J'ai besoin de m'engager, dis-je au grand jeune homme souriant
ce copain bienveillant de longue date
dans la vaste pièce aux baies coulant sur la nuit du canal
où il y a mon ancien meilleur ami
qui m'oppose un mur de silence et de gêne
comme je suis toute seule, j'expose au jeune homme, qui s'étonne de mes grands revirements
voilà
je fais ça :
acquérir un espace
jusqu'à présent la course de haies
franchies une à une
un sport m'éloignant peu à peu de la vacuité
et l'indépendance
d'acier
chevillée au fin fond
donne les ressources de l'endurance
pour affronter l'adversité
pour me disposer à revivre à Paris
du côté des adultes à responsabilité
je découvre les mondes engloutis des beaux quartiers
de vieux jeunes gens dans des bureaux immenses et délabrés
qui représentent la loi
dans un fouillis de dossiers négligés
à côté d'un minitel débranché
la caricature incarnée
je croyais enfin toucher au but
ayant déjoué les tensions du fric, de la famille
mais non
on me brandit un vice de forme
le spectre des procès sans fin pour causes absurdes
et puis je ne sais plus quel embranchement prendre
je signe à l'arrachée
je tergiverse jusqu'à expiration du délai
pour l'ultime décision
pourtant il est joli ce lieu
à Laumière
entre Buttes et canal
le lendemain je vois aussi un nid perché deux rues plus haut
qui me rappelle mes 22 ans
alors : je ne sais plus
laquelle de moi je serais entre ces murs-là
ça n'a que l'importance
du portefeuille de mes parents
de mon endettement de 25 ans
et de mon discernement
lasse
indécise
ne sachant plus quelle intuition suivre
je m'ouvre enfin le luxe
de changer d'avis
pour m'éviter l'angoisse
et remettre à plus tard
(encore une semaine provisoire)
lundi 14 février 2011
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2 commentaires:
C'est un peu ça qui est marrant a paris, tu retournes a des appartes de quand tu avais 18 ans...
voilà au moins un truc qui nous rajeunit...
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