lundi 21 février 2011

En abîme

Samedi découvre un site sur la Toile
une revue une collection
la ligne idéale
j'envoie

après tout ça est une histoire d'ondes
le truc emporte en une nuit l'adhésion de l'autodéfinie personnage de fiction

qu'importe maintenant ce qui se passera
pour l'instant encore je ne réalise pas bien

que son enthousiasme sincère et tranquille
me consacre
quoi, écrivain ?
car les consciences verbales se reconnaissent

ce qui me rend à l'évidence :
écrire c'est l'aveu d'une béance

merde
à force de s'exposer on finit démasqué
normal, tu l'auras bien cherché

tant pis c'est le socle toujours mouvant, la cave gruyère étayée
de la vie organique, sociale, professionnelle
genre : la vraie

avec tout ça j'en oublie de parler d'un baiser, sans suite mais avéré
de la soirée be an angel
(trop tentant de trahir le thème)

les vacances le soleil déclinant et les vitres toujours grises (pas de miracle)
je marque le pas

samedi 19 février 2011

F est là
résidence
le premier soir il rencontre d'emblée
le charmant D qui tient les entrées à l'antre du punk rock
que je viens à peine de quitter
je ne les rejoins pas

ce soir on mange avec des filles à la cantine folklo bonne franquette
puis on entre au hangar
pour un concert de vingtenaires
funk soul style Bellevilloise
on dit pas grand chose et les corps ne trahissent pas
les ondes tacitement échangées

puis je rentre dans le froid revenu
l'essence de la connivence détournée
dans un éventuel boulot
toujours pas gagné puisqu'il omet de m'y inclure
or je le renvoie dans ses filets
exigeante
si tu crois que tu vas pouvoir prendre ça à la légère
(je sollicite le meilleur de toi-même, comme ma complice de MFB
m'y a moi-même poussée)

il habite une villa délabrée
qui donne sur la voie ferrée

le vent
déjà la nostalgie des retours sur les plaques de fonte de cette ville-là
où le lendemain de mes trente ans j'ai débarqué
et chopé à l'arrache
ce sublime apparte
où je vis

le même jour je décide
de lâcher toutes les emmerdes
d'une petite surface compliquée dans la ville tendue glacée

reprendre le pli du provisoire
ma vie est toujours à louer

je m'en convaincs

et c'est bien

lundi 14 février 2011

J'ai besoin de m'engager, dis-je au grand jeune homme souriant
ce copain bienveillant de longue date
dans la vaste pièce aux baies coulant sur la nuit du canal
où il y a mon ancien meilleur ami
qui m'oppose un mur de silence et de gêne

comme je suis toute seule, j'expose au jeune homme, qui s'étonne de mes grands revirements
voilà
je fais ça :
acquérir un espace

jusqu'à présent la course de haies
franchies une à une
un sport m'éloignant peu à peu de la vacuité
et l'indépendance
d'acier
chevillée au fin fond
donne les ressources de l'endurance
pour affronter l'adversité

pour me disposer à revivre à Paris
du côté des adultes à responsabilité

je découvre les mondes engloutis des beaux quartiers
de vieux jeunes gens dans des bureaux immenses et délabrés
qui représentent la loi
dans un fouillis de dossiers négligés
à côté d'un minitel débranché
la caricature incarnée

je croyais enfin toucher au but
ayant déjoué les tensions du fric, de la famille
mais non
on me brandit un vice de forme
le spectre des procès sans fin pour causes absurdes

et puis je ne sais plus quel embranchement prendre
je signe à l'arrachée

je tergiverse jusqu'à expiration du délai
pour l'ultime décision

pourtant il est joli ce lieu
à Laumière
entre Buttes et canal

le lendemain je vois aussi un nid perché deux rues plus haut
qui me rappelle mes 22 ans

alors : je ne sais plus
laquelle de moi je serais entre ces murs-là

ça n'a que l'importance
du portefeuille de mes parents
de mon endettement de 25 ans
et de mon discernement

lasse
indécise
ne sachant plus quelle intuition suivre

je m'ouvre enfin le luxe
de changer d'avis
pour m'éviter l'angoisse

et remettre à plus tard
(encore une semaine provisoire)