dimanche 9 mai 2010

Oui bon toujours rien sous la dent mais après tout

je commence à sentir que je n'ai pas oublié

au moins vibrer

il aura bien fallu une soirée un midi une autre soirée une nuit

entretemps en pleine glaciation printanière

se confronter à celui dont j'ai passé l'année à me déprendre et
qui
comme par hasard
juste ce soir-là
était là
à un moment j'ai deux ex dans le dos
comme finement la Sauveuse le souligne
(la Sauveuse : celle qui m'a ramassée, la belle exigeante névrosée)

et toujours se comprendre avec O. mais je me détache ;
détachée
quand même

et tout le temps me rappeler
je rentre quand ça me pète

mon vélo mes clés ma maison

bref à la fin de la deuxième nuit - hier
le beau F encore lucide après toutes ces bières
je dis beau mais c'est pas beau
c'est sexy
c'est bad boy tendre
avec ce mystérieux cocard qu'on tourne en dérision

toujours rustre et perso
mais sensible
tout ouïe
créateur, quoi

à la fin au milieu de la fête qu'on a fini par squatter après cette longue inertie de cultureux
et où au moins ça rigolait
en plein de langues
il me dépose un tendre baiser sur le front
m'ébouriffe
me prend mais pas tout à fait
dans ses bras
et me dit
que je suis une fille exceptionnelle
- tu me dis ça parce que tu m'as vu danser - dis-je, pas dupe

mais non : sincère
ému quoi
alors mes bras autour de son cou et je me serre fort contre lui,
brièvement
merde hein.

un flottement, celui d'avant le moment du baiser
je ne vois plus que sa bouche et ses paupières d'ivresse baissées
et de promesse de volupté
alors juste avant je dis
"voilà maintenant j'ai envie de t'embrasser
c'est con une fille"
il ose encore sa caresse gauche de papa contrit
alors
émue
je lui vole un baiser
sans insister
et puis on se reprend

derrière nous il y avait celle qui l'accueille
celle qui toujours sombre et timide mais intelligente certes
celle qui peut-être séduite

(merde un plan lol v stein)

bon
il est heureux de me revoir il me déclare
je finis par avouer que
moi aussi
il me dit mais je ne suis pas un homme pour toi
je sais, je dis, je sais bien
mais tu n'en demeures pas moins séduisant

son sourire
"j'y compte bien !"
et il retourne d'autorité un beau latin à chapeau pour me faire l'article
tout en déhanchés de dancefloor je dis mais eh oh ça ne se fait pas !
Or le beau latino ne s'en laisse pas conter et
quand il vient me voir plus tard, rieur, il me raconte qu'il préfère les garçons
et qu'il a retourné la situation
ah ah très bien

quel con ce bad boy
qui me fait vibrer

il tchatche à tout ce qui traîne

et comme c'est un électron libre
lol v stein le cherche
ouh là si c'est pour jouer les miss de sa suite, c'est non
mes talons mes clés ma maison

il a plu et j'ai marché et dansé toute la nuit perchée sur 10 centimètres
tu m'étonnes que je suis exceptionnelle

je me casse clope au bec royale dans l'escalier miteux

le bad boy tendrement deux bises aux commissures
me dit à bientôt
à bientôt je réponds de ce sourire joyeux
et de mes yeux
que quelques heures plus tôt il m'avait sommé d'arrêter de faire
"arrête de faire tes yeux"
"quels yeux ?"

je me casse et je te jure
j'étais fière
contente contente
et même : réveillée tôt sans casquette

lire dans le jour maussade et sortir chez la collègue ce soir et causer et danser
et tchatcher
réjouie

laisser décanter
me demander
alors je fais quoi ?

un dernier restau pour emporter le marché ?
Jouer les satisfaites de cette amitié ambiguë qui se confirme ?
de nos intellectuelles affinités, des projets profilés (en même temps c'est pas les miens, même si ça m'intéresse)
S'en foutre parce que c'est pas un homme pour moi ?
S'éviter le trouble qui risque de succéder au sexe ?
Foncer, selon les conseils inconséquents de ce soir ?

Foncer, parce que je me sens quand même forte
Bien plus qu'il y a tous ces mois
et qu'à un moment, faut reprendre cette excellente activité
et euh bon

on verra demain.
Tu crois que c'est un truc d'orgueil ?
D'aucunes le placeraient à ne surtout pas passer à l'horizontale
maintenant que l'équilibre est rétabli
maintenant aussi qu'il a ri
quand je lui ai bien dit que son parfum il a qu'à venir le chercher
bon ok c'est ça la tension qui reste entre nous deux
toi t'as bien oublié le livre

on aime bien faire durer le truc
le jeu
de

séduction

c'est comme un tango

3 commentaires:

secondflore a dit…

O(h)! I est loin je vois, j'avais oublié le nom mais j'ai retrouvé le style dès les premières phrases.
Et pas seulement à cause des passages
à la ligne.

"... et puis on reprend". Salutations.

dérobée a dit…

Merci ! Un plaisir de vous retrouver, très cher. Je me retrouve moi-même dans des dispositions assez proches en ce moment de celles que j'ai pu connaître à I. Il m'aura fallu du temps. Finesse de la remarque, donc, qui saisit entre les lignes l'état d'esprit...

secondflore a dit…

Le sentiment d'être "chez soi" (confort et questions qui reviennent) tout en goûtant la liberté légère d'un hôte de passage ?

(random guess - si cette remarque tombe à côté de la plaque, prière de ne pas la ramasser.)

(je n'ose commenter la dernière note, c'est toujours un peu gênant, la proximité avec une plume étrangère, comme si un commentaire ne pouvait que recréer la distance qui s'est estompée le temps d'une lecture. Alors je vous réponds ici, à l'abri de cette note. J'y reviendrai. Plus vite cette fois. Bon dimanche!)