lundi 29 mars 2010

Plus dure est la chute.

C'est ça d'être seule, au bout d'un moment on accorde du crédit au moindre effluve de drague, juste parce qu'il faut bien tenir quelques jours de plus
à se faire croire que ça sert à quelque chose
de garder l'allure
de garder le sourire
de garder la ligne

à bosser à fond
par intérêt
par ambition
pour s'extraire du présent
pour combler le vide

- jamais pu me satisfaire du jour pour ce qu'il est

je reste passionnée
j'aime la démesure
(d'amour d'esprit d'amitié)
(de corps, de cul)
(aucun dérivatif, zéro)
(- j'ai qu'à faire ça, me mettre à boire, tiens -)

bref, j'ai no news du fringant comédien
me l'a bien jouée, la comédie
étrange, tout de même, quand la pellicule ne parle pas d'autre chose,
que des numéros de séduction, des jeux de l'amour et du hasard ;
faut-il que la vie soit dissociée
ou dissolue
pour ne pas même juger bon d'éconduire
détromper
décliner

j'avoue que je ne comprends pas
suis restée suffisamment évasive pour accepter gaiement sans compromission ni insistance la perspective d'une conversation

la semaine prochaine, certes
et la réponse peut encore venir
(question d'espace-temps)
mais bon à l'heure des réponses instantanées
faut pas me la faire

si je n'étais amère je laisserais tomber
si j'avais mille options
si j'en étais à jouer

mais tel n'est pas le cas
j'ai voulu lâcher tous mes espoirs d'antan pour ne pas subir d'interminables ambiguïtés
mais comme je ne vois pas l'horizon du désert
faut que je parle :
alors si rien ne vient je proposerai
comme si de rien
un déj au passage et on verra bien
une non-réponse manquera nécessairement d'élégance dans ce cas
et alors je pourrai râler

est-ce une manigance sans classe ?
Je ne crois pas, je suis pour la loyauté
et cette époque à bien des égards en manque
j'écoutais ce matin une tête bien faite dans la fabrique de l'histoire
démontrer combien on n'avait pas su donner leurs nouvelles responsabilités aux hommes dans le nouveau monde avec contraception
je ne sais pas, il y a peut-être aussi des nanas
qui ne jugent pas utile de répondre
à des soupirants consciencieusement allumés
oui c'est sûr
il y en a

bon, je joue encore les Madame de Staël
qui ne savent pas lâcher
de toute part on m'inciterait à le faire
et c'est pas mon mode
depuis des mois j'accepte
j'y gagne peut-être des amis
sur le long terme
et surtout j'y gagne d'être moins gênante

mais je me contrains je suis contrite
dubitative quant à ce nouveau mode
du laisser-faire
qui ne porte absolument pas ses fruits
mais alors pas du tout du tout du tout

faut-il que je sois résolue à changer
faut-il que je me fie à comment fonctionnent les autres

Merci ô liseuse complice de m'inciter à ne pas écouter les conseils
au fond tu as sans doute raison
mais à n'en faire qu'à ma guise j'ai souffert - comme tout le monde, oui
ou plutôt, à faire fi de ma propre raison tête froide

or toujours ces derniers temps ma tête froide en amie me disait : mauvais plan, le jeu n'en vaut pas la chandelle
décompresse

et là c'est pareil
d'emblée je trouvais ça mal barr
je me suis accordé de prendre ce qui venait

tu me dis, ma chère liseuse, c'est joliment tourné :
ne suspends rien de toi à son regard
c'est bien tout l'enjeu de mon combat
ne rien suspendre de moi au regard de quiconque
ces temps-ci

je me sens seule

même si je veux bien croire
que je compte pour certains amis
qu'à un moment la mue sera finie
mon impatience me presse
je paye cher, je trouve, les ajustements à faire
en étant si solitaire
moi qui suis faite pour partager

bien sûr tout le monde serait surpris de me voir dresser ce bilan
puisque je sors, je parle, je ris
puisque j'ai moi-même choisi de changer sans cesse de ville et donc de m'arracher aux cocons réconfortants des vieux cercles aux rituels précis
puisqu'après tout je pourrais bien vivre des histoires moins exigeantes

alors je me rappelle mon credo
c'est dur d'accord
mais à terme je discerne parmi mes amis ceux qui seraient des modèles
combien leur cheminement est semé des mêmes épreuves ou presque

garder la barre
putain
se forcer à y croire
faut un moral d'acier

heureusement que je me suis aménagé une vie pas trop chiante
sinon je te jure y a de quoi craquer

5 commentaires:

merel a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
D. a dit…

Sans doute que ne rien attendre est la meilleure des solutions pour que les choses puissent arrivés...Même si ça n'offre aucune garantie...

julip a dit…

douceur de mes yeux sur tes mots...
et multiplier les regards aussi, ce qui est une façon de ne pas accorder trop d'importance à un seul, et jouir de ce que chacun apporte, comme écho, comme approbation, comme questionnement, à l'être (celle qu'on est...)

dérobée a dit…

On n'attend rien quand on n'a pas à se fuir n'est-ce pas... Je n'avais pas encore complètement atterri, faut croire - c'est désormais chose faite. Merci, vous deux, votre bienveillance me sourit.

derobee a dit…

multiplier les regards, oui, mais tant que le mien est déformé, tant qu'il est chargé, tant qu'il est fuyant... ça ne marche pas. Aujourd'hui au supermarché déjà, mille coups d'œil sans mot. Je me suis fait croire que c'était un coup du printemps. Mais peut-être que non:enfin avoir les yeux en face des trous.