samedi 4 septembre 2010

Enfin la vraie vie reprend
c'est dire combien je suis conditionnée

septembre, ceux qui refont surface

furtivement mercredi j'allais très bien
revoir attendrie rieuse
ceux avec qui je passe l'année
puis
bu des verres avec des inconnus
à la maison hantée
dont l'un vécut à I
Mexico, Saïgon et j'en passe

il y a cette connexion simple
d'avec les voyageurs
qui ne s'embarrassent pas
des codes de susceptibilité

mais quand il m'avoue adorer la drogue
toute drogue possible
rire intérieurement
déguerpir

bref

depuis
un truc me pèse
je fais comme si de rien
(code de susceptibilité)
mais je ne comprends pas
pourquoi F
qui est en ville
ne m'appelle pas

il est là pour travailler
ok

le souci
c'est qu'il vient travailler
avec un autre copain
sur le projet même qu'il m'a proposé

au fond il est gêné
je me doute bien

il ne sait plus si c'est une bonne idée d'avancer ensemble
moi j'avais pris ça très bien ce projet
manière de détourner
d'investir
l'énergie
dans une création simple et commune
à déjouer les résidus d'ambiguïté

c'est peut-être pas si simple
lui il n'est jamais clair
je suis déçue
presque en colère
au moins on pourrait poser cartes sur tables
je me suis déjà mobilisée
depuis deux mois

je n'appelle pas pour pas foutre la zone dans le groupe de copains comédiens
(voisins devenus copains
c'est lui qui me les avait présentés
- c'est toujours comme ça ces histoires)

je n'appelle pas je le laisse bidouiller
je n'appelle pas me préparer à réagir
je n'appelle pas je suis peut-être pas claire moi-même d'être si affectée
je n'appelle pas j'ai ma dignité
je n'appelle pas je l'ai déjà invité à passer
je n'appelle pas ça va peut-être rouler quand même au moment opportun
je n'appelle pas il se fout de moi ce con
je me dis : c'est pas le moment

alors
touchée encore
fragilisée
je me sens de nouveau seule
seule seule

la radio ça s'arrête mais je m'en doutais tellement
que je n'en souffre bizarrement pas

ou alors si
que l'antenne soit si affligeante
ça donne moins envie d'y être

sans doute avais-je reporté
sur les nouvelles perspectives ici-même
ambition et enthousiasme

je suis frustrée

je continue mollement à finir
mon gros oeuvre de l'été

l'écriture solitaire
- ça ne compense rien du tout
même si j'en suis fière
satisfaite

travailler seule c'est sans coup bas
ça avance en toute clarté

mais c'est moins rigolo

J'en ai marre
d'être si affectée

ou alors
de ce manque de savoir-vivre

ou alors
d'être seule

je voudrais un amoureux ami
simple et rieur, direct

je n'arrive pas
à me protéger

pourtant
suis sans façon comme fille
j'ai beau cogiter

putain ça s'arrêtera quand la turbine intérieure
c'est un truc du pays
trop fermé
frustration analyse

la belle Mexicaine dit que là-bas c'est pas prise de tête
émotion sentiments on fait leur place aux gens
pour ce qu'ils sont

pourquoi ici faut-il raboter
ce qui déborde
éviter de dire

masquer
cacher
contourner

je ne suis toujours pas faite pour ce monde-là
dont j'admire la finesse d'esprit pourtant
qui camoufle mal
une certaine inaptitude à vivre

Hier m'a appelé
celui qui m'a fait soupirer
il y a quatre-cinq ans
à la veille d'un départ longue distance
avec femme et enfants
ça m'a fait très plaisir
mais c'est où Nouméa ?

au même moment
message du rugbyman enjôleur
c'est toujours ça

enfin je suis devenue exigeante
et si je joue deux fois par ans à caresser la perspective d'une nuit sportive
avec le rigolo
ça ne dépassera jamais le matin

- bon j'arrête de faire la difficile d'accord

ou pas

5 commentaires:

julip a dit…

argh... un long commentaire qui vient de s'effacer
et je disais donc que putain, oui, elle est affligeante cette tablée, cette suffisance, ce ton péremptoire, ce manque de ... manières, je n'en revenais pas l'autre jour..
...
et puis que c'était raide, cette façon de faire de F., dis...
alors, je disais patiente, belle enfant du Bosphore et refais toi des plumes bien lisses...
love

dérobée a dit…

Quelle douceur tes mots, ton attention. C'est vrai que c'est raide ces manières, on l'oublierait presque à force de vivre. De quelle tablée tu parlais ? Celle des ondes ?
Et pour répondre à ton com précédent : à force de te lire, ta tendance rêveuse aux broderies sentimentales, je la discerne, tu sais... L'équilibre cultivé avec attention constante. Je pense à toi.

mb a dit…

hahaha... ma tendance à la broderie sentimentale... zut, je suis découverte... oh, ça m'amuse ça... rebonds bientôt...
je t'embrasse

et oui, je parlais de la tablée des ondes, je m'était pas trop faite à la deuxième version de TA, mais quand-même c'était mieux...

derobee a dit…

Je t'embrasse aussi, et bien sûr je suis bien d'accord... Expectative - mais je n'ai pas dit mon dernier mot (dans un micro)

julip a dit…

ayé le rebonds, chez moi...
bises