Je n'allais jamais sur la boîte sauf ce soir
ça compense un déficit de réel, c'est bien tout ça
à croire que je me complais dans l'intermède solitaire
dans l'interstice frileux (me traîne une grippe molle, mais persistante, depuis des semaines, effet Frigor-sur-Seine)
ce matin râleuse des aiguillages embrouillés qui retardent les michelines
je me lève et pivote
quand une improbable voix
(gare du nord, jamais ça arrive)
m'interpelle
et c'est lui
comme dans une pub pour le café qu'il tient d'une main
quelle classe
ce jeune homme qui déjà il y a un mois avait commencé par une voix
et qui à l'observation rapide s'est révélé charmant
et qui à la conversation s'est révélé séduisant et même au-delà
- et qui à la curiosité s'est révélé casé
avec une tueuse intellectuelle
alors bon tant pis
sauf que le hasard et le boulot nous offrent des occases
de discuter et de prolonger les regards
j'ai beau me raisonner il se passe un truc
et merde
je prends le temps de m'expliquer que surtout il n'y a rien à faire
qu'on peut être touché mais que la vie choisie déséquilibre la partie
en ma défaveur à coup sûr
et que c'est pas mon genre de jouer la boule dans le jeu de quilles
alors
encore
un effort
pour passer mon chemin
même si bien sûr c'est pas désagréable
je crains un peu de chavirer
je crains d'y perdre ma chèrement conquise disponibilité
et puis soudain la vanne rouverte sur la béance d'un fonds de tristesse
(merde pourquoi pas moi enfin, là)
oh ses tempes grisonnant à peine
et l'élégance de sa diction au léger cheveu sensuel
l'évidence de son intelligence,
libre-penseur aspirant aux constructions
j'en oublie même
qu'il a le doux prénom de l'ex
- l'immature tant aimé
Or si j'avais voulu d'une voie sans issue
j'aurais aussi pu
prolonger ad vitam cette histoire du passé
ou celle d'avant
ou celles d'après
bref c'est un leurre encore
et j'en ai assez assez
que tout ce qui me reste d'intimité
ressemble à un jeu d'évitement
mardi 18 octobre 2011
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2 commentaires:
mais c'est parfait, ça fait une super période de test, transuille, cool, raoul, laisse faire, laisse venir, si ça devait devenir irrésistible, ben, ce serait la vie, le destin, et puis si tu dis que c'est une tueuse...
(j'aime pas les tueuses)
j'en sais rien, moi, je la connais pas, moi, juste quelques indices d'une intelligence brillante...
alors peut-être que c'est parfait, oui, mais quel péril, j'ai peur, aïe mon coeur tendre, et puis si c'était un pur fantasme, le déséquilibre, tout ça... Mais soudain, de regarder le désir en face, je me coule un regard transversal, j'accepte de me laisser bousculer, et que tout se remette en mouvement...
(tu as raison, donc)
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