lundi 14 février 2011

J'ai besoin de m'engager, dis-je au grand jeune homme souriant
ce copain bienveillant de longue date
dans la vaste pièce aux baies coulant sur la nuit du canal
où il y a mon ancien meilleur ami
qui m'oppose un mur de silence et de gêne

comme je suis toute seule, j'expose au jeune homme, qui s'étonne de mes grands revirements
voilà
je fais ça :
acquérir un espace

jusqu'à présent la course de haies
franchies une à une
un sport m'éloignant peu à peu de la vacuité
et l'indépendance
d'acier
chevillée au fin fond
donne les ressources de l'endurance
pour affronter l'adversité

pour me disposer à revivre à Paris
du côté des adultes à responsabilité

je découvre les mondes engloutis des beaux quartiers
de vieux jeunes gens dans des bureaux immenses et délabrés
qui représentent la loi
dans un fouillis de dossiers négligés
à côté d'un minitel débranché
la caricature incarnée

je croyais enfin toucher au but
ayant déjoué les tensions du fric, de la famille
mais non
on me brandit un vice de forme
le spectre des procès sans fin pour causes absurdes

et puis je ne sais plus quel embranchement prendre
je signe à l'arrachée

je tergiverse jusqu'à expiration du délai
pour l'ultime décision

pourtant il est joli ce lieu
à Laumière
entre Buttes et canal

le lendemain je vois aussi un nid perché deux rues plus haut
qui me rappelle mes 22 ans

alors : je ne sais plus
laquelle de moi je serais entre ces murs-là

ça n'a que l'importance
du portefeuille de mes parents
de mon endettement de 25 ans
et de mon discernement

lasse
indécise
ne sachant plus quelle intuition suivre

je m'ouvre enfin le luxe
de changer d'avis
pour m'éviter l'angoisse

et remettre à plus tard
(encore une semaine provisoire)

2 commentaires:

D. a dit…

C'est un peu ça qui est marrant a paris, tu retournes a des appartes de quand tu avais 18 ans...

dérobée a dit…

voilà au moins un truc qui nous rajeunit...