jeudi 29 avril 2010

Tu sais Rome oh là là.

Je m'écrivais en 2003
Rome Naples Pompéi
où j'ai perdu retrouvé
un amour de ma vie.

24 avril 2010 je suis retournée Piazza Santa Maria de Trastevere

Je n'y étais jamais allée depuis
le 2 août 2002 (ou le 3)

Restée là-bas quelques minutes seulement.

Je n'ai rien reconnu.
Le lendemain, de jour, je me suis dit : peut-être, si. Je m'étais assise sur ces marches-là. Sentir l'humidité. Mais je sais bien que c'est reconstitué.

Que ce dont je me souviens c'est :
L'avion une nuit un jour, dormir dans l'aéroport à Luxembourg.
Ma détermination.
La robe bleue.
C'était tellement intenable que je m'étais raccrcochée à ça.
J'avais regardé dans un guide, jamais allée à Rome.
Un guide dans une librairie de Windhoek.
J'avais rappelé d'une cabine, sur ce téléphone qui était encore le mien.

Te revoir, avant que tu ne partes, à l'autre bout du continent.
Et moi au sud de l'hémisphère sud.
Je t'avais appelé.
Rendez-vous à Rome alors
Piazza Santa Maria de Trastevere.

Ce gros sac encore trop lourd en plein été.
Et si tu n'avais pas été là.
Je me préparais à rester trois jours, au moins.
Quand même.

Et puis j'étais arrivée à l'heure, comment, je ne sais pas, je ne parlais pas un mot d'italien.
Fumer une clope de joie sur les marches.
Et soudain il était là - et j'étais la plus forte, d'avoir vaincu les bornes et ta résistance.
Plus tard dans la soirée, (plus tard il m'annoncerait que ça s'était imposé à lui, c'était moi, une évidence. Putain après trois mois de silence radio, elle a bon dos, l'évidence. Après m'avoir éjecté de sa vie, de chez moi puisque le voyage même m'interdisait tout retour. Dix jours avant mon départ. Le dimanche noir, celui où Le Pen était passé au deuxième tour) il avait essayé de m'embrasser, mais quand même je pouvais bien résister une soirée.

Le lendemain
j'étais en Europe et l'air était généreux pour les arbres
au bout du couloir il y avait mon amour

je suis allée me glisser contre lui

j'ai rempilé pour trois ans

on a longé la côte de Rome à Naples
dormi sur les plages et dans des auberges

l'année suivante
on a vécu en Italie

l'année encore suivante
Turquie

voilà

mon mythe personnel

totally romantic
et nawak quand on y pense
franchement
la punition

en écrivant je m'aperçois
qu'il m'a jetée de chez moi

comme mes parents, à peine j'avais quitté leur appart
contre leur gré
qu'ils refilaient la chambre à ma sœur

Tu pars ?
ok dégage

punition

Et là moi ce soir
alors que l'énergie l'enthousiasme et tout ça
jaillissent
tout d'un coup de légère fatigue sans doute
d'avoir acheté une paire de sandales dont j'aurai vraiment mais vraiment l'usage
je m'en veux
je me sens seule et inutile et abusive et down
pas à ce point quand même
parce que justement pour une fois j'ai vu le truc venir
je me suis dit ah ouais tu penses avoir enfreint la loi ? tu penses être en banqueroute avant l'été ? La hantise de me retrouver à sec
et donc celle de me retrouver de nouveau prisonnière
des parents omnipotents
(oui au fond c'est ça hein)

alors j'ai mis une mini
et la musique
et la glace dans le salon
pour reprendre corps

et là
un bain s'impose

la chasse aux démons.

(Tiens il y a pas si longtemps je m'enivrais de mes propres histoires ; maintenant je les décode. Démontage en règle. C'est moins singulier, à la lumière des obsessions de tout le monde, hein. La névrose en belle robe. On n'est pas plus, ni moins intelligent, de tourner la névrose au ridicule, et d'entretenir la robe. Ce n'est pas incompatible. Deux choses différentes. Je veux dire : la littérature ne se dissout pas dans la psychanalyse. C'est sûr les copains. Faut arrêter de flipper. C'est comme si la littérature n'existait que dans la brèche de l'obsession. Je ne crois pas. J'espère que non.)

lundi 26 avril 2010

Et je reviens de Rome

- déjà c'est presque comme si j'avais oublié y avoir déambulé -

il y avait juste : se laisser aller à goûter le jour
pluie comprise
la mélodie de la langue jumelle
les rencontres provisoires

un de mes doubles au même métier dans ce pays voisin
qui écrit
(pour être le maître d'un monde à soi)
il parlait italien, je répondais français
on se comprenait
entre deux gorgées d'alcool orange

c'était hier soir

et ce petit voyage tout à coup a trouvé son sens

à nice en rentrant, une heure de plage

après on n'a fait que rire dans la voiture
croquer le choc au gingembre, gourmandes soudain pour ce qu'on redoutait y a pas si longtemps
(gonna catch 'em all)

Au retour la ville a pris son air de très très sud
avec les gamins qui jouent au foot fort dans la rue, de la fenêtre la mama foulard blanc et tapis leur sourit
la répète batterie basse qui coule du haut d'un immeuble des petites rues que j'aime bien

je n'habite décidément pas ici
mais là

c'est le bonheur vacancier qui s'amène
d'une ruelle de guingois à l'autre sous la chaleur blanche
abattue d'un coup
c'est
comme si je bossais pour rigoler
demain dans la salle étouffante

envie de rire aux éclats de draguer de sucer
envie
d'un transat sur la terrasse
d'écrire un marathon
de bronzer des jambes

d'assumer l'humour garce

de goûter enfin la sève du jour

vendredi 2 avril 2010

la cuisson des trucs à l'eau, toujours d'une durée approximative
du blé au pistou, vraiment une fin de frigo
en attendant la fête
alors, plutôt plan plan ou, comme j'aimerais, fofolle ?
comme ce soleil bien printanier
comme ces vacances que je me paye, là
en tournée méditerranéenne
ouvrir les digues
et entretenir les amitiés
dans les villes que j'aime
sans oublier
que toute cette fragilité
mon dépit
ma solitude
ça prend du temps il faut s'en occuper
avec douceur et bienveillance
réagir au moindre coup de blues parce que la cicatrice est fraîche on a beau faire
oui tu vois on ne peut pas faire fi d'un si grand amour comme si ce n'était rien
qu'une rupture
rien qu'une rupture
comme l'ont complaisamment insinué les maladroits qui n'ont jamais vécu ça
rien qu'une rupture
et rien qu'un célibat
souvent la tête en avance sur le corps aux émotions
je les brusque
c'est pour ne pas tomber
anxieuse

la blessure même me constitue
sans me priver de moi-même

se réjouir tout en pansant ses plaies
oser les approches, curieuse même échaudée
c'est ça continuer