dimanche 3 octobre 2010

Sur Internet les gens ont la vie dont ils rêvent

Cette phrase de lui qui m'a tant plu
j'en aurais fait un thème de photos dédiées
pour rire

pourquoi pas, du reste

pour remiser cette idée folle qui m'a traversée ce matin :
"toi qui es prêt à voyager vers la Méditerranée, ça te dirait de me rejoindre... à I.?"
mais je n'ai rien envoyé

conciliabule de la raison :
non tu grillerais toutes tes cartouches
non, tu vas te manger un rateau méchant
non : si ça se passe, retrouvailles tronquées avec les amis, déséquilibre
(et puis à I. on y va quand on veut)
non : c'est mieux qu'il t'imagine là-bas toute seule
aiguillonner fantasmes
(s'il en a encore)

et les photos pleuvraient

du coup me voilà à créer un album
au départ le jeu c'est pour lui
moi, tu sais, je me défie de "mon mythe personnel"
comme l'appelle le collègue au sourire sexy cynique

et puis finalement

finalement...
me voilà heureuse comme un dimanche à I.
de ceux où je m'enfermais dans mon bureau à checker ma life

heureuse de ne rien faire de ce que j'avais prévu
de couper court à la vacuité du sud
dans l'été qui n'en finit pas
et dont je me lasse (oui c'est vrai)

heureuse de remettre à jour
la ligne de fuite du détroit
le seul lieu qui me convienne vraiment,
un bras de mer entre Europe et Asie
toute une histoire, là-dedans, et des générations d'aïeux
- ce genre de choses qu'on se raconte -

L'aventurière est lasse d'être coincée
mais n'est pas obligée de tout foutre par terre
le garçon, on le sait, ne serait qu'un prétexte
puisqu'on ne se connaît pas

un prétexte à la fuite
or : inutile de fuir
j'ai tous mes souvenirs pour moi
les preuves de ma vie rêvée réalisée
je n'ai pas eu peur de rentrer
tout peut toujours recommencer

mais putain comme c'est dur
de se ranger des voitures
j'oscille
je joue avec la tentation
de repartir
à Paris
de quitter le taf

de me brûler encore les ailes

de l'air, de l'air !
(je ne pense pas à l'étranger
j'ai trop besoin encore de mes amis
je ne partirai plus
- ou alors avec un homme un vrai
dans longtemps
ou pour un an seulement
je sais pas, moi
avec des enfants
je repartirai peut-être, mais autrement)

alors que peut-être des possibilités s'ouvrent ici
un ou deux hommes plutôt la classe
rencontrés cette semaine
dont un géographe voyageur

je me promets que je vais aller vers lui très vite
parce que quand même
faut pas déconner
il a beau porter une casquette...

mais je suis comme l'immature
ça doit pas tant me plaire
avant même de les draguer
le vertige de l'installation
durable
dans cette ville au soleil
avec un grand appart, des gamins, week end dans les calanques
en fait je crois que je ne veux pas ça

la dérobade perpétuelle
l'entourloupe
le croche-pattes à soi-même

Paris pourtant je la connais cette salope
son hiver morose
ses loyers hors de prix
son anxiété fiévreuse
son nombrilisme hermétique
son manque d'imagination

ici au moins tout est toujours à découvrir
toujours du monde débarqué d'ailleurs
je suis aux premières loges
et tout peut encore advenir
la vie rêvée c'est celle qu'on construit

oui je sais mais je

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