En effet c'est révélateur ce qui se passe avec la S.
Ce soir, deuxième jour seule malgré l'intermède pro pendant une heure trente
dépressurisation de l'appareil
la chape de vide me tombe dessus
désormais habituelle, sinon familière
là je me dis
ah non
stop
en deux deux je me mets à douter de tout l'amour du monde avec ça
une non-réponse, un suspens
oui bien sûr que ce dont j'ai besoin c'est sourire câlins
ces trucs dont j'ai oublié l'habitude
dont parfois l'envie me traverse
qui m'ont laissée à marée basse
durablement
et quand j'y pense ça me paraît dingue
que je puisse vivre là, sans amour depuis si longtemps
un corps dans l'espace
faut résister
à l'étrange vertige
donc je me dis : bien sûr que oui tu comptes pour eux
les amis
les hommes séduits
sortir de sa coquille et offrir sa fragilité
or c'est sur ce vide-là que la S. a tissé sa toile
je le lui ai présenté, évidemment
au moment de ma ruine et depuis,
c'est toujours là
et notre bonne intelligence va au-delà
mais au fond ses reproches
de négligence
parfaitement infondés
ne tiennent qu'à ma disponibilité et à mon doute perpétuel
savamment entretenus malgré sa bienveillance
alors : non
je ne cèderai pas
à ses insinuations
à sa déprime
à mon propre vague-à-l'âme passager
j'ai trop envie d'y croire
à la vie
pas dupe, ok mais
j'ai aussi envie de penser
que même avec l'immature j'aurais pu gérer autrement
la crise
si j'avais moi-même cédé
été moins intransigeante
que le défaut d'amour n'est pas qu'une malchance
j'ai toujours été au milieu du guet
bien plantée là, solide, parfois déboussolée
entière
chez ceux que j'aimerais aimer,
oui : plus de sincérité que de perversité
et moins de dérobades que d'impuissance
et ceux que j'aime sont toujours là
c'est pour ça qu'on ne passe pas notre vie à s'appeler
donc : je suis seule parce que je le veux bien
parce que je veux finir ce truc pour le travail
parce que je veux parler à l'Ange au téléphone ce soir et me coucher
mais je pourrais aussi
appeler la joueuse ou la vieille compagne de route
mes complices à deux rues d'ici.
Peut-être faire ça, oui.
Je mange et j'y vais.
lundi 4 octobre 2010
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