mardi 4 septembre 2018

Revenir ici dans la grisaille, comme dans un lieu désaffecté, un ancien chez soi, un havre délaissé.
Mais ça reste encore imprégné des rumeurs passées, qui reviennent en ce moment m'habiter, à la lecture des récits qui ravivent les rues tortueuses d'I. arpentées au temps de l'allégresse, malgré les signes évidents de danger - comme avec un amant à qui on laisse passer ses excès par passion, parce que la vie est différente et plus souple et plus gaie, avant effondrement. Qui ravivent les intrigues des nineties dans l'est, désormais lointaine adolescence que j'ai distancée en courant et vers laquelle je me retourne, vingt ans après, et c'était hier, les retours du lycée en 12 minutes à pied, les longues robes dans l'escalier, les studieuses dissertations et les intrigues amoureuses racontées par les autres ; le confinement, mais aussi les échappées le soir dans des soirées d'inconnus où juste tromper l'attente et l'ennui ; les romans sans cesse où puiser l'idéal, les clopes en cachette à la fenêtre qui donnait sur la fac de lettres, les promesses à soi-même de se tirer de là.
Non pas une nostalgie, non, mais enfin la mémoire qui revient, lasse que j'étais d'être coupée de moi-même, à refuser la mélancolie fondamentale sans laquelle n'existe nulle joie, de celles vouées à disparaître, légères mais pas futiles : insaisissables.