samedi 30 octobre 2010

Au point où j'en étais
à battre le fer

j'ai appelé l'homme classe
qui répond présent
alors que,
je l'apprends plus tard
il avait rencart avec mon meilleur ami silencieux depuis un an
(oui, à partir de là, c'est la séquence on ressort les vieux dossiers)
et qui lui a présenté sa nouvelle conquête
ah bon tu me fais des déclarations alors que tu n'es pas seul
soit

on parle de nous
tiens on ne savait pas grand chose finalement
je suis séduite par son estime et par les effets d'une nouvelle maturité
que je lui plaise à ce point
on boit des verres, on dîne
il me prend la main
je l'embrasse
je me laisse embarquer chez lui

et là
retour de la tristesse
un familier de la jeunesse
la dissonance
des câlins qui ne sont pas ceux qu'on voudrait
j'annonce vite la couleur
c'est pas simple, entre dialogue, indépendance
et son désir à lui
son argumentaire
et la somnolence est teintée de soupirs
ici c'est très soigné c'est vraiment pas pour moi
avec ces perspectives désolées vers Marx Dormoy

tout ça reste très respectueux
je me dis que je ne me suis vraiment pas épargnée
deux cartouches grillées dans la même journée
bon voilà ça c'est fait
pas très fière de lui imposer ça
mais il le prend en souriant en râlant

au matin la nébuleuse grise orange chahutée par le vent
enfonce la tristesse dans l'orage
puis
tout ça bien déversé
le ciel se dégage d'un seul coup et je pars

je ne veux pas me laisser choir
oh putain
je sais que je peux endiguer l'émotion
je sais que je peux être seule
retour à la case dép

et l'autre qui me dit que je me saborde
sauf que le désir, tout le monde le sait
ça ne s'improvise pas
et j'y suis suffisamment rôdée quand même
pour ne pas me leurrer là-dessus

d'ailleurs moi j'ai pas prétendu ça auprès du grand jeune homme en noir
j'ai arrêté cette carte-là
j'ai même pas dit c'est dommage
j'ai dit : c'est mieux
pourtant dès que je baisse la garde,
je pense quand même un peu
putain on aurait été heureux

mais
de m'être décentrée
je n'en suis pas si sûre
c'est la bouteille qui parle

pourtant, si j'étais prête à essayer
c'était bien parce qu'il est plus réglo
plus mûr
plus équilibré
que mes anciens
la bonne voie dit la brunette
ouais ouais

le lent cheminement continue
vers quelqu'un
qui sera celui
y en a-t-il un qui

vendredi 29 octobre 2010

Chute.

C'était beau de se faire quitter à Tolbiac

moins violent de parcourir ensuite les paysages désolés de l'arrière-France en images
que si nous avions été seuls dans une R5 au fond de je ne sais où
où tu m'aurais dit : non en fait tu sais finalement

là je n'aurais vraiment eu aucun recours
d'autant que nous nous serions aimés au préalable

là on coupe court
dans le vif
moins d'une semaine c'est réglé
alors oui
je suis amère
j'ai le goût de ton corps et de ton sperme encore en bouche
les subtiles rides émouvantes, tes expressions mobiles
ton regard pénétrant
le plaisir sauvage
quittés à regret
les espoirs contrariés

mais

c'est en soi une belle histoire
beau début-milieu-fin
loyauté appréciable
dialogue d'adultes, affinités
et pour finir je prends le temps de te dire
tout ce que je sais de toi
et tout ce qui me fait craquer
ta fantaisie ton magnétisme ton intelligence
et ta sincérité

beau jeu vraiment
je reçois la pareille
intelligence fine stratège et bien sentir les gens
discussion de haut vol
passionnée aventureuse
et mon goût de l'instant
parler de sexe quelques instants pourrait nous troubler mais
on maîtrise vraiment la partie
juste au moment de se laisser on n'est pas loin des larmes
j'ai le cœur qui bat je lui dis

mais comme je comprends tout
j'accepte depuis le début
depuis que je pressens
depuis que je suis assise face à lui
qui a deux mots à me dire
alors balance, vas-y

c'est triste
mais c'est un soulagement
je savais que ça aurait été compliqué
et lui, à mes appels du pied délibérés
s'est posé les vraies questions
a su, se connaissant, que si la flamme avait pris
le moindre instant libre il aurait voulu me le consacrer

alors
oui
on aura essayé.

Merci pour la loyauté
puisqu'il y a eu une lutte
il aurait pu me faire faux bond aussi
je ne sais pas pourquoi, mais je l'envisageais dans les options

Et je ne sais pas pourquoi
deux personnes qui auraient tout pour se plaire
abandonnent d'emblée comme ça la partie

je fume une clope regard perdu le long des rails
c'est d'une beauté post-moderne
aux couleurs de ma mélancolie
je bois un café hors de prix en brasserie
personne répond au téléphone
un 29 octobre 2010 à Paris

dans le métro je me redis
sans y croire parce qu'il est trop tôt
bercée par la tristesse

alors ma vieille
est-ce le signe à saisir pour se ranger des voitures
pour passer aux choses sérieuses
pour honorer le scénario de film de genre
troquer l'assistant réal contre un prod
qui m'offre le luxe sur un plateau ?

Ce serait par dépit, je n'y croirais pas
mais c'est un vrai homme de qualité
séduisant et qui me connaît

hier en planant j'arrivais à m'observer : on souffre toujours de réalité
alors qu'on est heureux dans les vapes
je me sentais bien comme si tout était en harmonie
mais je n'ai pas voulu rester dupe de moi-même
c'est pour ça, j'ai négocié ma chute

et maintenant faut que je m'en remette

est-ce trop tôt pour les vraies questions ?
vais-je abuser de la situation, me consoler comme une connasse dans les bras
d'un type qui ne me fait pas vibrer
et dont par surcroît il y a des années
j'ai baisé le meilleur ami ?

Oui mais est-ce que je vais encore passer toute ma vie à me mettre en péril ?
Pour finir amère quand il sera trop tard

putain merde
peut-être qu'il est trop tôt
pour se poser les vraies questions
mais peut-être aussi
que c'est exactement maintenant
le vrai moment
avec mes tripes sur la table

à la fin d'une histoire
éclair
où j'apprécie toujours pleinement pour ce qu'il est
celui qui m'a congédiée
aucune animosité
et rien de plus à réclamer

tu me diras, j'ai provoqué la chute moi-même, pas froid aux yeux
aussi parce que je voyais
que je pourrais me retourner
finalement

avec tout ça
me sens quand même bien claquée
à vraiment pas savoir quoi faire
je pourrais rentrer à Mars
mais je ferai pas ça
là-bas c'est pas chez moi du tout
c'est un terrain de jeu et de voyage

j'ai encore quelques heures quelques jours
pour déterminer où est ma maison intime

or si ce soir j'allais rejoindre en banlieue
ceux de ma famille que j'aime bien
je sais ce que je viendrais y chercher
un encouragement

à me caser
dans l'histoire de luxe

alors attention
et puis au fond

il faut que je me rappelle
que j'ai encore du temps quand même

oui ben si c'est ça
je voudrais juste m'auto-annuler
là maintenant

on cherche toujours des expédients
pour atténuer la souffrance

et là, c'est rien
c'est du sentiment qu'on regrettera aux heures de la vieillesse
et de la maladie

Chute ?

Tu sais
moi aussi j'ai été trahie

mais j'ai envie de te faire confiance

(c'était simple de dépister tes flirts
ton envie de fuite
comme
nécessité de se rassurer
de se prouver une liberté
la journée à réfléchir à la stratégie de réaction
- à l'amour
comme à la guerre
comme au jeu d'échec -
je pourrais
ne rien dire
laisser couler
poser cartes sur table genre : la règle c'est ça
mais :
non

je me repasse la scène de la gare dans Les Poupées Russes)

c'est toujours un pari

mercredi 27 octobre 2010

Coup de théâtre.
Mon petit film parisien gentillet se complexifie
entrée en lice
du jeune homme de bonne famille

Le vieux pote
qui
arrive à la bourre
séduisant
on est content de se voir

m'emmène à une projection
sur le boulevard vers Gare de Lyon,
on se dit, alors, et toi ?
Comme un aveu de résignation
et de maturité
il dit qu'il rêve de s'installer
las des coups des soirs et des plans sans lendemain
et après
au pot des prods

à la faveur d'une blague
genre t'as vu on se retrouve tous les tremblements de terre
on est familier
on débriefe
on fera pareil à 60 ans

Oui, il me dit
dans notre apparte du 5e
je relève la blague
tu veux dire qu'on sera mariés ?

Et là : déclaration
12 ans qu'il me kiffe
et tout ce qu'il me dit de moi
me montre qu'il m'a bien cernée
la question des origines
des fuites et du gros potentiel de casse-couillerie
demain à 14h visite d'apparte il balance comme une perche
tes parents ils m'adorent déjà
tout ça au verre de rouge
et sur la route de mon renc vers Bastille
portant mon sac il m'annonce le programme, les enfants
et : tu seras très amoureuse de ton mari
et : pas profiter du besoin d'affection ni de la solitude
de ton année pourrie
c'est maintenant que tu peux choisir
et : prends ton temps

ça me touche
je chahute ses arguments
j'en redemande
quelle classe, sa sérénade

il me laisse
rejoindre les bras de l'inconnu
soudain mis en balance
l'inconnu évidemment mécontent
de m'appeler en vain depuis 10 minutes
oh, pardon, je dis
désinvolte
consciente de jouer mon rôle
de princesse

souriante
expectative
je l'observe
ses bâillements
sa réserve
ses changements de programme
les accessoires de sa méfiance

on va chez lui on fait l'amour
on fait l'amour vibrant
avec du rire et des jouissances et des caresses
des cris et du jeu

la nuit il est malade
une intox alimentaire tu parles
ça remue, là-dedans

au matin de fil en aiguille de bavardage
on aborde (déjà) les vraies questions
il révèle son ambivalence
il dit qu'il est instable
le passé les trahisons tout ça

oh là là je te jure pourquoi toujours comme ça
le monde moderne, il dit, l'individualisme
je pense à l'autre
je n'en parle pas
mais ça me donne l'aplomb pour tout balancer
ça tombe bien cette discussion, j'allais te glisser une réplique sur les priorités
Lui : oui, tu sais, moi, je sais pas
si vraiment je veux
ou pas
ma vie...
pis si tu me demandais mon sentiment physique, là
ben ça va pas

ah voilà, maintenant tu vas l'associer à moi ce mal de ventre

ok je t'appelle il conclut
alors non, on va pas faire comme ça.
Je pourrais être à ta disposition
mais je ne veux pas
être tout en bas de ta liste des tâches
au passage, je suis sdf dimanche soir, tu m'accueilles ?
t'as un dîner ? D'accord, invite-moi
Une meuf, c'est comme un enfant, pas le choix
(quitte à faire la chieuse, je regarde jusqu'où t'encaisses)

bon allez à demain
prends bien soin de toi

je ne sais plus ce que je lui balance sur le mariage
puis, tandis qu'il se tord sur le canap
et avant même qu'il ne s'insurge,
"nan jdéconne"
et je me tire

heureusement qu'au bout de la 2
y a la brunette
aurait-elle pu sincèrement me conseiller la voie de la sécurité ?
Oui mais non
elle approuve sur toute la ligne
m'adoube dialoguiste
jugeant positivement les atouts du garçon inconnu
instable, indisponible ? Les excuses qu'il se donne
introspection, écoute, joie de vivre, très bien tout ça
et tu ne vas pas te caser
avec un mec, au demeurant très chouette
pour un programme confort

(Au moment du point final, le troisième protagoniste
apparaît :
texto : "dispo ce soir ?"
surfing on the wave : "why not"...)

Princesse attitude, ouais, enfin
le grand jeu des minauderies
mais fair play
je prends des risques, il me faut des soupapes

salut, c'est moi
je reviens dans la course

mardi 26 octobre 2010

Putain j'ai déjà des problèmes de couple
me balancé-je à moi-même comme une blague

la nuit retour du refoulé, comme par hasard rêve d'une dispute avec mon père
le jour j'échoue à garder le recul, au bout d'un moment, vaincue, je diffère
le moment d'avoir moins froid aux mains aux pieds
le moment d'être moins inquiète
car il ne rappelle pas
c'est donc qu'il s'en fout
c'est donc que je suis la dernière roue
le jour j'ai beau faire avancer mes affaires, plus rien n'a de goût

puis au moment où le soir enfin ça n'a plus d'importance
à réchauffer les pâtes avant un verre au bout de la 12
il appelle
bordélique rigolo désinvolte
je comprends rien à son orga
tain la semaine où je suis là t'as zéro dispo
je dis y a l'orga, ok, et puis y a l'envie
ce salaud répond que l'envie d'abord c'est de voir son gamin
je le sais que t'as un gamin, j'ai bien compris
ça va être compliqué cette histoire
oui mais au moins on aura essayé il répond
tout ça dans la plus courtoise sympathique discussion

réponse drôle disent les copines
blague de bon augure

mais quand même, des scuds, hein. C'est qu'un début, alors c'est too much, non ?
et puis non, c'est un début, c'est maintenant
que se joue la mise en place
déjà le moment
que j'aiguise ma réplique insidieuse
parce que mes vieux dossiers se rouvrent à l'exacte page où
je les avais laissés en plan
tu crois que t'es toute fraîche, à peine éclose
et en fait t'as huit ans de couple dans les pattes
(oh les contrariétés qui remontent...
le combat de la dispo...)

alors
voilà mec
c'est pratique une meuf à marseille
à qui accorder une demi-heure par semaine
mais je ne serai pas la cinquième roue
je sais pas moi, quand on a envie d'une histoire
on prend des risques
on pense peut-être à revoir ses priorités

je peaufine ça et je vais te la balancer candidement comme si de rien
en deuxième partie de soirée après avoir moi-même passé un moment avec un vieux copain
et sans scrupule en plus
les bonnes techniques d'éducation
faudrait au moins que cette année m'ait servi à prendre de la graine
à devenir la parfaite chieuse que le monde nous envie
ne céder sur rien et jouir de tout
il paraît que ça les fait kiffer
(oh la grosse machote)
(non mais là je me mets des objectifs mais c'est parce qu'en vrai je cède bien trop vite sinon)
(à part ça, le gingko ça a l'air de marcher)
(sans ces précautions, jamais je ne pourrai revivre dans la foule en dessous de 15 degrés)

dimanche 24 octobre 2010

Dans la vie,

il y a aussi

des périodes

comme ça :

exaltantes, trépidantes, à 200 à l'heure que du bonheur

réactiver toutes les fonctions assoupies

voyage, radio, sexe et grandes amitiés
tournée des bars
et l'écriture, mais oui,
aussi

ah ben voilà !

A un moment en trois jours j'ai relié les trois cités de mes dernières années
mes quatre dernières maisons
à I. à Marseille à Paris

- Chronique de la mélancolie dans la boîte
et bientôt sur les ondes, messieurs dames
mélancolie orientale, cela va de soi
oh la sentimentale ;
le beau gosse de l'émission prêt à renouveler l'expérience
quand je veux : voie royale -

puis

dans le froid saisissant de la capitale
que je jauge (saurai-je m'y réhabituer ? Et ce stress, ces nuages bas, ces tous petits appartes)
(J'ai envie de revenir)
(Eh oui...)
Je lui donne rendez-vous au bar des bonnes humeurs
hommage aux souvenirs
des beaux moments de Ménilmontant
puis,
doublé gagnant
je l'entraîne
au resto des belles occasions
alors, finalement, parigot d'adoption, je te fais découvrir ton quartier ?!
De grands rires en doux baisers, monsieur roule sur les trottoirs et m'attend aux sorties des stations, un seul casque il est bien embêté
mais du décalage, on fait un jeu
qui ressemble à du petit film parisien
jusqu'aux toits du XXe à travers la croisée
et les ébats qui devaient bien arriver
explosifs
dans l'ivresse s'y adonner sans trop savoir si c'est vraiment le genre prisé
bousculade festive

quelque chose en moi croit à cette connivence
toute cette simplicité

mais bien sûr il faut du temps
de la marge

depuis lors le silence
je laisse se déposer les éclats
de première nuit
où comme à chaque nouveau début la somnolence épuise
les sursauts du corps
les images incohérentes
le réveil du désir
les suées et les baisers
se pelotonner familièrement entre des bras inconnus
d'évidence

il n'est pas contre
il y a une retenue
une pudeur ?
une peur ?
je modère mes ardeurs

chez lui c'est rouge et blanc
il y a des livres de photo
les surprises y sont beaucoup moins dépaysantes
que dans la chambre exiguë du chevalier des steppes
dans la ruelle secrète du quartier noctambule à I.

Ici, ça pourrait être ma nouvelle nouvelle vie
de petite nénette cultureuse
- comme tout le monde, quoi -
écrit-elle depuis le nid de Belleville
dealé avec la comédienne
contre mon grand traversant plein de soleil et de bruit

Je repasse devant la terrasse où l'an dernier même époque à la faveur du déjeuner avec F.
je l'avais rencontrée
la comédienne
installée depuis lors à Marseille

pendant tout ce temps tu crois que tu galères
un an après tu repasses, état des lieux, et quand même c'est la classe
réjouie du chemin parcouru

en revenant ici,
saurais-je préserver l'espace intime
pour comprendre les enjeux
des relations des désirs des affections
des amours des amitiés
mieux que je n'ai su le faire
il y a quelques années ?


Marseille me semble s'éloigner à vitesse grand V
complètement incongrue
le lieu de la distance à soi
salutaire, voire féconde

faut pas que j'oublie
je vais y rentrer

et surtout, surtout, pas de précipitation
depuis les starting blocks
(oh les plans sur la comète)
(et les risques de faux pas)
(mais tu sais quoi ? je suis confiante... réflexion à l'appui)

donc :
si tournant il y a à négocier
il faut ménager le truc

(m'enfin à me relire
les choses ont l'air bien claires)

mercredi 20 octobre 2010

presque - pas tout à fait - rendez-vous

et j'avais beau en rêver

ça me déboussole

ça me déconcentre

retour du vivant

pour l'instant je tiens le coup

mais c'est drôle ce truc

de se sentir au bord

de perdre tous ses moyens

(et si... ?
et alors lui, euh, mais ?
et moi je ?
mais est-ce que lui, moi, nous,
...
(je me fais des films ou bien euh,
hmmm...))

au secours !
(oh oui !!!)

samedi 9 octobre 2010

Et il rappela

sans avoir écouté

je laisse sa voix témoigner d'une posture tranquille

alors ok, je rappelle à mon tour :

je rappelle, j'ai entendu, faut que tu saches
je t'ai laissé un message pas sympa

efface-le

dans le dialogue qui a suivi

il y a l'histoire du temps, des obstacles

du téléphone perdu retrouvé

l'intention de venir mais tout trop compliqué voyons à ton retour

moi :
mais tu sais, je viens
à Paris, fin du mois

pas grave pour l'impossible
voyage inopiné aux frontières du continent -
je t'appellerai à mon retour
on visitera la capitale de la France
oui, faudra monter sur la tour Eiffel, personne jamais ne le fait
Ah oui ? Ah non, on va pas faire ça
oh et puis après tout c'est ton domaine
je te laisse la main
découvrons les rues secrètes de Paris

et pour ne pas
en finir comme si de rien :
quand même un truc, si je t'ai laissé un message pas sympa
c'est qu'on ne se connaît pas, alors y a de quoi s'interroger :
peut-être un jeune homme qui me fait le coup de l'arlésienne

Non, pas de plan répond-il
je ne suis pas accroché à mon tel
mais

Je suis là


Colère
désillusion

ça ne fera jamais qu'une de plus

colère accaparante, ne rien pouvoir faire d'autre que ruminer

j'envoie au matin un message comme une sonde légère

je laisse mon phone à la maison

deux heures après retour, rien

alors mesure exceptionnelle, les trucs où on s'arrache

désolée mais ça commence à devenir chiant cette disparition des ondes
un petit signe serait appréciable

si le soufflé est retombé
que je suis à côté de la plaque
j'aime autant le savoir
cio à bientôt j'espère

avec cette voix grave froide et courtoise
qui me conserve la dignité

alors que je fais un truc vraiment pas fastoche
dénoncer la fuite d'un inconnu
qui ne me doit rien qu'une réponse

un oui, un non,
un terminé
un oui oui tout va bien

L'Ange m'a dit qu'avec mon invite cash
au moins je saurais vite à qui j'ai affaire
on n'a pas de temps à perdre

elle n'a pas tort

me voilà bien
marrie

une fois de plus

au lieu de me dire que j'ai été trop vite
puisqu'aussi bien j'ai résisté à mes tentations de fille bouillante avant d'avancer à découvert

je comprends mieux les difficultés d'orga dont il me parlait
si tu rappelles jamais, coco, ça en dit long, c'est sûr

y a des fuites que je laisse passer, celle-là non

sensible aux conseils d'une jeune femme hier
j'ai relancé
un peu plus tôt certes

et me suis plus vite énervée
qu'elle ne l'aurait fait

j'avais juste besoin d'une autorisation
putain les relations homme-femme

je leur fais peur alors comme ça

bon ben j'en ai pas fini

y a du boulot encore
et le premier qui me dit que je dois fermer ma gueule
être plus mystérieuse patiente distante
un peu folle
ainsi attirante
ou
dépendante-rassurante

je lui mets un coup de boule

vendredi 8 octobre 2010

C'est sûr quand t'es seule tu peux
en rentrant
longer la terrasse en bas de chez toi, tomber sur une connaissance, enchaîner deux bières
et un resto

tu peux dormir 11 heures pour endiguer le coup de nerf de la vieille folle
pas esquivé, cette fois
et qui bout toute la journée dans les artères sensibles

tu peux prendre le temps vendredi matin
d'écrire sur ton blog pour te faire une raison
pour te faire une patience
parce que l'homme
inconnu mais pressenti
espéré
est silencieux
sans doute pour des questions fort légitimes
d'obligations diverses
à J-5
or comme j'avance à découvert
je vais pas non plus aller aux nouvelles
question de fierté
et d'équilibre

quand t'es seule tu peux
te dire que t'as de la chance d'être libre
que ton ennui c'est rien
par rapport à la pression des boulots contraignants et de tous les engagements
le nez dans le guidon

mais tous les jours tout le chemin à refaire
trouver un sens à cette vie-là
aussi tranquille soit-elle
sa vacuité

j'ai besoin d'amour

je ne suis pas si seule je le sais
étonnée de la force et du nombre
de mes grandes amitiés

mais l'enthousiasme s'essouffle
dans la répétition des jours
je voudrais m'oublier cinq minutes

je m'exhorte encore à la patience

encore

putain

lundi 4 octobre 2010

En effet c'est révélateur ce qui se passe avec la S.
Ce soir, deuxième jour seule malgré l'intermède pro pendant une heure trente

dépressurisation de l'appareil
la chape de vide me tombe dessus
désormais habituelle, sinon familière

là je me dis
ah non
stop

en deux deux je me mets à douter de tout l'amour du monde avec ça
une non-réponse, un suspens

oui bien sûr que ce dont j'ai besoin c'est sourire câlins
ces trucs dont j'ai oublié l'habitude
dont parfois l'envie me traverse
qui m'ont laissée à marée basse
durablement

et quand j'y pense ça me paraît dingue
que je puisse vivre là, sans amour depuis si longtemps
un corps dans l'espace

faut résister
à l'étrange vertige

donc je me dis : bien sûr que oui tu comptes pour eux
les amis
les hommes séduits
sortir de sa coquille et offrir sa fragilité

or c'est sur ce vide-là que la S. a tissé sa toile
je le lui ai présenté, évidemment
au moment de ma ruine et depuis,
c'est toujours là
et notre bonne intelligence va au-delà
mais au fond ses reproches
de négligence
parfaitement infondés
ne tiennent qu'à ma disponibilité et à mon doute perpétuel
savamment entretenus malgré sa bienveillance

alors : non
je ne cèderai pas
à ses insinuations
à sa déprime
à mon propre vague-à-l'âme passager

j'ai trop envie d'y croire
à la vie

pas dupe, ok mais
j'ai aussi envie de penser

que même avec l'immature j'aurais pu gérer autrement
la crise

si j'avais moi-même cédé
été moins intransigeante

que le défaut d'amour n'est pas qu'une malchance
j'ai toujours été au milieu du guet
bien plantée là, solide, parfois déboussolée

entière

chez ceux que j'aimerais aimer,
oui : plus de sincérité que de perversité
et moins de dérobades que d'impuissance

et ceux que j'aime sont toujours là
c'est pour ça qu'on ne passe pas notre vie à s'appeler

donc : je suis seule parce que je le veux bien
parce que je veux finir ce truc pour le travail
parce que je veux parler à l'Ange au téléphone ce soir et me coucher

mais je pourrais aussi
appeler la joueuse ou la vieille compagne de route
mes complices à deux rues d'ici.

Peut-être faire ça, oui.

Je mange et j'y vais.
J'en dors pas de la nuit

putain ces insomnies, j'avais jamais vécu des trucs pareils
cogite non-stop jusqu'aux heures du matin
un truc pour se protéger du vent fou qui renverse le haut bambou de la terrasse

aujourd'hui il pleuvait, presque j'aimais bien
mais revoilà déjà la lumière

la nuit a imposé le choix
le matin composer son numéro
il met une heure à rappeler
comme d'hab surbooké

tu m'as bien dit que tu aurais du temps la semaine prochaine ?
Je peux te faire une proposition indécente ?

Or il n'a pas peur
il dit que c'est tentant
- tièdeur pourrait-on croire mais ce n'est pas par courtoisie
il dit faut regarder, je ne peux pas abandonner mon enfant

je me doute bien je dis
j'ai vachement hésité à te proposer
c'est à prendre ou à laisser
mais comme c'est une occase
au diable les scrupules
tu peux venir seulement quelques jours si tu veux

je le sens encore débordé
il dit qu'il ne peut pas regarder avant ce soir

c'est curieux, ce truc, il aurait pu dire aussi : je m'y attelle au plus vite

ces drôles de "oui" de parisien, ça commence à ressembler au "non" turc
genre tout est possible mais je n'ai pas le temps
les Turcs jurent leurs grands dieux que tu peux compter sur eux, ça veut dire le contraire
ceux qui modèrent sont plus fiables
les Parisiens je me demande
en général quand même ils font ce qu'ils disent
très très tard longtemps après
tout en bas de la liste des tâches

Mais il ne dit pas non
il n'a pas peur

il ne rugit pas d'enthousiasme non plus
mais moi de toute façon je suis très calme

j'envoie un message aguicheur et le lien des rézas
dis-moi quand tu sais

en plus j'avance total à découvert puisqu'il sait qu'après je suis à Paname
c'est confort pour lui

mais comme je suis indépendante
avec un apparte rien que pour moi

et que c'est mon chantier de l'année

alors

roulez jeunesse

lui ou un autre, on verra bien

on ne se refuse rien

(t'as vu j'avance...)

dimanche 3 octobre 2010

Sur Internet les gens ont la vie dont ils rêvent

Cette phrase de lui qui m'a tant plu
j'en aurais fait un thème de photos dédiées
pour rire

pourquoi pas, du reste

pour remiser cette idée folle qui m'a traversée ce matin :
"toi qui es prêt à voyager vers la Méditerranée, ça te dirait de me rejoindre... à I.?"
mais je n'ai rien envoyé

conciliabule de la raison :
non tu grillerais toutes tes cartouches
non, tu vas te manger un rateau méchant
non : si ça se passe, retrouvailles tronquées avec les amis, déséquilibre
(et puis à I. on y va quand on veut)
non : c'est mieux qu'il t'imagine là-bas toute seule
aiguillonner fantasmes
(s'il en a encore)

et les photos pleuvraient

du coup me voilà à créer un album
au départ le jeu c'est pour lui
moi, tu sais, je me défie de "mon mythe personnel"
comme l'appelle le collègue au sourire sexy cynique

et puis finalement

finalement...
me voilà heureuse comme un dimanche à I.
de ceux où je m'enfermais dans mon bureau à checker ma life

heureuse de ne rien faire de ce que j'avais prévu
de couper court à la vacuité du sud
dans l'été qui n'en finit pas
et dont je me lasse (oui c'est vrai)

heureuse de remettre à jour
la ligne de fuite du détroit
le seul lieu qui me convienne vraiment,
un bras de mer entre Europe et Asie
toute une histoire, là-dedans, et des générations d'aïeux
- ce genre de choses qu'on se raconte -

L'aventurière est lasse d'être coincée
mais n'est pas obligée de tout foutre par terre
le garçon, on le sait, ne serait qu'un prétexte
puisqu'on ne se connaît pas

un prétexte à la fuite
or : inutile de fuir
j'ai tous mes souvenirs pour moi
les preuves de ma vie rêvée réalisée
je n'ai pas eu peur de rentrer
tout peut toujours recommencer

mais putain comme c'est dur
de se ranger des voitures
j'oscille
je joue avec la tentation
de repartir
à Paris
de quitter le taf

de me brûler encore les ailes

de l'air, de l'air !
(je ne pense pas à l'étranger
j'ai trop besoin encore de mes amis
je ne partirai plus
- ou alors avec un homme un vrai
dans longtemps
ou pour un an seulement
je sais pas, moi
avec des enfants
je repartirai peut-être, mais autrement)

alors que peut-être des possibilités s'ouvrent ici
un ou deux hommes plutôt la classe
rencontrés cette semaine
dont un géographe voyageur

je me promets que je vais aller vers lui très vite
parce que quand même
faut pas déconner
il a beau porter une casquette...

mais je suis comme l'immature
ça doit pas tant me plaire
avant même de les draguer
le vertige de l'installation
durable
dans cette ville au soleil
avec un grand appart, des gamins, week end dans les calanques
en fait je crois que je ne veux pas ça

la dérobade perpétuelle
l'entourloupe
le croche-pattes à soi-même

Paris pourtant je la connais cette salope
son hiver morose
ses loyers hors de prix
son anxiété fiévreuse
son nombrilisme hermétique
son manque d'imagination

ici au moins tout est toujours à découvrir
toujours du monde débarqué d'ailleurs
je suis aux premières loges
et tout peut encore advenir
la vie rêvée c'est celle qu'on construit

oui je sais mais je
Retour de bal

pour une fois qu'à Mars il y a foule dans la rue

sans que ce soit des morts bourrés

sensibles au sound system saturé

genre tu peux parler et partout il y a des jeunes détendus

assis sur le rebord de la fenêtre

les bières se partagent et les conversations impromptues

surgissent

l'une des premières nanas de rencontre à mon arrivée ici
son bon sens
attentive

me dit : putain je suis contente qu'on se rerencontre
moi aussi je lui dis

questions de disponibilité, hein

fallait écrire
on m'encourage, ne lâche pas
t'inquiète, au point où ça en est...

chai pas, les gens tu leur dis que t'écris ils sont à fond
c'est bizarre quand même quand on ne les connaît ni d'Eve ni de nulle part

au retour je me mets face à :
est-ce que machin est un homme pour elle (moi)
est-ce qu'elle (moi) est une femme pour lui

non
poudre aux yeux

projection ma vieille
oui mais vas-y
(comme m'y enjoint la vieille copine d'I.
arrivée ici et qui largue le père
de son fils
comme c'est dur)
vas-y prends du bon temps
tu seras belle et mince
et désirable

non mais tu sais moi je fais ça je tombe amoureuse
eh bien tombe amoureuse
et alors ?

bon alors c'est ça
pas se frustrer

roue libre jusqu'en décembre

rendez-vous ici

pour le bilan des pots cassés

pas le choix on dirait

samedi 2 octobre 2010

Là je vais partir au bal du Plateau
mais avant faut que je parle
à quelqu'un qui ne soit personne d'autre

oui parce que j'ai pris mon téléphone
contre tous les codes de séduction qui disent d'attendre
- ce que j'expose en riant -
le problème c'est le grand au bout du fil
qui vide son sac pendant des plombes
t'es en colère je lui dis

la mère de son gosse, le taf à rallonge, la pluie

et toi
?

il finit par demander

au bout du compte moi j'y vais très cash très tranquillement
genre faut qu'on se voie parce que les textos, là, hein

il est vraiment tout à fait d'accord et conciliant
et même ça aurait pu être dans pas si longtemps

mais pas le week end prochain
et après c'est moi qui pars

devine où
à I.
en résidence la meuf
eh ouais, trop cool la life

une semaine

tout ceci nous ramène à dans trois semaines
putain fait chier
c'est un truc à faire retomber le soufflé

tu parles c'est déjà le vide intersidéral
moi j'ai l'impression qu'il n'est pas vraiment dispo
avec ses prises de tête, là
et pas question de jouer l'aide-soignante
la meuf compréhensive et pas chiante

tu me diras trois semaines j'ai le temps de réfléchir
lui aussi

le temps d'inventer comment aménager un moment pour nous dans le bordel
et c'est la seule issue
le seul crash test
possible

si vraiment...

or : ça se tente

Coïncidence

Y a du changement dans l'air

infimes bifurcations

je refuse la prise de tête avec la Sauveuse au retour

je vais rentrer toute seule je dis au milieu du chemin

elle continue sa route furax, je prends la première rue

me sens un peu dépitée un peu coupable

et rentre par les petites rues du quartier africain

j'aime bien finalement

y a pas si longtemps j'aurais voulu rentrer vite et pas par là, inquiète

j'arrive au-dessus du commissariat

vos papiers, me sortent pour rire deux mecs qui traînent là

une heure du mat'

ça alors ce sont précisément les deux qui m'ont abordée devant le tram quelques heures plus tôt
alors que je décollais la petite affichette de pub pour le medium aux flashs auditifs

ça n'arrive jamais
deux mecs qui font des blagues sur un geste insignifiant du genre
ici on t'aborde avec concupiscence et banalité
en général

ils n'en peuvent plus, c'est un signe, incroyable
j'avais quand même causé avec eux pendant deux-trois stations

on va boire un verre
je leur expose ma théorie très rationnelle
sur la loi des très grands nombres
- il est improbable qu'une coïncidence n'advienne pas -
oui mais l'un des deux

la semaine dernière
dans un bled de haute-provence
m'avait déjà repérée
dessinée, même
avec mon jean et mes talons compensés

sa meuf avait soupiré : regarde cette nana, elle sait ce qu'elle veut
elle assure

elle m'avait vu intervenir dans le public
de l'Hôtel de ville
en avait conclu d'évidence
que c'était moi la meuf du grand F sur la scène

c'est bizarre là quand même

avec son gars eau dans le gaz
elle est enceinte il dessine quel avenir pour son enfant
alors il est à Marseille le temps que ça passe

à la fin il me dit : faut prendre des risques dans la vie
avec elle il y va
et aussi : toi tu es vulnérable en amour, il y a des choses que tu attends et que personne ne comprend
ah oui à quoi tu vois ça ?
un truc de signe astrologique, oui bon, ok
L'autre continue de me faire l'article
rebondit à la tchatche
avec ses grosses baskets
comédien commercial

des rigolos pas inquiétants
sympas attentifs un peu intéressants
un tout petit moment d'échappée belle

je rentre et je marronne un peu
sur les reproches de la S. qui m'accuse insidieusement
de n'être pas fiable

une réplique de dispute de couple
un an qu'elle remplace mes amours perdues

or je prends la tangente
troisième shakra branché
et ma walda crachée
mardi soir

ce matin à l'aube
sur le mobile y avait
"toi faire la gueule ?!"
du grand échalas brun qui me séduit
sur des mots et un coca d'une heure et demie
j'ai rappelé
ravie

tout en expectative
encore

les choses vont très très vite pourtant
je lâche la Sauveuse
à un scrupule près
elle le sent
elle râle

il va juste falloir éclaircir le truc
une fois de plus
demain

poser des dates et des barrières

ça roule

j'arrive
enfin
à dire un non
qui est un
oui
à tout le reste