dimanche 5 juin 2011

Et puis ce soir

incroyable

après ces orages, cette grêle,
qui ont suivi le bain de mer fraîche sous les nuages maussades comme l'humeur
(enfin un mois de juin en demi-teinte dans la ville surexposée)

l'après-m en tong sur les trottoirs pluvieux
à suivre la vieille comparse dans un repaire d'artistes du dimanche
où se dénonce toujours la même main mise de l'économie sur la culture
avec des photos bon teint socio-nunuche

j'observe et je dézingue
les brèves postures surjouées
dans le bus je pourris les ados insolentes aux emballages jetés
au portable en mode je-fais-chier
au retour je singe l'autre amante de l'amant de ma copine
qui se la joue super cool genre je fais de la peinture
quant aux dragueurs des rues qui accostent comme des rabatteurs :
"non, pas de temps à perdre, bonne soirée"

politique de la terre brûlée
j'explique

puisque les grands chantiers sont tous tombés d'un coup
à quoi bon se priver
avant de partir
je tire

alors ce soir
bah ça va mieux

d'avoir pleuré réfléchi parlé dézingué
je mesure combien oui
le jeune homme s'est interdit de vivre (jusqu'à moi)
lui que j'ai fait jouir comme jamais
(c'est ça l'amour, il s'est demandé)
lui à qui j'ai redonné confiance (il me l'a dit)
(il me l'a prise)
mais pas au point de prendre des risques

il a eu peur
de la vitalité même que je lui inspirais
après toutes ses années de rigidité
de déni de plaisir
pas prêt encore pour donner
de soi

non, besoin de se laisser porter
(pleutre, ouais)

mais quand même en deux mois presque il y aurait cru
- que son heure était venue

ah mon amour tu manques d'aplomb
de ressources
tu prétends que l'inertie ça coûte moins d'énergie

il se trompe dit la vieille complice
retenir tout : quel poids !
Laisser circuler, s'adapter, c'est ça la stabilité

elle confirme mes assertions : faut accepter de se laisser déséquilibrer
pour vivre
affronter les émotions, ça t'évite qu'elles te rattrapent à ton insu

tant pis pour toi je ne t'aime plus
et justement, c'est fou
en deux jours j'y arrive

tempête bien négociée

or, comme je te revois nécessairement
laisse-moi te dire que je vais t'en mettre plein la vue
en point de fuite

tu n'auras plus que tes yeux pour pleurer
et ta moto pour t'esquiver
(chevalier de province, va !)

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