mardi 22 décembre 2009

Et voilà, en trois jours je viens de me prendre un bon gros smatch dans la tête.
Ascension vigilante vers l'équilibre du jour, trouver (à mon goût) l'exact point de suspension où circule l'énergie, l'enthousiasme, sans être dupe des lendemains, écrire et faire l'amour, parler, faire la fête, boire du bon vin. Mais il a mis le hola. Passer en mode amitié, éviter le jeu de dupes pour préserver les connivences qui s'imposent d'évidence. Sur le fond, je suis absolument d'accord. Une histoire d'a. serait l'impasse, l'amitié privilégiée. Il a senti et il sait à quoi j'aspire, je n'en fais pas mystère, même si c'est en toute conscience, en toute loyauté et avec plaisir que j'investissais le rôle d'amante, provisoire. Ce qu'il entend. Ne désire pas faire durer cet état. Sous peine de souscrire aux enjeux muets de pouvoir, où tenir à distance, où reprendre le contrôle. C'est très classe, finalement, refuser de profiter de la situation. Trop monacal à mon goût, mais soit. Dormir ensemble, écrire ensemble, parler. Pas fini de parler, je crois. De ce qui se passera après, parce que j'aurai envie de le voir. C'est sûr. Enfin j'aurai envie de maintenir le lien.

A l'intérieur, pourtant, déception hier, tristesse aujourd'hui. Soufflé retombé. Digérer. Retour de l'amertume dans les veines, de nouveau le poids de l'effort pour chaque projet qui m'enchantait hier encore. Merde.
Peut-être étais-je déjà amoureuse, sous couvert de détachement et de sincérité, dans un arrangement douteux avec moi-même. Je recommençais à avoir confiance dans le hasard. (Notre grand thème commun.) (Troublant qu'un intérêt de cet ordre nous séduise l'un comme l'autre. D'autant plus si on considère les coïncidences qui ont présidé à notre rencontre )

Et puis par-dessus ça il y a eu le repas trop arrosé, et le sujet intime des mots, en principe ça aurait dû être évité, à cause du doute, des divergences fondamentales de conception (voilà pourquoi une histoire d'a. nous aurait déchirés, il ne faut pas tout mélanger) et de l'injonction de s'y mettre radicalement, avec laquelle je jongle depuis toujours, et à laquelle je me dérobe parce que le joug me coupe dans mon élan. Je suis toujours obligée de feinter avec moi-même sinon j'ai trop peur d'étouffer, ou de plomber la page. Ecrire comme en passant, fausse négligence. C'est mieux d'ailleurs, je suis sûre qu'il faut perpétuer cet entre-deux-là. Cette soirée m'a remuée, vraiment, voilà pourquoi on aurait dû éviter, mais en même temps j'accepte la mise à l'épreuve. Faire preuve de ressources pour tenir le coup. Pour voir si je persiste. Mais depuis toutes ces années, c'est le même jeu d'épreuves, j'ai quand même l'impression que ça ne sert à rien de perturber encore la fragile disposition. Peut-être que je ne devrais pas être aussi touchée non plus, à ce sujet. Peut-être aussi que toucher aux questions d'amour et d'écriture le même soir, ça fait trop mal. Salaud, tu es celui qui vise juste. Pourquoi en sors-tu indemne et moi pas ? Tu évoquais une maturité de ma part, hier soir je t'ai dit mais regarde c'est toi qui es mûr sur ce coup-là, mais c'est le domaine auquel j'ai consacré du temps, il répond, j'y ai plus avancé c'est normal. Oui, mais quand même à ton âge, avoir publié, voyagé, élevé un enfant. Déjà. J'ai pas d'enfant moi. (Découragement, mais c'est passager probablement, chaque métal bout à température n'est-ce pas.)

Qu'est-ce que ça veut dire tout ça. Basculement. Ce n'est pas pour rigoler, j'ai bien ça à faire, écrire. Pour de bon. Il me faut des garde-fous, je les ai. Je me sens dans le même état qu'il y a toutes ces années, c'est dangereux les mots, les phrases, ça rend fou d'y regarder de trop près, de dédaigner le compromis stylistique. Ca rend fou de solitude aussi. J'ai fui ça pendant des années, et cet homme qui me refuse son amour me remet en face du gouffre. Tu as ça à faire : sauter.

Au secours.

3 commentaires:

julip a dit…

ces basculements m'ont toujours paru mystérieux... il met "le hola", il a "senti"... quoi? le possible d'une attente... et s'il l'avait projeté...? en tout cas, à ce moment l'un est devenu l'amoureuse, l'autre celui qui met le hola... pourtant, il y avait l'équilibre, l'exact point de suspension où circule... c'est mystérieux...
tu fais bien d'écrire, tu écris ça bien...

julip a dit…

ha, je parlais du basculement du début de la note pas de celui de la fin...
...
y a tellement de choses dans cette note...
...
j'ai encore fait du ménage et été très responsable...
...
sauter le pas... bon, je veux pas alourdir, mais je suis avec toi...

derobee a dit…

je suis tout à fait d'accord avec toi. J'ai bien dit que ça me convenait, en adulte, la relation d'amants. C'est lui que ça gênait. A cause du dominant/dominé, et que moi je cherche l'amour, c'est vrai. Et lui s'en protège, incapable, dit-il, de vivre une histoire aujourd'hui.
Je ne suis pas forcément prête à fissurer sa carapace.
enfin voilà, merci d'être là, je défriche, je déchiffre la nouvelle donne de ma vie.