une belle histoire
beau début-milieu-fin
loyauté appréciable
dialogue d'adultes, affinités
et pour finir je prends le temps de te dire
tout ce que je sais de toi
et tout ce qui me fait craquer
ta fantaisie ton magnétisme ton intelligence
et ta sincérité

beau jeu vraiment
je reçois la pareille
intelligence fine stratège et bien sentir les gens
discussion de haut vol
passionnée aventureuse
et mon goût de l'instant
parler de sexe quelques instants pourrait nous troubler mais
on maîtrise vraiment la partie
juste au moment de se laisser on n'est pas loin des larmes
j'ai le cœur qui bat je lui dis

mais comme je comprends tout
j'accepte depuis le début
depuis que je pressens
depuis que je suis assise face à lui
qui a deux mots à me dire
alors balance, vas-y

c'est triste
mais c'est un soulagement
je savais que ça aurait été compliqué
et lui, à mes appels du pied délibérés
s'est posé les vraies questions
a su, se connaissant, que si la flamme avait pris
le moindre instant libre il aurait voulu me le consacrer

alors
oui
on aura essayé.

Merci pour la loyauté
puisqu'il y a eu une lutte
il aurait pu me faire faux bond aussi
je ne sais pas pourquoi, mais je l'envisageais dans les options

Et je ne sais pas pourquoi
deux personnes qui auraient tout pour se plaire
abandonnent d'emblée comme ça la partie

je fume une clope regard perdu le long des rails
c'est d'une beauté post-moderne
aux couleurs de ma mélancolie
je bois un café hors de prix en brasserie
personne répond au téléphone
un 29 octobre 2010 à Paris

dans le métro je me redis
sans y croire parce qu'il est trop tôt
bercée par la tristesse

alors ma vieille
est-ce le signe à saisir pour se ranger des voitures
pour passer aux choses sérieuses
pour honorer le scénario de film de genre
troquer l'assistant réal contre un prod
qui m'offre le luxe sur un plateau ?

Ce serait par dépit, je n'y croirais pas
mais c'est un vrai homme de qualité
séduisant et qui me connaît

hier en planant j'arrivais à m'observer : on souffre toujours de réalité
alors qu'on est heureux dans les vapes
je me sentais bien comme si tout était en harmonie
mais je n'ai pas voulu rester dupe de moi-même
c'est pour ça, j'ai négocié ma chute

et maintenant faut que je m'en remette

est-ce trop tôt pour les vraies questions ?
vais-je abuser de la situation, me consoler comme une connasse dans les bras
d'un type qui ne me fait pas vibrer
et dont par surcroît il y a des années
j'ai baisé le meilleur ami ?

Oui mais est-ce que je vais encore passer toute ma vie à me mettre en péril ?
Pour finir amère quand il sera trop tard

putain merde
peut-être qu'il est trop tôt
pour se poser les vraies questions
mais peut-être aussi
que c'est exactement maintenant
le vrai moment
avec mes tripes sur la table

à la fin d'une histoire
éclair
où j'apprécie toujours pleinement pour ce qu'il est
celui qui m'a congédiée
aucune animosité
et rien de plus à réclamer

tu me diras, j'ai provoqué la chute moi-même, pas froid aux yeux
aussi parce que je voyais
que je pourrais me retourner
finalement

avec tout ça
me sens quand même bien claquée
à vraiment pas savoir quoi faire
je pourrais rentrer à Mars
mais je ferai pas ça
là-bas c'est pas chez moi du tout
c'est un terrain de jeu et de voyage

j'ai encore quelques heures quelques jours
pour déterminer où est ma maison intime

or si ce soir j'allais rejoindre en banlieue
ceux de ma famille que j'aime bien
je sais ce que je viendrais y chercher
un encouragement

à me caser
dans l'histoire de luxe

alors attention
et puis au fond

il faut que je me rappelle
que j'ai encore du temps quand même

oui ben si c'est ça
je voudrais juste m'auto-annuler
là maintenant

on cherche toujours des expédients
pour atténuer la souffrance

et là, c'est rien
c'est du sentiment qu'on regrettera aux heures de la vieillesse
et de la maladie

Chute ?

Tu sais
moi aussi j'ai été trahie

mais j'ai envie de te faire confiance

(c'était simple de dépister tes flirts
ton envie de fuite
comme
nécessité de se rassurer
de se prouver une liberté
la journée à réfléchir à la stratégie de réaction
- à l'amour
comme à la guerre
comme au jeu d'échec -
je pourrais
ne rien dire
laisser couler
poser cartes sur table genre : la règle c'est ça
mais :
non

je me repasse la scène de la gare dans Les Poupées Russes)

c'est toujours un pari

mercredi 27 octobre 2010

Coup de théâtre.
Mon petit film parisien gentillet se complexifie
entrée en lice
du jeune homme de bonne famille

Le vieux pote
qui
arrive à la bourre
séduisant
on est content de se voir

m'emmène à une projection
sur le boulevard vers Gare de Lyon,
on se dit, alors, et toi ?
Comme un aveu de résignation
et de maturité
il dit qu'il rêve de s'installer
las des coups des soirs et des plans sans lendemain
et après
au pot des prods

à la faveur d'une blague
genre t'as vu on se retrouve tous les tremblements de terre
on est familier
on débriefe
on fera pareil à 60 ans

Oui, il me dit
dans notre apparte du 5e
je relève la blague
tu veux dire qu'on sera mariés ?

Et là : déclaration
12 ans qu'il me kiffe
et tout ce qu'il me dit de moi
me montre qu'il m'a bien cernée
la question des origines
des fuites et du gros potentiel de casse-couillerie
demain à 14h visite d'apparte il balance comme une perche
tes parents ils m'adorent déjà
tout ça au verre de rouge
et sur la route de mon renc vers Bastille
portant mon sac il m'annonce le programme, les enfants
et : tu seras très amoureuse de ton mari
et : pas profiter du besoin d'affection ni de la solitude
de ton année pourrie
c'est maintenant que tu peux choisir
et : prends ton temps

ça me touche
je chahute ses arguments
j'en redemande
quelle classe, sa sérénade

il me laisse
rejoindre les bras de l'inconnu
soudain mis en balance
l'inconnu évidemment mécontent
de m'appeler en vain depuis 10 minutes
oh, pardon, je dis
désinvolte
consciente de jouer mon rôle
de princesse

souriante
expectative
je l'observe
ses bâillements
sa réserve
ses changements de programme
les accessoires de sa méfiance

on va chez lui on fait l'amour
on fait l'amour vibrant
avec du rire et des jouissances et des caresses
des cris et du jeu

la nuit il est malade
une intox alimentaire tu parles
ça remue, là-dedans

au matin de fil en aiguille de bavardage
on aborde (déjà) les vraies questions
il révèle son ambivalence
il dit qu'il est instable
le passé les trahisons tout ça

oh là là je te jure pourquoi toujours comme ça
le monde moderne, il dit, l'individualisme
je pense à l'autre
je n'en parle pas
mais ça me donne l'aplomb pour tout balancer
ça tombe bien cette discussion, j'allais te glisser une réplique sur les priorités
Lui : oui, tu sais, moi, je sais pas
si vraiment je veux
ou pas
ma vie...
pis si tu me demandais mon sentiment physique, là
ben ça va pas

ah voilà, maintenant tu vas l'associer à moi ce mal de ventre

ok je t'appelle il conclut
alors non, on va pas faire comme ça.
Je pourrais être à ta disposition
mais je ne veux pas
être tout en bas de ta liste des tâches
au passage, je suis sdf dimanche soir, tu m'accueilles ?
t'as un dîner ? D'accord, invite-moi
Une meuf, c'est comme un enfant, pas le choix
(quitte à faire la chieuse, je regarde jusqu'où t'encaisses)

bon allez à demain
prends bien soin de toi

je ne sais plus ce que je lui balance sur le mariage
puis, tandis qu'il se tord sur le canap
et avant même qu'il ne s'insurge,
"nan jdéconne"
et je me tire

heureusement qu'au bout de la 2
y a la brunette
aurait-elle pu sincèrement me conseiller la voie de la sécurité ?
Oui mais non
elle approuve sur toute la ligne
m'adoube dialoguiste
jugeant positivement les atouts du garçon inconnu
instable, indisponible ? Les excuses qu'il se donne
introspection, écoute, joie de vivre, très bien tout ça
et tu ne vas pas te caser
avec un mec, au demeurant très chouette
pour un programme confort

(Au moment du point final, le troisième protagoniste
apparaît :
texto : "dispo ce soir ?"
surfing on the wave : "why not"...)

Princesse attitude, ouais, enfin
le grand jeu des minauderies
mais fair play
je prends des risques, il me faut des soupapes

salut, c'est moi
je reviens dans la course

mardi 26 octobre 2010

Putain j'ai déjà des problèmes de couple
me balancé-je à moi-même comme une blague

la nuit retour du refoulé, comme par hasard rêve d'une dispute avec mon père
le jour j'échoue à garder le recul, au bout d'un moment, vaincue, je diffère
le moment d'avoir moins froid aux mains aux pieds
le moment d'être moins inquiète
car il ne rappelle pas
c'est donc qu'il s'en fout
c'est donc que je suis la dernière roue
le jour j'ai beau faire avancer mes affaires, plus rien n'a de goût

puis au moment où le soir enfin ça n'a plus d'importance
à réchauffer les pâtes avant un verre au bout de la 12
il appelle
bordélique rigolo désinvolte
je comprends rien à son orga
tain la semaine où je suis là t'as zéro dispo
je dis y a l'orga, ok, et puis y a l'envie
ce salaud répond que l'envie d'abord c'est de voir son gamin
je le sais que t'as un gamin, j'ai bien compris
ça va être compliqué cette histoire
oui mais au moins on aura essayé il répond
tout ça dans la plus courtoise sympathique discussion

réponse drôle disent les copines
blague de bon augure

mais quand même, des scuds, hein. C'est qu'un début, alors c'est too much, non ?
et puis non, c'est un début, c'est maintenant
que se joue la mise en place
déjà le moment
que j'aiguise ma réplique insidieuse
parce que mes vieux dossiers se rouvrent à l'exacte page où
je les avais laissés en plan
tu crois que t'es toute fraîche, à peine éclose
et en fait t'as huit ans de couple dans les pattes
(oh les contrariétés qui remontent...
le combat de la dispo...)

alors
voilà mec
c'est pratique une meuf à marseille
à qui accorder une demi-heure par semaine
mais je ne serai pas la cinquième roue
je sais pas moi, quand on a envie d'une histoire
on prend des risques
on pense peut-être à revoir ses priorités

je peaufine ça et je vais te la balancer candidement comme si de rien
en deuxième partie de soirée après avoir moi-même passé un moment avec un vieux copain
et sans scrupule en plus
les bonnes techniques d'éducation
faudrait au moins que cette année m'ait servi à prendre de la graine
à devenir la parfaite chieuse que le monde nous envie
ne céder sur rien et jouir de tout
il paraît que ça les fait kiffer
(oh la grosse machote)
(non mais là je me mets des objectifs mais c'est parce qu'en vrai je cède bien trop vite sinon)
(à part ça, le gingko ça a l'air de marcher)
(sans ces précautions, jamais je ne pourrai revivre dans la foule en dessous de 15 degrés)

dimanche 24 octobre 2010

Dans la vie,

il y a aussi

des périodes

comme ça :

exaltantes, trépidantes, à 200 à l'heure que du bonheur

réactiver toutes les fonctions assoupies

voyage, radio, sexe et grandes amitiés
tournée des bars
et l'écriture, mais oui,
aussi

ah ben voilà !

A un moment en trois jours j'ai relié les trois cités de mes dernières années
mes quatre dernières maisons
à I. à Marseille à Paris

- Chronique de la mélancolie dans la boîte
et bientôt sur les ondes, messieurs dames
mélancolie orientale, cela va de soi
oh la sentimentale ;
le beau gosse de l'émission prêt à renouveler l'expérience
quand je veux : voie royale -

puis

dans le froid saisissant de la capitale
que je jauge (saurai-je m'y réhabituer ? Et ce stress, ces nuages bas, ces tous petits appartes)
(J'ai envie de revenir)
(Eh oui...)
Je lui donne rendez-vous au bar des bonnes humeurs
hommage aux souvenirs
des beaux moments de Ménilmontant
puis,
doublé gagnant
je l'entraîne
au resto des belles occasions
alors, finalement, parigot d'adoption, je te fais découvrir ton quartier ?!
De grands rires en doux baisers, monsieur roule sur les trottoirs et m'attend aux sorties des stations, un seul casque il est bien embêté
mais du décalage, on fait un jeu
qui ressemble à du petit film parisien
jusqu'aux toits du XXe à travers la croisée
et les ébats qui devaient bien arriver
explosifs
dans l'ivresse s'y adonner sans trop savoir si c'est vraiment le genre prisé
bousculade festive

quelque chose en moi croit à cette connivence
toute cette simplicité

mais bien sûr il faut du temps
de la marge

depuis lors le silence
je laisse se déposer les éclats
de première nuit
où comme à chaque nouveau début la somnolence épuise
les sursauts du corps
les images incohérentes
le réveil du désir
les suées et les baisers
se pelotonner familièrement entre des bras inconnus
d'évidence

il n'est pas contre
il y a une retenue
une pudeur ?
une peur ?
je modère mes ardeurs

chez lui c'est rouge et blanc
il y a des livres de photo
les surprises y sont beaucoup moins dépaysantes
que dans la chambre exiguë du chevalier des steppes
dans la ruelle secrète du quartier noctambule à I.

Ici, ça pourrait être ma nouvelle nouvelle vie
de petite nénette cultureuse
- comme tout le monde, quoi -
écrit-elle depuis le nid de Belleville
dealé avec la comédienne
contre mon grand traversant plein de soleil et de bruit

Je repasse devant la terrasse où l'an dernier même époque à la faveur du déjeuner avec F.
je l'avais rencontrée
la comédienne
installée depuis lors à Marseille

pendant tout ce temps tu crois que tu galères
un an après tu repasses, état des lieux, et quand même c'est la classe
réjouie du chemin parcouru

en revenant ici,
saurais-je préserver l'espace intime
pour comprendre les enjeux
des relations des désirs des affections
des amours des amitiés
mieux que je n'ai su le faire
il y a quelques années ?


Marseille me semble s'éloigner à vitesse grand V
complètement incongrue
le lieu de la distance à soi
salutaire, voire féconde

faut pas que j'oublie
je vais y rentrer

et surtout, surtout, pas de précipitation
depuis les starting blocks
(oh les plans sur la comète)
(et les risques de faux pas)
(mais tu sais quoi ? je suis confiante... réflexion à l'appui)

donc :
si tournant il y a à négocier
il faut ménager le truc

(m'enfin à me relire
les choses ont l'air bien claires)

mercredi 20 octobre 2010

presque - pas tout à fait - rendez-vous

et j'avais beau en rêver

ça me déboussole

ça me déconcentre

retour du vivant

pour l'instant je tiens le coup

mais c'est drôle ce truc

de se sentir au bord

de perdre tous ses moyens

(et si... ?
et alors lui, euh, mais ?
et moi je ?
mais est-ce que lui, moi, nous,
...
(je me fais des films ou bien euh,
hmmm...))

au secours !
(oh oui !!!)

samedi 9 octobre 2010

Et il rappela

sans avoir écouté

je laisse sa voix témoigner d'une posture tranquille

alors ok, je rappelle à mon tour :

je rappelle, j'ai entendu, faut que tu saches
je t'ai laissé un message pas sympa

efface-le

dans le dialogue qui a suivi

il y a l'histoire du temps, des obstacles

du téléphone perdu retrouvé

l'intention de venir mais tout trop compliqué voyons à ton retour

moi :
mais tu sais, je viens
à Paris, fin du mois

pas grave pour l'impossible
voyage inopiné aux frontières du continent -
je t'appellerai à mon retour
on visitera la capitale de la France
oui, faudra monter sur la tour Eiffel, personne jamais ne le fait
Ah oui ? Ah non, on va pas faire ça
oh et puis après tout c'est ton domaine
je te laisse la main
découvrons les rues secrètes de Paris

et pour ne pas
en finir comme si de rien :
quand même un truc, si je t'ai laissé un message pas sympa
c'est qu'on ne se connaît pas, alors y a de quoi s'interroger :
peut-être un jeune homme qui me fait le coup de l'arlésienne

Non, pas de plan répond-il
je ne suis pas accroché à mon tel
mais

Je suis là


Colère
désillusion

ça ne fera jamais qu'une de plus

colère accaparante, ne rien pouvoir faire d'autre que ruminer

j'envoie au matin un message comme une sonde légère

je laisse mon phone à la maison

deux heures après retour, rien

alors mesure exceptionnelle, les trucs où on s'arrache

désolée mais ça commence à devenir chiant cette disparition des ondes
un petit signe serait appréciable

si le soufflé est retombé
que je suis à côté de la plaque
j'aime autant le savoir
cio à bientôt j'espère

avec cette voix grave froide et courtoise
qui me conserve la dignité

alors que je fais un truc vraiment pas fastoche
dénoncer la fuite d'un inconnu
qui ne me doit rien qu'une réponse

un oui, un non,
un terminé
un oui oui tout va bien

L'Ange m'a dit qu'avec mon invite cash
au moins je saurais vite à qui j'ai affaire
on n'a pas de temps à perdre

elle n'a pas tort

me voilà bien
marrie

une fois de plus

au lieu de me dire que j'ai été trop vite
puisqu'aussi bien j'ai résisté à mes tentations de fille bouillante avant d'avancer à découvert

je comprends mieux les difficultés d'orga dont il me parlait
si tu rappelles jamais, coco, ça en dit long, c'est sûr

y a des fuites que je laisse passer, celle-là non

sensible aux conseils d'une jeune femme hier
j'ai relancé
un peu plus tôt certes

et me suis plus vite énervée
qu'elle ne l'aurait fait

j'avais juste besoin d'une autorisation
putain les relations homme-femme

je leur fais peur alors comme ça

bon ben j'en ai pas fini

y a du boulot encore
et le premier qui me dit que je dois fermer ma gueule
être plus mystérieuse patiente distante
un peu folle
ainsi attirante
ou
dépendante-rassurante

je lui mets un coup de boule

vendredi 8 octobre 2010

C'est sûr quand t'es seule tu peux
en rentrant
longer la terrasse en bas de chez toi, tomber sur une connaissance, enchaîner deux bières
et un resto

tu peux dormir 11 heures pour endiguer le coup de nerf de la vieille folle
pas esquivé, cette fois
et qui bout toute la journée dans les artères sensibles

tu peux prendre le temps vendredi matin
d'écrire sur ton blog pour te faire une raison
pour te faire une patience
parce que l'homme
inconnu mais pressenti
espéré
est silencieux
sans doute pour des questions fort légitimes
d'obligations diverses
à J-5
or comme j'avance à découvert
je vais pas non plus aller aux nouvelles
question de fierté
et d'équilibre

quand t'es seule tu peux
te dire que t'as de la chance d'être libre
que ton ennui c'est rien
par rapport à la pression des boulots contraignants et de tous les engagements
le nez dans le guidon

mais tous les jours tout le chemin à refaire
trouver un sens à cette vie-là
aussi tranquille soit-elle
sa vacuité

j'ai besoin d'amour

je ne suis pas si seule je le sais
étonnée de la force et du nombre
de mes grandes amitiés

mais l'enthousiasme s'essouffle
dans la répétition des jours
je voudrais m'oublier cinq minutes

je m'exhorte encore à la patience

encore

putain

lundi 4 octobre 2010

En effet c'est révélateur ce qui se passe avec la S.
Ce soir, deuxième jour seule malgré l'intermède pro pendant une heure trente

dépressurisation de l'appareil
la chape de vide me tombe dessus
désormais habituelle, sinon familière

là je me dis
ah non
stop

en deux deux je me mets à douter de tout l'amour du monde avec ça
une non-réponse, un suspens

oui bien sûr que ce dont j'ai besoin c'est sourire câlins
ces trucs dont j'ai oublié l'habitude
dont parfois l'envie me traverse
qui m'ont laissée à marée basse
durablement

et quand j'y pense ça me paraît dingue
que je puisse vivre là, sans amour depuis si longtemps
un corps dans l'espace

faut résister
à l'étrange vertige

donc je me dis : bien sûr que oui tu comptes pour eux
les amis
les hommes séduits
sortir de sa coquille et offrir sa fragilité

or c'est sur ce vide-là que la S. a tissé sa toile
je le lui ai présenté, évidemment
au moment de ma ruine et depuis,
c'est toujours là
et notre bonne intelligence va au-delà
mais au fond ses reproches
de négligence
parfaitement infondés
ne tiennent qu'à ma disponibilité et à mon doute perpétuel
savamment entretenus malgré sa bienveillance

alors : non
je ne cèderai pas
à ses insinuations
à sa déprime
à mon propre vague-à-l'âme passager

j'ai trop envie d'y croire
à la vie

pas dupe, ok mais
j'ai aussi envie de penser

que même avec l'immature j'aurais pu gérer autrement
la crise

si j'avais moi-même cédé
été moins intransigeante

que le défaut d'amour n'est pas qu'une malchance
j'ai toujours été au milieu du guet
bien plantée là, solide, parfois déboussolée

entière

chez ceux que j'aimerais aimer,
oui : plus de sincérité que de perversité
et moins de dérobades que d'impuissance

et ceux que j'aime sont toujours là
c'est pour ça qu'on ne passe pas notre vie à s'appeler

donc : je suis seule parce que je le veux bien
parce que je veux finir ce truc pour le travail
parce que je veux parler à l'Ange au téléphone ce soir et me coucher

mais je pourrais aussi
appeler la joueuse ou la vieille compagne de route
mes complices à deux rues d'ici.

Peut-être faire ça, oui.

Je mange et j'y vais.
J'en dors pas de la nuit

putain ces insomnies, j'avais jamais vécu des trucs pareils
cogite non-stop jusqu'aux heures du matin
un truc pour se protéger du vent fou qui renverse le haut bambou de la terrasse

aujourd'hui il pleuvait, presque j'aimais bien
mais revoilà déjà la lumière

la nuit a imposé le choix
le matin composer son numéro
il met une heure à rappeler
comme d'hab surbooké

tu m'as bien dit que tu aurais du temps la semaine prochaine ?
Je peux te faire une proposition indécente ?

Or il n'a pas peur
il dit que c'est tentant
- tièdeur pourrait-on croire mais ce n'est pas par courtoisie
il dit faut regarder, je ne peux pas abandonner mon enfant

je me doute bien je dis
j'ai vachement hésité à te proposer
c'est à prendre ou à laisser
mais comme c'est une occase
au diable les scrupules
tu peux venir seulement quelques jours si tu veux

je le sens encore débordé
il dit qu'il ne peut pas regarder avant ce soir

c'est curieux, ce truc, il aurait pu dire aussi : je m'y attelle au plus vite

ces drôles de "oui" de parisien, ça commence à ressembler au "non" turc
genre tout est possible mais je n'ai pas le temps
les Turcs jurent leurs grands dieux que tu peux compter sur eux, ça veut dire le contraire
ceux qui modèrent sont plus fiables
les Parisiens je me demande
en général quand même ils font ce qu'ils disent
très très tard longtemps après
tout en bas de la liste des tâches

Mais il ne dit pas non
il n'a pas peur

il ne rugit pas d'enthousiasme non plus
mais moi de toute façon je suis très calme

j'envoie un message aguicheur et le lien des rézas
dis-moi quand tu sais

en plus j'avance total à découvert puisqu'il sait qu'après je suis à Paname
c'est confort pour lui

mais comme je suis indépendante
avec un apparte rien que pour moi

et que c'est mon chantier de l'année

alors

roulez jeunesse

lui ou un autre, on verra bien

on ne se refuse rien

(t'as vu j'avance...)

dimanche 3 octobre 2010

Sur Internet les gens ont la vie dont ils rêvent

Cette phrase de lui qui m'a tant plu
j'en aurais fait un thème de photos dédiées
pour rire

pourquoi pas, du reste

pour remiser cette idée folle qui m'a traversée ce matin :
"toi qui es prêt à voyager vers la Méditerranée, ça te dirait de me rejoindre... à I.?"
mais je n'ai rien envoyé

conciliabule de la raison :
non tu grillerais toutes tes cartouches
non, tu vas te manger un rateau méchant
non : si ça se passe, retrouvailles tronquées avec les amis, déséquilibre
(et puis à I. on y va quand on veut)
non : c'est mieux qu'il t'imagine là-bas toute seule
aiguillonner fantasmes
(s'il en a encore)

et les photos pleuvraient

du coup me voilà à créer un album
au départ le jeu c'est pour lui
moi, tu sais, je me défie de "mon mythe personnel"
comme l'appelle le collègue au sourire sexy cynique

et puis finalement

finalement...
me voilà heureuse comme un dimanche à I.
de ceux où je m'enfermais dans mon bureau à checker ma life

heureuse de ne rien faire de ce que j'avais prévu
de couper court à la vacuité du sud
dans l'été qui n'en finit pas
et dont je me lasse (oui c'est vrai)

heureuse de remettre à jour
la ligne de fuite du détroit
le seul lieu qui me convienne vraiment,
un bras de mer entre Europe et Asie
toute une histoire, là-dedans, et des générations d'aïeux
- ce genre de choses qu'on se raconte -

L'aventurière est lasse d'être coincée
mais n'est pas obligée de tout foutre par terre
le garçon, on le sait, ne serait qu'un prétexte
puisqu'on ne se connaît pas

un prétexte à la fuite
or : inutile de fuir
j'ai tous mes souvenirs pour moi
les preuves de ma vie rêvée réalisée
je n'ai pas eu peur de rentrer
tout peut toujours recommencer

mais putain comme c'est dur
de se ranger des voitures
j'oscille
je joue avec la tentation
de repartir
à Paris
de quitter le taf

de me brûler encore les ailes

de l'air, de l'air !
(je ne pense pas à l'étranger
j'ai trop besoin encore de mes amis
je ne partirai plus
- ou alors avec un homme un vrai
dans longtemps
ou pour un an seulement
je sais pas, moi
avec des enfants
je repartirai peut-être, mais autrement)

alors que peut-être des possibilités s'ouvrent ici
un ou deux hommes plutôt la classe
rencontrés cette semaine
dont un géographe voyageur

je me promets que je vais aller vers lui très vite
parce que quand même
faut pas déconner
il a beau porter une casquette...

mais je suis comme l'immature
ça doit pas tant me plaire
avant même de les draguer
le vertige de l'installation
durable
dans cette ville au soleil
avec un grand appart, des gamins, week end dans les calanques
en fait je crois que je ne veux pas ça

la dérobade perpétuelle
l'entourloupe
le croche-pattes à soi-même

Paris pourtant je la connais cette salope
son hiver morose
ses loyers hors de prix
son anxiété fiévreuse
son nombrilisme hermétique
son manque d'imagination

ici au moins tout est toujours à découvrir
toujours du monde débarqué d'ailleurs
je suis aux premières loges
et tout peut encore advenir
la vie rêvée c'est celle qu'on construit

oui je sais mais je
Retour de bal

pour une fois qu'à Mars il y a foule dans la rue

sans que ce soit des morts bourrés

sensibles au sound system saturé

genre tu peux parler et partout il y a des jeunes détendus

assis sur le rebord de la fenêtre

les bières se partagent et les conversations impromptues

surgissent

l'une des premières nanas de rencontre à mon arrivée ici
son bon sens
attentive

me dit : putain je suis contente qu'on se rerencontre
moi aussi je lui dis

questions de disponibilité, hein

fallait écrire
on m'encourage, ne lâche pas
t'inquiète, au point où ça en est...

chai pas, les gens tu leur dis que t'écris ils sont à fond
c'est bizarre quand même quand on ne les connaît ni d'Eve ni de nulle part

au retour je me mets face à :
est-ce que machin est un homme pour elle (moi)
est-ce qu'elle (moi) est une femme pour lui

non
poudre aux yeux

projection ma vieille
oui mais vas-y
(comme m'y enjoint la vieille copine d'I.
arrivée ici et qui largue le père
de son fils
comme c'est dur)
vas-y prends du bon temps
tu seras belle et mince
et désirable

non mais tu sais moi je fais ça je tombe amoureuse
eh bien tombe amoureuse
et alors ?

bon alors c'est ça
pas se frustrer

roue libre jusqu'en décembre

rendez-vous ici

pour le bilan des pots cassés

pas le choix on dirait

samedi 2 octobre 2010

Là je vais partir au bal du Plateau
mais avant faut que je parle
à quelqu'un qui ne soit personne d'autre

oui parce que j'ai pris mon téléphone
contre tous les codes de séduction qui disent d'attendre
- ce que j'expose en riant -
le problème c'est le grand au bout du fil
qui vide son sac pendant des plombes
t'es en colère je lui dis

la mère de son gosse, le taf à rallonge, la pluie

et toi
?

il finit par demander

au bout du compte moi j'y vais très cash très tranquillement
genre faut qu'on se voie parce que les textos, là, hein

il est vraiment tout à fait d'accord et conciliant
et même ça aurait pu être dans pas si longtemps

mais pas le week end prochain
et après c'est moi qui pars

devine où
à I.
en résidence la meuf
eh ouais, trop cool la life

une semaine

tout ceci nous ramène à dans trois semaines
putain fait chier
c'est un truc à faire retomber le soufflé

tu parles c'est déjà le vide intersidéral
moi j'ai l'impression qu'il n'est pas vraiment dispo
avec ses prises de tête, là
et pas question de jouer l'aide-soignante
la meuf compréhensive et pas chiante

tu me diras trois semaines j'ai le temps de réfléchir
lui aussi

le temps d'inventer comment aménager un moment pour nous dans le bordel
et c'est la seule issue
le seul crash test
possible

si vraiment...

or : ça se tente

Coïncidence

Y a du changement dans l'air

infimes bifurcations

je refuse la prise de tête avec la Sauveuse au retour

je vais rentrer toute seule je dis au milieu du chemin

elle continue sa route furax, je prends la première rue

me sens un peu dépitée un peu coupable

et rentre par les petites rues du quartier africain

j'aime bien finalement

y a pas si longtemps j'aurais voulu rentrer vite et pas par là, inquiète

j'arrive au-dessus du commissariat

vos papiers, me sortent pour rire deux mecs qui traînent là

une heure du mat'

ça alors ce sont précisément les deux qui m'ont abordée devant le tram quelques heures plus tôt
alors que je décollais la petite affichette de pub pour le medium aux flashs auditifs

ça n'arrive jamais
deux mecs qui font des blagues sur un geste insignifiant du genre
ici on t'aborde avec concupiscence et banalité
en général

ils n'en peuvent plus, c'est un signe, incroyable
j'avais quand même causé avec eux pendant deux-trois stations

on va boire un verre
je leur expose ma théorie très rationnelle
sur la loi des très grands nombres
- il est improbable qu'une coïncidence n'advienne pas -
oui mais l'un des deux

la semaine dernière
dans un bled de haute-provence
m'avait déjà repérée
dessinée, même
avec mon jean et mes talons compensés

sa meuf avait soupiré : regarde cette nana, elle sait ce qu'elle veut
elle assure

elle m'avait vu intervenir dans le public
de l'Hôtel de ville
en avait conclu d'évidence
que c'était moi la meuf du grand F sur la scène

c'est bizarre là quand même

avec son gars eau dans le gaz
elle est enceinte il dessine quel avenir pour son enfant
alors il est à Marseille le temps que ça passe

à la fin il me dit : faut prendre des risques dans la vie
avec elle il y va
et aussi : toi tu es vulnérable en amour, il y a des choses que tu attends et que personne ne comprend
ah oui à quoi tu vois ça ?
un truc de signe astrologique, oui bon, ok
L'autre continue de me faire l'article
rebondit à la tchatche
avec ses grosses baskets
comédien commercial

des rigolos pas inquiétants
sympas attentifs un peu intéressants
un tout petit moment d'échappée belle

je rentre et je marronne un peu
sur les reproches de la S. qui m'accuse insidieusement
de n'être pas fiable

une réplique de dispute de couple
un an qu'elle remplace mes amours perdues

or je prends la tangente
troisième shakra branché
et ma walda crachée
mardi soir

ce matin à l'aube
sur le mobile y avait
"toi faire la gueule ?!"
du grand échalas brun qui me séduit
sur des mots et un coca d'une heure et demie
j'ai rappelé
ravie

tout en expectative
encore

les choses vont très très vite pourtant
je lâche la Sauveuse
à un scrupule près
elle le sent
elle râle

il va juste falloir éclaircir le truc
une fois de plus
demain

poser des dates et des barrières

ça roule

j'arrive
enfin
à dire un non
qui est un
oui
à tout le reste

lundi 27 septembre 2010

Ce qui est en train de se passer

(Wouah)

La vérité c'est que ce n'est pas en un claquement de doigts

Mais tout s'agence là maintenant, alors
c'est fou ça

Tout espoir en suspens dans le grand vent de Provence

l'écoute attentive ou rêveuse des lectures des questionnements

de la vie dans les livres

je croise des plumes familières
c'est un vent de sympathie qui règne

avec F on a tout étalé un matin au café (le nécessaire respect, adieu ambiguïtés, son rôle dans l'écriture)
c'était simple comme bonjour
et après tout a roulé
mais alors :
tranquille

là, ce soir, on a clos le festoche tous les deux
fait rire l'assistance
avec ces petites histoires glanées parmi les gens
alors voilà on partage ça
putain quelle belle transition

entretemps
le silence du grand jeune homme qui fait l'objet de mes fantasmes
soudain resurgis des limbes, intenses et délicieux
et douloureux (bouleversants)
depuis mercredi où l'après-m a fait monté la sauce à coup de textos

jeudi à contretemps
ça me fait bouillir à l'intérieur, une seule ligne, une pensée

et hier flippe totale, la mise en joue
je finis par craquer
Que me vaut ce silence ?
(Quitte à tout foutre par terre en chieuse de meuf au taquet)
avec douceur il me répond
il s'apprêtait à m'envoyer des baisers enflammés
que juste parfois il est silencieux

mais ça alors
ça alors
c'est donc si simple
on peut se dire ces choses-là
au bout de quelques jours
à distance
sans se connaître ou presque

aujourd'hui il se réjouit du petit succès succinctement évoqué dans l'écran du mobile
jusqu'à présent je me disais ouais ouais
joli cœur de dragueur
les mots : du vent
surtout ne pas s'en payer

La Sauveuse à qui je finis par tout déballer
me défie
des faux semblant
et des excès précipités

mais en fait
en fait
ça se pourrait bien qu'il y ait
derrière tout ce virtuel

de la sincérité

mercredi 22 septembre 2010

Aujourd'hui aujourd'hui

je me disoh si on s'arrête là tant pis(bien sûr la descente serait rude, l'amertume tout ça)

mais juste tes sourires
l'évidence d'une connivence
ce baiser sitôt envolé que goûté
c'est la preuve queouitout est possible
de nouveau
l'envie la joie de vivre les projets la liberté
les corps complices les fous rires l'attention l'altruisme et la légèreté

en riant j'ai déclaré, tandis que valsaient les lunettes du soleil de septembre
mais super j'adore ce truc compliqué qui commence
enfin qui commence... on n'a bu qu'un verre en même temps
ça commence toujours par un verre il a répondu

j'ai ri sur le perron, chacun reprend son chemin
après 1 heure et des poussières
j'ai retapé le code à plusieurs reprises
j'ai claqué la bise à mon ami futur papa
filé à la gare

dans le train le ciel émouvant comme un cadeau
aux teintes de métal mat de fin d'été
état de grâceje me tiens à l'oeil
consciente des cycles et des responsabilités
pas tout lâcher pour une dévotion au destin (ce salopard qui n'existe pas)

« quel délicieux moment »vibre sur mon portable
j'en ai encore les joues rouges du soleil de Paris

ainsi c'était possible d'y goûter la bonne vie
dès samedi un blanc en terrasse à Pelleport
je me suis vu revenir vivre là
l'ambiance de marché du matin me rappelait Toulouse
Toulouse il y a dix ans

j'ai offert à un parisien une parenthèse dans le speed
il m'a offert sa bonne humeur dragueuse, son élégance et ses projets
soudain être à Marseille n'est plus une fatalité
c'est un intermède

les horizons s'ouvrent
je me comprends mieux
ce n'est pas que j'ai besoin de situations compliquées
c'est qu'il faut l'ouverture
sinon j'étouffe
l'ouverture, pas le désengagement

quant à lui je le sens il prend son temps
c'est respectable et nécessaire
ce n'est pas salaud,une méfiance
en attendant
la correspondance reprend
la douce rêverie de la distance
les équivoques imaginaires
charmes allusions perches tendues
fantasmes et temps pour soi précieux- chaque minute indépendante est pleinement vécue -

absolument naturellementcomme si jamais aucune blessure
j'en suis là
intacte
attentive au point de vacillementet

demain tu sais quoi
maintenant que j'ai tout étalé ligne à ligne dans la boîte de F
on va pouvoir s'y mettre au projet
dès demain
je te dis pas où sinon tu vas trop vite comprendre qui c'est

alors
elle est pas belle la vie ?

mercredi 15 septembre 2010

Dérobade

Alors j'avais bien lu...

(tout ceci déboucha sur
champ contre-champ
chassés-croisés loupés
truc classique de ciné)

Avant toute chose :
par la présente, je mets fin au suspens
des 20% restants
je ne lis plus depuis longtemps

courrier international

Puis :
c'est tout de même dingue
j'ai écrit voilà longtemps
un truc qui maintenant est coincé dans une demi-ramette destiné à la poste
qui ne racontait pas autre chose
(une annonce, un numéro, corrélation-projection)
c'est troublant
depuis que j'ai tourné la dernière page
c'est comme si j'étais enfermée dans ma putain de fiction
qui ne cesse de se prolonger
en terrain virtuel
des im-probabilités

Venons-en aux mots :

évidemment ça m'avait effleurée
mais je l'ai pris à la légère
à la boutade

trop crypté de but en blanc
et puis quand même depuis quatre ans

que viendrait faire
soudain
ce cheveu sur la soupe

- Et à relire la précédente note, ah là là, que n'aurais-je à redire sur moi
me voilà en contre-balance /
mes œillères de femme d'aujourd'hui, hein
les mots, du flan tout ça
mais ici l'exutoire : je ne la supprime pas, la note
ne cache rien
(et dérobe le reste, corps visage présence) -

imaginez-moi
sur un horaire indécis
prendre le train

pour un rendez-vous sibyllin

vous me rétorquerez : n'est-ce pas ce que vous vous apprêtez à faire ?
et ce serait (presque) vrai

si ce n'était de ma propre initiative

(et à quoi voyez-vous
que je suis joueuse ?!)

alors peut-être j'ai du grain à moudre

il faudrait que j'apprenne à lire n'est-ce pas
que j'apprenne à lâcher prise
que je souscrive aux aventures tendues comme des perches
au lieu de faire la chasseuse
bredouille

non bon d'accord il y a un boulot d'analyse

mais quand même

franchement

vous qui en connaissez beaucoup trop long sur moi

croyez-vous que je sois prête, là, en deux jours
à me la ramener à visage découvert ?

Ceci étant posé

MERCI

pour la rêverie que vous me prêtez

pour la bouteille à la mer

tandis que rétrospectivement me revient en images
le soir de danse sous la tonnelle
un 11 septembre, c'était pas mal

quant aux terrasses tribales...
On va pas se raconter d'histoires

je suis azimutée c'est très inconfortable

(la fille jamais contente)

faut dire que je me préserve pas, hein

et puis deux jours de silence ça suffit aux montagnes russes intérieures

comme si d'avoir vécu up up up
puis down down

ça laissait des traces

(allez, encore dix ans à ce régime et c'est la maniaco-dépression)

au terme du jeu de l'enquête on line

j'ai balancé la cartouche du déjeuner parisien
comme si ça allait de soi genre c'est à deux minutes de chez moi

pas de réponse mon pote

pas de réponse et pourtant
je pense qu'il y en aura une

mais on ne sait pas
les hommes d'aujourd'hui hein
et puis c'est les actes qui comptent maintenant j'ai compris
les mots, la correspondance tout ça
du joli flan

j'aurais pu raffiner
me suis-je dit après
il y a des stratégies séductrices de pointe
j'oublie tout le temps
j'y vais bien cash
ce qui a le mérite de révéler d'emblée les enjeux
et me laisse sur le pavé

enfin tant pis
je m'en remettrai

quitte à quand même baguenauder sur les pavés d'automne

et à se le tenir pour dit à la prochaine occase
car il y en aura d'autres

dis-moi pourquoi
j'aurais aimé que ce soit toi

dis-moi pourquoi
je projette à dix mille comme ça

j'ai beau savoir ce que ça fait
en mesurer la vanité

ça ne rate jamais
la machine à s'évader
du quotidien
c'est pourtant pas l'enfer
même si ça manque de poésie

je m'en invente à bas prix et je la paye cher quand elle fuit
putain d'insatisfaite perpétuelle
ne brigue que le challenge

je n'en dors pas la nuit
me restructure
à laisser turbiner les fantasmes et les voiles qui se déchirent
sur les statu quo psychiques

j'ai peur j'ai envie
d'intensité

les hommes leur regard dans la rue
le flux s'échappe et circule malgré moi ou presque

je me prépare à la déception
et s'il ne répond pas ?

dernière fois une excuse pour silence de deux jours
c'est galant

oui mais

ah jte jure
ai troqué solitude giratoire
contre obsession circulaire

ça n'apporte pas trop d'eau au moulin
putain de putain

mercredi 8 septembre 2010

Alors
en douce

cette solitude giratoire ce n'était plus tenable
le dimanche toujours toute la pente à remonter

j'ai inscrit un pseudo à l'insu de moi-même
sur un site vénal
juste pour voir soi-disant
en me regardant du coin de l'œil rigolarde

et très vite a surgi d'une bande d'insipides
son profil singulier

la sauce a pris direct

je surfais à deux à l'heure de mon lit sur la connexion des voisins
juste profiter de la vague dragueuse
se jouer des mots et d'une prétention au mystère
à travers les écrans

pas à l'aise d'être là
avec toute cette déco racoleuse
surexposés malgré l'anonymat
y lit-on nos messages ?

alors je l'ai entraîné sur d'autres voies du web
encore plus transparentes
mais on y respire tranquille

et de jour en jour
je m'aperçois
que vraiment vraiment il me plairait
brillant fin drôle
et cette singularité des traits
cette très grande taille
me bousculent d'emblée

séduite

mais
d'évidence
cette attirance qui perce l'écran de fumée
encore tournée vers
un passionné
un esprit créateur
ça alors

je me complais à ces affinités naissantes
au jeu de se laisser deviner comment se débusquer sur la toile

et puis
retour à la réalité

mes jimini cricket à qui je n'en souffle mot
me rappellent qu'un jour en critères elles se sont noté
juste pour elles-mêmes
pas de musicien
pas d'homo - ou disposé à l'être

ah oui ça fait censeur vu comme ça
mais, tellement meurtrie par le miroir aux alouettes
par l'instabilité
par l'égo en béton armé
de messieurs les artistes
je sais que pour la quiétude
elles n'ont pas tort
pour mes valeureux projets de famille équilibrée
l'une atténue : non mais ça existe tu sais
il est possible que
oui
quelqu'un de généreux de fiable de disposé

peut-être pas lui alors
mon correspondant des heures perdues

qui habite à la grande ville
qui a déjà un fils

le film à toute allure dans ma tête
comme d'hab si prompte à succomber
l'écran couche de glace si fine et friable
non mais quel cœur d'artichaut

Pendant ce temps là
comme dans ces trucs de conso tu en branches quatre cinq six à la fois
pour le prix de zéro

il y a un type du coin belle gueule qui parle des endroits que je fréquente aussi
et où je ne crois pas l'avoir vu
mais ces endroits on les connait j'y vais encore
un peu maso comme si j'avais besoin d'ennui
le type belle gueule genre lénifiant
encore plus artiste en moins brillant
enfin j'ai l'impression

oui alors ça rassure tout ça évidemment
sans que j'y plonge accro, trop de défiance pour ce système

mais ce qui m'inquiète
c'est moi

ma tendance à me fourrer dans de beaux draps
des grands fous rires des passions et des chutes en beauté

depuis le temps que j'y bosse,
sur mes contradictions tenaces
rien n'a changé
à part que je vois le truc venir
alors je me l'interdis

on piétine
qu'est-ce que je fais

Tous les mecs m'ennuient et je ne vois nul homme stable intelligent et disposé
accourir vers moi

y en a pas dans le coin
ou alors
ils sont pris
ou alors
ils n'existent pas

samedi 4 septembre 2010

Enfin la vraie vie reprend
c'est dire combien je suis conditionnée

septembre, ceux qui refont surface

furtivement mercredi j'allais très bien
revoir attendrie rieuse
ceux avec qui je passe l'année
puis
bu des verres avec des inconnus
à la maison hantée
dont l'un vécut à I
Mexico, Saïgon et j'en passe

il y a cette connexion simple
d'avec les voyageurs
qui ne s'embarrassent pas
des codes de susceptibilité

mais quand il m'avoue adorer la drogue
toute drogue possible
rire intérieurement
déguerpir

bref

depuis
un truc me pèse
je fais comme si de rien
(code de susceptibilité)
mais je ne comprends pas
pourquoi F
qui est en ville
ne m'appelle pas

il est là pour travailler
ok

le souci
c'est qu'il vient travailler
avec un autre copain
sur le projet même qu'il m'a proposé

au fond il est gêné
je me doute bien

il ne sait plus si c'est une bonne idée d'avancer ensemble
moi j'avais pris ça très bien ce projet
manière de détourner
d'investir
l'énergie
dans une création simple et commune
à déjouer les résidus d'ambiguïté

c'est peut-être pas si simple
lui il n'est jamais clair
je suis déçue
presque en colère
au moins on pourrait poser cartes sur tables
je me suis déjà mobilisée
depuis deux mois

je n'appelle pas pour pas foutre la zone dans le groupe de copains comédiens
(voisins devenus copains
c'est lui qui me les avait présentés
- c'est toujours comme ça ces histoires)

je n'appelle pas je le laisse bidouiller
je n'appelle pas me préparer à réagir
je n'appelle pas je suis peut-être pas claire moi-même d'être si affectée
je n'appelle pas j'ai ma dignité
je n'appelle pas je l'ai déjà invité à passer
je n'appelle pas ça va peut-être rouler quand même au moment opportun
je n'appelle pas il se fout de moi ce con
je me dis : c'est pas le moment

alors
touchée encore
fragilisée
je me sens de nouveau seule
seule seule

la radio ça s'arrête mais je m'en doutais tellement
que je n'en souffre bizarrement pas

ou alors si
que l'antenne soit si affligeante
ça donne moins envie d'y être

sans doute avais-je reporté
sur les nouvelles perspectives ici-même
ambition et enthousiasme

je suis frustrée

je continue mollement à finir
mon gros oeuvre de l'été

l'écriture solitaire
- ça ne compense rien du tout
même si j'en suis fière
satisfaite

travailler seule c'est sans coup bas
ça avance en toute clarté

mais c'est moins rigolo

J'en ai marre
d'être si affectée

ou alors
de ce manque de savoir-vivre

ou alors
d'être seule

je voudrais un amoureux ami
simple et rieur, direct

je n'arrive pas
à me protéger

pourtant
suis sans façon comme fille
j'ai beau cogiter

putain ça s'arrêtera quand la turbine intérieure
c'est un truc du pays
trop fermé
frustration analyse

la belle Mexicaine dit que là-bas c'est pas prise de tête
émotion sentiments on fait leur place aux gens
pour ce qu'ils sont

pourquoi ici faut-il raboter
ce qui déborde
éviter de dire

masquer
cacher
contourner

je ne suis toujours pas faite pour ce monde-là
dont j'admire la finesse d'esprit pourtant
qui camoufle mal
une certaine inaptitude à vivre

Hier m'a appelé
celui qui m'a fait soupirer
il y a quatre-cinq ans
à la veille d'un départ longue distance
avec femme et enfants
ça m'a fait très plaisir
mais c'est où Nouméa ?

au même moment
message du rugbyman enjôleur
c'est toujours ça

enfin je suis devenue exigeante
et si je joue deux fois par ans à caresser la perspective d'une nuit sportive
avec le rigolo
ça ne dépassera jamais le matin

- bon j'arrête de faire la difficile d'accord

ou pas

lundi 30 août 2010

Echo

"profiter l'un de l'autre en attendant l'amour", dit-elle.

J'ai plus vingt ans, j'ai peur de rater l'amour à bâtir à cause de moments volés. Peur de tomber amoureuse (encore) dans une impasse parce que je succombe si vite. Par solitude exagérée. Je succombe si vite -mais pas à n'importe qui. Pour un peu d'intelligence, de tendresse
de sensualité.
Alors surtout je ne lâche rien. Citadelle
sans doute
sous les sourires avenants

Je balance une énergie folle dans des soirées froides comme un rayon de supermarché
au moins samedi y danser toute la nuit
la musique était bonne
parler à des gens tristes ou à la ramasse
les autres, avec leurs style décontracto branché de province
à se snober coincés
et rouler des pelles sous mdma
même pas foutus de partager un verre en faisant des blagues
sauf à parler de ce qu'on fait
- t'as voyagé, t'as vu mon atelier ?-

aujourd'hui le dj gratte l'amitié sur le réseau
c'est le seul qui vaille le coup
la veille on avait bu un verre par hasard en terrasse avec V. pour sa fête
alors on avait causé
- de l'humour et du discernement

mais bon
tu me vois avec un dj, là, sérieux ?

vendredi 27 août 2010

Faut vraiment être désespéré
pour passer l'été à écrire un livre

se satisfaire tout seul d'un monde pas déformé
mais arrangé à sa sauce

encore un truc à prouver, certainement

mais je ne m'y enfermerai pas
c'est mon relais de la main à la main

ce que je lis de blog en blog - à quelques exceptions

raconte des errances
des ego blessés

des individus seuls et insatisfaits

lève le voile sur le dépit intérieur
balayé d'un coup de pied
ou auto-contemplé

mais vous savez quoi les gars
on va arrêter de déconner
arrêter de s'y faire croire
à la vaste blague

et quand j'ai décidé
je suis déterminée

du coup l'hiver du cœur prend un nouveau sens pour moi
je n'ai pas renoncé
au plus important

pas de compromis
que du sentiment noble

du face à face entier ou rien

pas de plan cul minable de petit matin pour tromper l'infortune

un bloc

cette force-là

change la donne

ça prend du temps mais je suis endurante

médiocrité : no way

et suis de nouveau prête aux déferlantes rieuses à tout propos

nonchalance vigilante

abandon contrôlé

c'est un cadeau pour tous : interdiction d'être nul.

dimanche 22 août 2010

Je ne sais pas
la solitude est déserte il y fait soif
mais au moins
on ne s'y lasse pas de la médiocrité
des rencontres
de la tristesse où échouent certains proches

quelle sensibilité je te jure

il y eut tant de plaisir heureusement
à revoir les rieurs
à boire un verre à blaguer à dîner
à piétiner des heures parmi les photos d'Arles aux heures chaudes

il y eut tant de plaisir que je regarde les soucis
comme des fleurs qui vont faner
et ma chance comme un challenge à relever
c'est tout

ici il fait chaud c'est un espace mitigé
comme dans la vie
où j'admire ceux qui s'en extraient

consciente de plus en plus de cette fascination stérile
en rire et ne pas désespérer
d'approcher
simplement
moins au détour d'une soirée
que d'une rue
d'un hasard
même d'un supermarché
un joyeux participant du quotidien
un intelligent du réel

où les rêves sont autorisés
entretenus
pratiqués
à l'état de chimères
de désirs
de poésie

pas à celui d'inaccessible horizon
mais combien de temps aura-t-il fallu

pour tuer le romantisme ?

Une seule fois je me suis sentie prisonnière du réel
alors que la vie me comblait
que j'aimais et que j'étais aimée
et qu'il y avait des perspectives à ouvrir

c'était au retour d'I.

I., mon mythe personnel
se moque le grand souriant mi-prétentieux mi-sincère
un type qui met en scène sa vraie identité
et m'analyse trop gentille
pas assez blindée quoi
pas assez cynique
tu parles

alors maintenant
que j'ai bien détricoté
démythifié
désabusé

l'humeur rigolarde a envie de ressortir
j'ai beaucoup réfléchi et suis à nouveau prête pour me dépenser
en rires en optimisme en saveurs inédites
ce qui suppose
de négliger ces humeurs insatisfaites d'autrui
auxquelles je suis sensible
et que j'avale
trop
c'est que je suis trop gentille

ce n'est pas ça qui me portera
je prête mon oreille attentive
ah là là infirmière intellectuelle

après les amis se vexent que je blague sur leurs virages
mais comment faire autrement ?
Pour ne pas flancher sous le poids de leurs difficultés mêmes

encore trop empathique, pas très adulte en somme

allez mes cocos on se remue on affronte l'adversité
c'est l'expérience de l'année qui devrait pouvoir bientôt
m'affranchir de leur pesanteur
qu'on peut de l'extérieur à peine soulager
moi aussi j'ai du boulot
la chance n'existe pas
faut juste prendre soin de soi

ne pas se laisser entraîner dans les chutes
dire

non

mardi 3 août 2010

A l'heure où de nouveaux amis apparaissent, où très vite je m'excuse d'un impair du au rosé et à la familiarité

je paye encore les pots cassés des coupes pleines

de mes meilleurs amis

qu'en plus j'ai rapprochés les uns des autres

et qui m'ostracisent

quoi que les plus fidèles en disent

et malgré mes excuses et mon retrait depuis bientôt un an

ils m'écartent

par lâcheté

par facilité

par lassitude inexplicable

mon ex-meilleur ami prend ma place dans mon groupe

et ne daigne même pas répondre à ma énième perche

même pas pour clairement et loyalement dire :

c'est fini

régulièrement ça ressort

je croyais en avoir pris mon parti

évitant d'aller lui secouer les puces - et faire tout le boulot, encore

quelle inélégance

y a que les amis qui peuvent décevoir disait peu ou prou Desproges

il me semble avoir fait le nécessaire pour ménager les susceptibilités depuis que j'ai mesuré les effets du malaise

or vraisemblablement j'ai travaillé toute seule
et pour rien

puisqu'ils n'en ont que faire
pris par le quotidien
délaissant ceux qui sont partis

qu'à cela ne tienne

eux aussi risquent de me perdre
malgré mon sang froid sur le message pour celle qui soigneusement contourne
(la seule qui compte vraiment)
elle qui à force de ménager la chèvre et le chou
risque aussi de me perdre
au centre de son monde qui absorbe le mien

mais principe de réalité
je suis partie
et leur vie se joue sans moi
qui reconstruis ailleurs de nouveaux noyaux
autour de nouvelles affinités
et de nouveaux déséquilibres
et beaucoup de dialogue

pourquoi cela exclurait-il les longues amitiés ?
c'est l'âge des caps :
nous n'avons plus les mêmes valeurs.

mardi 27 juillet 2010

Il y a un truc comme : je me libère du charme. Je fais d'autres trucs, je ne me précipite pas à la rencontre de l'homme toujours séduisant malgré un léger embonpoint, la peau blanche et un maillot moche moche comme le souligne la copine pimbêche.

Hors de question de courir, je ne suis pas comme la diaphane libraire à me rendre entièrement disponible, à créer des tas de trucs à faire, même si j'ai passé du temps avec la bande, fille parmi les filles du harem de fortune, à rigoler, à chantonner, à faire l'animatrice de colo. Je dis harem, n'abusons pas, toutes ces amitiés de nature différente arrangées en relations professionnelles, ça a l'air de marcher en plus, l'envie de faire des trucs ensemble. Pour ce qui nous concerne et qui me plaît beaucoup, suis sur mes gardes, être bien sûre de ne pas passer au second plan, non pas par perversité, mais par égoïsme seulement, par le déséquilibre de la situation – tout à fait justifiable du reste.

L'ambiguïté semble levée, finalement c'est pas plus mal pour moi, même si j'eus été flattée de me faire courtiser – ça n'a jamais vraiment été le propos, hein. Ou alors comme en passant à l'automne dernier. On s'appelle quand même darling, deux-trois petites blagues comme ça, et la connivence secrète, comme si elle allait de soi. Elle va de soi, en fait, je me suis posé beaucoup de questions mais elle va de soi. C'est un homme, il est pas du genre à appeler, mais je sais qu'il m'aime bien, je sais qu'il m'estime, qu'il ne me saisit pas tout à fait, qu'il me trouve douce et belle et que ça ne marcherait pas l'amour entre nous parce que je suis une femme à qui il faut du solide et que lui s'en ébroue. Faut pas lui demander de compte, à celui-là, il ne te promet rien (même à celle qu'il aimait). Un an que j'en souffre, de vouloir du solide, mais enfin quoi de plus naturel. Une part de moi déplore de ne pas être plus free, plus légère, plus dérisoire peut-être, mais c'est quand même la classe une fille douce, belle, drôle et qui veut du solide. Un an qu'une part de moi se lamente de n'être ni cynique, ni fataliste, ni sage ni légère. Un an qu'une part de moi se désole de ne pas du tout triper sur les plan plan, les gentils sans mystère, mais de briguer l'intelligence, la beauté, l'aventure. De me mettre à assumer qui je suis : douce, entière, indépendante, Merde à la fin. C'est plutôt loyal et beau qu'un homme qui vous estime évite le miroir aux alouettes pour n'avoir rien à dérober. Ca prend du temps mais il semble que le peu entre nous tient la route, au moins. Les flammes dévorantes, non merci j'ai donné. Tellement désabusée que l'immature m'apparaît parasite, plus aucune amitié possible, rien. C'est la saison, je sais bien. Ca m'avait fait pareil après la grande histoire finie il y a cinq ans. C'est vécu. Rien à ajouter, rien à retrancher. Page suivante.

jeudi 22 juillet 2010

Alors

il y a bien un tournant.

Dans la chaleur où chaque seconde pétrifiée
te fait oublier la précédente

à la suite de la semaine épique
de lecture
de sueur
et de piqûres
d'appréhension
d'apnée telle
que le corps asphyxié
est perclus de tensions

la volonté conduit à la victoire :
les puces KO
le corps rebooté

j'accueille

le feu follet de mes cristallisations de l'année
mais d'emblée prise aux étincelles
de la petite sylphide qui a ses yeux d'amande amère
l'élégance de son profil
très vite en une manche de cartes
le trouble est déjoué
le grand F à l'aise
et la fille familière

un soir un jour
sagement chacun sa chambrée
et dans mon lit d'insomnie je me dis que c'est lui
c'est avec lui que

mais je repousse l'herbe folle au fond du terrain de l'esprit
moyennant un peu de nervosité mais beaucoup de nonchalance quand même
je file en Avignon
jusqu'au cœur de la nuit

entre ces intermèdes
le coup de cœur de femme à fillette
se révèle
une fois la timidité d'enfant levée
en dix minutes
les affinités avérées
en une soirée
l'affection manifestée
en un matin
à peine avant son départ et dans nos jeux complices
elle m'appelle deux trois fois
maman chérie

vlà aut' chose je lui dis

et bizarrement tout semble apaisé vis à vis de son père
c'est simple comme bonjour et comme de l'amitié
on a des projets ensemble
de l'écriture de la radio

on s'entend
naturellement
mais le désir semble s'évaporer

je m'en étonne

ça me déboussole même
je ne désire donc plus personne ?
notre égalité signe notre amitié ?
j'admets
même
que je ne lui apporterai pas la passion à laquelle il aspire
je comprends que
oui ça me plairait une vie avec eux
mais on ne cherche pas la même chose
en amour
et notre terrain littéraire c'est une chance
c'est précieux

et je le trouve
et râleur
et sympa
plus si sexy
devient-il
vraiment mon ami

j'y pense beaucoup et très vite aussi absorbée dans les instants
hier Avignon
aujourd'hui des verres et
encore des plans boulot

juste
mon cap de l'été
écrire
absolument

grandir et se connaître
je n'ai même pas dragué
je me suis retrouvée
maternelle et rieuse
exigeante indulgente
presque entière et pourtant

mardi 13 juillet 2010

Je me laisse aller à la chaleur

m'abandonne à la touffeur cotonneuse

me défends de lutter

de me faire croire que je m'éviterai encore

les illusions
et
les désillusions

me défends de souscrire
aux mises en garde

la vie c'est dangereux on sait bien
mais bon voilà
on est en Europe
alors à part la pression sociale
à part l'insidieuse hypocrisie ambiante
à part les idées reçues

tout va bien quand même
j'en ai assez de penser tout résoudre
avec une grille étriquée dont je me suis longtemps gardée
qui est celle-là même de la pression sociale, de la morale bon teint rangée en catégories
Le désir, rappellent Merleau-Ponty et Deleuze, tout entier dans le commerce avec l'extérieur
fait peur parce qu'il échappe alors qu'il est si intime

Merci Marcela Iacub

et puis j'avais oublié
mais j'aime ça
dealer avec l'extérieur, jouer
et rentrer cuver tout ça pendant un jour une nuit dans mon nid

c'est que je suis où je suis
la glace est brisée
c'est chez moi ici
je peux jouer et rentrer et resortir

les dangers édifiants, l'ombre dont on a peur
bon
j'en ai chié une année

et alors

juste être un peu plus raccord avec moi-même
c'est tout

ne plus rien regretter
accepter d'être émue
sans être dupe

vivre ce qui se présente
tant mieux si c'est de l'amour
ou de l'amitié

ou ces trucs entre les deux

mais enfin

ça circule

et je tiens à souligner combien mes encouragements aident les amies à se lancer
dans l'aventure

alors maintenant
à mon tour

Vas-y ma belle
ne redoute pas
ce dont tu as envie

vivre la chaleur
la fatigue
des jours entiers de lecture
des brasses dans la mer d'huile

jeudi 8 juillet 2010

Les drôles d'enjeux
d'un jour à l'autre tous les compteurs à z
je ne me mens pas : je me tiens à l'oeil

Un jour entier pour endiguer la bonne fortune de l'immature
dans la métropole découverte à 1h40 d'ici
et où aussitôt je me sens chez moi
croiser F du regard
il m'offre une valse sur ma chanson de Gainsbourg

ensuite : Paris
l'émission
les amis
F me zappe mais alors complet
désabusée sur l'élégance masculine
dont acte

24h plus tard son nom comme une fleur sur le mobile
oui j'ai bossé je t'ai oubliée
ah ça va tu te rachètes je me disais il est chié de même pas s'être excusé
puis tout d'un coup on s'emballe hop il vient une semaine
genre pour la plage les vacs tout ça
je fais l'open home

ouais ouais
je m'étais quand même briefée contre toute ambiguïté
mais chassez le naturel, hein
et notre curiosité commune sur les gens qui nous entourent
et les étranges coïncidences (une demi-heure plus tard il est convié ici-même pour le taf)

dans la soirée je ne révèle rien
j'éprouve un soulagement secret
une discrète réjouissance :
chouette, un homme et une enfant à la maison
pendant ces longues longues journées de touffeur

et puis soudain ce soir
je constate que c'est très bientôt d'accord, mais
encore cette période de fin de cycle
(et merde)

vendredi 2 juillet 2010

En acceptant de le voir, je m'y exposais
dans cette semaine de fins de chantiers
je relève le défi
allez ok on se voit
entre deux spectacles
danse et voix et la mer
à la fin, juste avant de bifurquer il lui faut me parler
et le moral alors ?
puis enfin sort la carte
"j'ai rencontré quelqu'un
je ne pensais pas retomber amoureux"
très bien que tu me le dises
je ne veux pas connaître le détail
déjà j'accepte de te voir
alors très bien ok à la prochaine
la Sauveuse je lui dis juste après - elle a beau m'avoir plombé le début de soirée
et aussitôt apparaît ce qui cloche : son besoin de venir me raconter ça
ben tiens
amoureux ouais ouais
fais ton transfert dans ton coin mec
laisse-moi tranquille

demain je pars
il y aura F mais je crois que mon transfert à moi est fini
envie d'autre chose que de soupirs vains
de cristallisation sans objet

ceci m'éclaire
les processus
sont différents
mais les tempos sont sensiblement parallèles
dans ce genre de partitions
du détachement

malgré le déplaisir
je suis entière
et ça n'est que du déplaisir
un désagrément passager
je suis entière
j'ai accompli mon année

on est pile un an après
eh oui évidemment
c'est légèrement caricatural

mardi 29 juin 2010

Le texte, c'est pas quelque chose qui me vient facilement il énonce dans le micro

Toi mec t'es hyper sexy, l'intelligence ça illumine, t'es tout jeune, t'as l'air complètement barré avec tes pieds nus, ta bière à 15h00, lunettes et cheveux en vrac
et c'est exactement ce qui me plaît

barré avec un égo démesuré

... oui, aujourd'hui, on est la génération du nomadisme, fini l'époque de la vie toute tracée...

pas désagréable d'avoir un peu de bouteille
comme ça l'air de pas y toucher je confirme : ah oui et puis le nomadisme aujourd'hui c'est confortable, les réseaux, les voies rapides, hein
je l'ai mouché, il apprécie discrètement
il rebondit

réjouie de voir que ah, l'énergie, ça anime encore
des jeunes mecs brillants qui vont monter un espace à Berlin
indépendant
créatif

je suis contente je leur dis

et je suis contente aussi
de pas être la dupe de l'excitation
de rester d'apparence sage, convenue
être moi-même c'est ça
tranquille
sagace
surprenante
pas en faire des tonnes
et surtout se contenter
de parler
ce sont de beaux moments
prometteurs

pendant ce temps
j'irai construire ailleurs
(ici)

samedi 5 juin 2010

J'écris depuis word pour voir

mercredi 2 juin 2010

Les copains
ça va je reviens
complètement claquée par ce mistral de ouf
ou alors par les agencements intérieurs en restructuration
je me traîne
je ne suis plus que l'ombre de mon masque
qui va pas tarder à tomber en poussière

on rigole on rigole
et les fuyards si je ne m'en offusque guère
que peu de temps
je sens que je n'en fais plus tant de cas
je déjoue la part de moi-même qui croyais n'en être pas à la hauteur
(ma défaillance chronique)
je leur jette mes paillettes du regard et de la verve
je comprends à nouveau que leur mutisme dissimule leur émoi
ou leur inaptitude
rien à voir avec moi

puis
d'un coup je renoue
avec mon vieux complice que j'ai naguère pris part à décoincer :
le premier amoureux
on se charrie en ligne affectueusement
j'attends son écho sur les mots inventés pour le premier épicier
de notre première année à l'étranger

là il veut ramener son amoureuse étrangère en France
inverser la tendance

moi j'ai pas encore fini fini mon chemin
du retour depuis le creux de la vague
mais bientôt replonger
pas tout anticiper
pas tout résoudre
ce serait pure fiction

renoncer à comprendre
et reprendre confiance
juste saisir que je

n'ai pas commis d'impairs
sauf à mon propre égard

...sauf à mon propre égard...

jeudi 27 mai 2010

Ce qu'il faut maintenant aborder
c'est
sexualité, alcoolisme, dissolution de l'identité

son corps enfin se rappelle à elle
non qu'elle l'ait négligé non pas tellement
au contraire elle s'aperçoit enfin qu'elle s'est tellement livrée
que toute cette abstinence c'est le sauvetage intime de l'intégrité

mon corps charnu et ce qu'on va en faire

pourtant il est là il répond il est vivant
mais c'est l'accès à l'âme
c'est la porte aux émotions

c'est le submersible
c'est pas mon disjoncteur, non
suis allée loin sur la mer des explorations

aujourd'hui j'ai surfé sur la fatigue
tout ce qui s'est déposé hier soir entre M et moi
encore un paquet de nœuds relâché
encore des serpents taclés
c'est elle qui a sifflé quasi les deux bouteilles de rosé

de son intelligence vive elle lâche des sentences doctes et absurdes
parmi toutes les proches elle m'est la plus ancienne
alors quand elle me pousse vers le cul c'est simple, drôle et familier
c'est enfin avec elle que je peux avouer l'étendue de ma vie sexuelle absente
l'étendue des dégâts d'un corps qui s'est ouvert à tel point que je ne sais plus quoi en faire
qu'à la fois le sexe c'est simple
et
me heurte
et
m'ennuie
et
me fait envie
rien que d'y penser

mais fantasme, zéro
ou alors avec F avec qui je ne baise pas
et qui se retient comme l'écorché qu'il est
et que je suis

j'ai peur
voilà

je ne lâche rien
combien de mecs bandent sur moi
tempête M
qui dresse le constat d'incompatibilité partielle des modes érotiques de son vieux couple
sans le déplorer

un sportif, c'est parfait, elle liste les mérites
elle me rappelle à moi-même
à mon goût pour la chair

en m'endormant m'arrache du sommeil l'intensité d'une étreinte sauvage et réticente
surgie du néant entre mon grand amour et moi
voilà c'est le retour du refoulé hein

bon est-ce que ça fait si mal au fond
en tout cas ça prend du temps

je ne baise pas pour ne pas réveiller la douleur
des étreintes disparues

à l'évidence

des étreintes disparues
et qui me constituaient
et qui m'ont tuée
auxquelles j'ai survécu
dont j'ai sauvé ma tête
dont j'ai sauvé mon corps

que reste-t-il à sauver
en ressortir indemne
comme de l'acier trempé

dimanche 9 mai 2010

Suis arrivée la veille de nuit. Biscotte tout endormi est descendu m'ouvrir, dans son escalier la lumière s'allume et s'éteint alternativement, modernité déglinguée au milieu du quartier chaotique, il habite au-dessus du DTP, derrière Euro plazza, et ça le taxi à une heure du mat' j'arrivais plus à lui expliquer, il a fait deux trois rues et je lui répétais : mais laissez-moi ici, c'est bon je connais l'adresse.

Toujours ce trajet depuis l'aéroport comme entrée en matière familière, ça pourrait être n'importe quelle ville du monde la nuit, fantomatique, les hôtels, les grosses boîtes, Mac Do, Mobilya, les buildings sur la route.

Mais aux remparts ça devient cette ville-là, promesse de liesse et de vestiges.

Il pleuvait, mais alors.

J'allais pas rester, lendemain à 18h00 de l'autre continent décoller pour le Sud. Plage, lecture, l'édentée et sa mère, un an que je les avais pas vues ces deux-là. Une fois la fille couchée, avec la mère on allait se ménager une petite bulle rien qu'à nous où poursuivre l'histoire complice entre deux gorgées de whisky.

Il fallait, j'avais calculé, partir deux heures avant de la grande place. D'une rive à l'autre, l'enregistrement, et hop. Pris le temps d'un déjeuner avec la brune rieuse. Retrouvé, pour écrire, la lumière sous la verrière où j'ai quitté le garçon sauvage il y a trois ans.

Devant la navette sous le ciel maussade, le vieil émacié qui la conduit me dit, souriant de la moitié de ses dents, qu'il va falloir une heure et demie, trafic sur le pont.
Ah mais ça va pas du tout, c'est pas comme ça que je me la jouais, l'histoire. Vous êtes sûr ? Et mon avion ? dit la touriste dépitée - mais le chauffeur, fataliste, sagement souriant secoue la tête.

Bon.

Je ne suis pas là depuis vingt-quatre heures, je ne sais plus ce que c'est un destin déjà écrit.
Derrière il y a la file des taxis, jaunes.

Toute personne qui met les pieds ici a son histoire de taxi ; voici la mienne.

Je me souvenais de la mésaventure de Dina, trente minutes chrono entre les deux aéroports à quatre du mat', elle en avait oublié sa peur des avions après la course folle, le mec exultait, l'aiguille collée au max du compteur, faiblement elle avait protesté, mais c'est pas grave en fait si je rate l'avion, si on ralentissait un tout petit peu ?

J'y vais : bonjour, combien de temps pour l'aéroport d'en face ?
Ils sont quatre ou cinq, j'ai touché leur sens de l'honneur viril : 45 minutes. Attendez les gars, le chauffeur de la navette il parle d'une heure et demie, je tiens à la vie quand même. 45 minutes, vous allez voir, nous on slalome me montrent-ils d'un geste convaincant de la main.

J'ai pas vraiment le choix, et c'est combien ? Ah, le double du prix du vol, quoi. Allez, ok.

Le premier, rondouillet, j'aurais dû me méfier de son regard mouillé. Il me fait monter à l'avant. J'ai plus les codes, décidément.


Engageant, il entame la série habituelle : Et vous parlez bien, et comment vous avez appris la langue, et vous faîtes quoi ici ? ça roule.


C'est seulement à l'entrée du pont que la vague intuition se confirme. Je dis pas, s'il se tortille, c'est peut-être pour se caler plus confortablement. Mais quand même il est pas obligé de laisser sa main là. Là où un geste bref suffit au plus inélégant pour se rajuster.


Il se caresse.


Par dessus le jean.


Qu'est-ce que je fais.


C'est un truc qui monte aux oreilles, la surprise, l'énergie qui se rassemble pour réagir, un bouillonnement mécontent. Je n'ai pas peur. Prête à bondir hors de l'habitacle, à cogner, à gueuler.


Et je m’aperçois que c'est l'entrée du pont, piétons interdits, c'est la merde.

Je bouge pas : mon avion, bordel !

Voyons ce qui se passe d'ici l'autre côté.

La circulation est ralentie, mais pas bloquée - t'imagines, le traquenard !-


D’un coup, sans que j'aie anticipé ma réplique et le regard droit devant moi, sèchement je lui balance : arrête ça.

Son Quoi ? d'étonnement trahit le gamin qu'il est, pris en faute.

"C'est pour me concentrer sur la route"

je crois comprendre qu'il me dit

je lève les sourcils d'autorité : ici, lever les sourcils, ça veut dire non, genre je veux rien savoir.

Il est tout confus.

Je suis contrariée, vigilante.

Il arrête ça.

Il ne sait plus quoi faire de ses mains.

Le trouble a surgi, c’est fou cette désinhibition, peut-être parce que je suis l’étrangère, ou alors parce qu’aux petits garçons on ne leur apprend pas à se contrôler, ils sont des hommes une fois qu’ils sont allés aux putes, leur mère est fière, les filles par contre avant le mariage tu n’y penses pas. Et voile ta femme. Les étrangères par contre elles sont pas farouches on sait bien.


Une fois un type qui nous conduisait vers un chalet qu’on n’a jamais atteint à cause de la neige avait proposé un hamam à trois, un deal qu’il soumettait à mon mec sous couvert de bon moment tranquille, comme il aurait proposé un restau, un café.


Non mais je veux pas faire de généralité, pendant toutes ces années je suis rentrée à point d’heure traversant toute la ville comme ma poche. D'ailleurs, se faire désirer cash comme ça, c’est négociable. T’as pas une mère ? T’as pas une sœur ? Ça fait partie des phrases à apprendre dès le début. Et puis ainsi : juste exister. Érotiquement. Le sex appeal n’est pas enfoui loin sous les couches de bienséance que les regards bien élevés des Européens t’aménagent. Les fantasmes traînent dans l’air comme des histoires non advenues, des rêves inachevés par la fatalité.


A cinq heures piles on y est. Il en peut plus de fierté. Regarde ça ! Je te l’avais pas dit ! Une heure pile. Une heure, connard, et il va falloir qu’en plus je te paye. Je lâche les billets un à un, de mauvaise grâce, en plus dans la précipitation j’avais compris 75, et c’est 85.


Et comme d’habitude dans les aéroports tu as trois fois trop de temps à tuer, alors tant pis j’en rigole : ma première aventure du séjour, ça y est ça commence. Bienvenue en Orient.