lundi 20 janvier 2014

Gravité
L'ouïe et l'air
vibratile

j'ai retrouvé ton ombre bienveillante
tutélaire

N'être pas seule mais dans tes pas
dans l'atmosphère dans l'onde 
venir au monde
aqueux 
agrégat
cellulaire

ombre noueuse noyée
disparue
déployée
intérieure
dressée

même si tu meurs 
ma mémoire
reste un habitacle pour toi
une trace dans la lumière
de l’été provençal
où plane encore ta voix
dissoute dans l’espace circulaire
confondue avec la mer
répandue
aux quatre vents
organiques
envolée d’une fenêtre atmosphérique
je t’emporte avec moi

les ténèbres et la lumière
séparés
et des eaux
et des cieux
des sommets
d’où dérive
entre les joncs
un couffin
libéré
de ses jougs
inondés
naître et renaître à la fois
venir à la pensée
sans distinguer
l’air de l’ombre
l’eau du corps
ni la poussée du cri
inaugural
ni l’inertie de la vie
minérale

poisson plongé solaire
au sein des sillons par salves
où peu à peu s’assoupit la lueur

mercredi 15 janvier 2014

Gravité

Gravité voix de l'âme j'ai le sang qui bouillonne

La présence sans lumière
inerte
dérobée
le corps en vie à terre

bourdonne
en silence
je te suis diffractée

main tendue vers mon ombre
mon prochain
tout ce qui nous entoure

la formation du corps
l'histoire du corps

non pas seul
en tension
goutte à goutte fragmentée
dans ton trouble reflet

une flaque un océan
ou des rues inondées

je traverse

suspendue
aux nuées
un autre territoire
ton sentier escarpé
l'atmosphère chargée d'eau
qui m'égare vers toi

où végéter encore
en cellules palpitantes
aspirées
ondoyantes
circulaires
je ne suis plus qu'un corps

à Hanoï ou ici
fondue dans le décor
un instant une naissance
on peut mourir ici
surplombé par une ombre

l'ennui noyé
l'espoir

une fuite ou un essor
une chute
si longue qu'on dirait
une tension, un effort

sans boussole
non sans désir
de vaciller encore
de s'y faire croire
de se bercer d'espoir
d'enfance
ou d'avenir
ou de présence intense
d'étrangeté
de substance

sans tête
hémisphère inversé
le temps coule à rebours
à l'opposé du globe

je pourrais être ailleurs
mais clouée, fascinée
je te regarde perdre tes traits
dissous dans l'eau stagnante

où vibre la peau moirée
qui sinue à peine
reptilienne
me renvoie à moi-même
à ma discontinuité
à mon incohérence
épuisée
de fantasmes
d'amours invisibles
échappés
étreints dans un écran
projetés au bout du monde
ou maintenus au sol
sans illusion
sans aucun poids
sans histoire

vais-je encore m'abandonner ?
et suis-je encore vivante ?